Rien ne sert de courir, il faut partir à point…

…même à Bienne ! Et quand les Seelandais se piquent de réinterpréter le lièvre, il faut qu’ils le fassent contre la toute relative tortue du HC del Curto et son service de livraison de goals express. Pas fut’ fut’ ça.

Revenu de Léventine avec les trois points de leur victoire sur des Tessinois qui continuent de creuser leur tombe avec entrain – mais quel but, mais quel but du jeune Haas pour le 1-3 final –, l’aficionado local n’avait pas parié grand-chose sur la venue des bouquetins rhétiques bien belliqueux. Et pourtant… Pourtant cette rencontre dominicale est le parfait résumé de la saison biennoise. A croire que La Fontaine a écrit sa fable en pensant aux Seelandais.

Car dimanche, ces derniers ont magistralement foiré leur entame de match, jugeant probablement qu’il n’était pas judicieux de bosser dur dès la première mise au jeu. Bien mal leur en a pris, puisque sur deux bizarreries successives (une déviation à mi-hauteur signée d’un Guggisberg pas malhabile pour le coup après être descendu de sa montagne sur son chariot chargé de paille, pas de quoi en faire tout un foin ; puis un machin qui a fini par se faufiler sournoisement sous la jambière de Berra), Davos avait déjà pris deux longueurs d’avance après 108 secondes.
A peine le temps de tremper sa moustache dans sa mousse ! Se disant qu’ils avaient assez glandé, les Biennois se mirent dès lors à jouer. Oh pas forcément très bien je vous le concède. Souvent avec beaucoup de naïveté même, adressant des tirs gentillets et choisissant les mauvaises options tactiques plus souvent qu’à leur tour. Mais toujours avec énergie et bonne volonté retrouvée. Et les bougres de finir par revenir au score, et de continuer de presser et d’empêcher le jeu grison de se développer.

A nouveau distancés suite à un nouveau coup du sort sur un tir lointain dévié par le patin de Brown amenant le puck à proprement lober le gardien en se logeant en pleine lucarne (celui qui a déjà été gardien sait à quel point il est difficile de «voir» un tel puck en l’air), ils ne cessèrent pas de tout tenter de leur modestes moyens et égalisèrent à nouveau dans le dernier tour d’horloge. Tout ça pour craquer en prolongations, en ayant eux aussi eu leur chance. Et un point de plus, alors qu’avec moins de ci et un peu plus de ça, il aurait pu y en avoir un ou deux de plus à chiper. Ils se consoleront en ayant piqué un futur défenseur à la Jobin aux Davosiens. A partir trop tard…
Quatre points de plus au lieu des trois escomptés, ça pourrait sembler une bonne affaire. En tout cas, ç’a le mérite de conserver les Biennois dans l’équation des séries même si leurs chances réelles sont anorexiques. Une fois les quatre dernières parties disputées, il est plus que probable que Biou se retrouve sous la barre, et personne ne criera au scandale.

Non, personne. Car l’objectif du début de saison n’était à nouveau que d’assurer le maintien tout en restant le plus longtemps possible en lice pour les play-off. Pour le maintien on verra le moment venu, les Biennois seront par contre restés au moins 47 rondes durant des candidats à se faire éviscérer, étriper et saignés debout en quart de finale.
A partir trop tard ou à piquer un long, très long roupillon automnal douze rondes durant, le HCB ne rattrapera donc pas la tortue, cette lointaine cousine parmi les reptiles du Dragon Groupe E (et non plus EEF comme je l’ai commis dans un précédent article, pardonnez à mes années d’apprentissage en ville de Fribourg de ne pas dater d’hier…). Ce n’est pas grave en soi, juste dommage. Et puis ça aura le mérite d’illuminer d’un sourire fat les faciès des habituels tristes sires qui pourront se gargariser de l’avoir prédit. Il est comme ça le Biennois : bienveillant même avec ses détracteurs.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Bienne – Davos 3-4 ap (1-2 1-0 1-1)

Stade de Glace, 5146 spectateurs.
Arbitres : Stricker ; Kehrli et Stäheli.
Buts : 1re Guggisberg (Ramholt) 0-1, 2e D.Wieser (M.Wieser, Marha) 0-2, 19e Tschannen (Schneeberger, Zigerli) 1-2, 36e Fata (Steinegger/5c4) 2-2, 52e Setzinger (Rizzi) 2-3, 60e Fata (Seydoux, Brown/6c5) 2-3, 63e Grossmann (Ramholt, Taticek) 3-4.
Pénalités : 2 x 2’ + 1 x 10’ (Truttmann) contre Bienne ; 7 x 2’ + 1 x 10’ (Joggi) contre Davos.
Bienne : Berra; Seydoux, Brown; Schneeberger, Steinegger; Trunz, Kparghai; Meyer; Lötscher, Fata, Wetzel; Ehrensperger, Peter, D.Bärtschi; Truttmann, Bordeleau, Tschannen; Haas, Gloor, Zigerli; Beccarelli.
Davos : Genoni; Untersander, Forster; Grossmann, Ramholt; Back, J.von Arx; Wellinger, Tallarini; Guggisberg, Taticek, D.Wieser; Widing, Marha, Setzinger; Sciaroni, Joggi, Bürgler; M.Wieser, Rizzi.
Notes : Bienne sans Nüssli (blessé), Fröhlicher, Gossweiler, Tschantré (blessés, saison terminée) ni Jackman (malade). Davos sans Salmonsson (malade), Cabris, Guerra, Stoop ni R.von Arx (tous blessés), mais avec Tallarini (prêté par Bâle).

Écrit par Jean-Philippe Ritz

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3 Commentaires

  1. Grandiose!

    on est p’t’être pas les dieux du hockey dans le Seeland, mais c’est plutôt pas mal comme saison! non ?

    Pourvu qu’on s’en sorte rapidement un P/off j’ai pas envie de me farcir la même fin que la saison dernière…

  2. Qui aurait parié au début de saison qu’on allait laisser Ambri, Langnau et Rappi derrière nous et accrocher les grands Fribourg et Lugano?
    Nobody
    Donc, de quoi être plus que satisfait.

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