Vahid à Lille ? Non à Nantes !

Quand on parle de la Ligue 1, c’est immédiatement le PSG et ses transferts ronflants qui nous viennent à l’esprit. Ainsi, certaines arrivées passent inaperçues, occultées par la couverture médiatique dont jouit Paris auprès des médias français. C’est ce qui s’est produit début octobre. Sentant le bon coup de par son flair et sa connaissance légendaire du football, Waldemar Kita, le président du FC Nantes bien connu du public lausannois, recrute Vahid Halilhodzic pour succéder à Miguel Cardoso à la tête des Canaris. Choix judicieux pour redresser un FC Nantes moribond ?

Le coach bosnien passé auparavant par Lille, Rennes, le PSG et quelques sélections exotiques, traîne une réputation d’homme sévère et autoritaire. Comme Marcelo Bielsa, c’est un entraîneur qui détonne dans le paysage du football français. Il a marqué tant les joueurs que les supporters des équipes qu’il a dirigées. Sa méthode de travail est relativement simple à comprendre : il arrive en tant que sauveur d’une équipe à la dérive et annonce rapidement que l’équipe, le staff, les infrastructures sont insuffisants et médiocres. Au mieux il parvient à redresser la barre et passe pour l’homme providentiel au pire ce n’est pas de sa faute si l’équipe ne décolle pas car il avait pointé dès le début les carences insurmontables de l’équipe. Généralement la collaboration se finit en eau de boudin. La seule chose de valable qu’il laisse en quittant un club sont des anecdotes qui ont forgé sa légende, et un sentiment de s’être fait enfler.

Vahid Halilhodzic surnommé aussi « Jo le rigolo »

 « Coach Vahid » est un entraîneur qui met trois valeurs au cœur même de sa gestion d’équipe : le travail, une discipline de fer et un soin attentif à la santé de ses joueurs. Ce sont ces trois aspects sur lesquels va se pencher cet article pour tenter de décortiquer sa méthode de travail et comprendre un peu mieux l’homme. Pour Halilhodzic, réussir passe donc par le travail. Il est exigeant, intransigeant et demande beaucoup à ses joueurs. Lors de sa première conférence de presse sur le banc des Canaris, il promet « travail et souffrance » à ses joueurs, 18e de Ligue 1 après huit journées. Pour gagner on doit s’arracher. Les joueurs sont donc mis au parfum dès le début sur sa méthode. Et il fait de même pour les nouveaux arrivants. Pas question d’avoir des tire-au-flanc dans son équipe. Johnny Ecker, ancien défenseur, pourrait en témoigner lui qui l’a connu lors de son passage à Lille en 98. Fraîchement transféré de Nîmes, le joueur vient alors saluer son nouveau coach. L’accueil n’était probablement pas celui qu’il imaginait : « Maintenant, tu vas souffrir, tu vas courir, tu vas maigrir et tu vas travailler. C’est fini les vacances pour toi ». Joli coup de pression pour bien débuter.

Pour Vahid la victoire passe donc par le travail. Certes mais c’est un discours tellement ressassé par tout nouveau coach. Prenons l’exemple de Thierry Henry, nouvel entraîneur de Monaco, qui estime lui aussi que le redressement du club passera par le travail uniquement. Pourtant Vahid ajoute un petit supplément à sa méthode : des règles de vie drastiques et une discipline de fer. Et tout manquement est sévèrement sanctionné. Certains joueurs ont voulu braver son autorité à quelques reprises. Mal leur en a pris. C’est le cas de Lamine Diatta et Anthony Réveillère. Alors joueurs du Stade Rennais, les deux compères s’autorisent une soirée jeux vidéo à la veille d’un match important à Strasbourg. Halilhodzic les surprendra en train de jouer à une heure tardive. La sanction ? Il vire les deux joueurs de l’hôtel et les prie de rentrer chez eux par leurs propres moyens. Un dernier exemple pour vous convaincre ? Il est vécu par Malouda. Alors entraîneur du Trabzonspor en Turquie, le dimanche précédent un match de Ligue Europa contre Rostov, il demande à ses joueurs de rester dîner pour assister à une séance vidéo. Malouda refuse et décide de rentrer chez lui. Vahid n’apprécie pas. Le ton monte rapidement et les deux hommes en viennent aux mains, avant d’être séparés par des joueurs et des membres du staff. Dans la foulée, le Français est écarté de l’équipe, puis transféré à Metz. Vraiment dure comme sanction ! Les joueurs du FC Nantes sont prévenus.

Comme évoqué plus haut, le coach met un soin particulier à ce que ses joueurs soient en forme et en santé. Coach exigeant, tant dans la vie que sur le terrain, les joueurs doivent être au top physiquement pour appliquer ses consignes sur le terrain. Ancien grand attaquant, il n’hésite pas à s’impliquer pleinement dans les entraînements pour montrer aux joueurs les bons gestes à effectuer. Dzejon Boutoille alors à Lille sous les ordres du coach a eu la chance de pouvoir profiter de ses lumières. Le LOSC de l’époque ne comptant aucun gaucher valide dans l’équipe à la veille d’un match, Vahid demande à Boutoille de venir s’entraîner à tirer les corners de l’extérieur du pied droit. Joueur de ligue 1 et n’ayant donc pas le même talent que son entraîneur qui exécute le geste, Dzejon se plante complètement et frappe le gazon au lieu du ballon. Bilan : fracture de la malléole pour le capitaine lillois, blessure qui le tiendra éloigné des terrains durant plusieurs mois, laissant un Vahid incrédule et en colère devant une telle scène.

Vahid dans son bleu de chauffe

Depuis cet événement, Vahid connait bien les blessures de la malléole. Et c’est Rothen qui en a fait les frais, l’incitant à jouer un match de CL contre Porto malgré une fracture à cet endroit. Blessé à la mi-temps, Rothen rentre sur une jambe en boitant. Pourtant le Bosnien pense qu’il est apte à jouer malgré la moue désapprobatrice du médecin. Bonne intuition car le joueur s’écroulera et sortira sur civière dès l’entame de la deuxième mi-temps. A la fin du match Halilhodzic tentera de dédramatiser la blessure de Rothen en lui prédisant que dans 3 jours il sera sur pieds. Rothen raconte cette discussion surréaliste : « Toi pas envie de jouer, tu vas jouer, c’est rien ! Le docteur me dit d’aller passer une radio, un IRM. Verdict : fracture. Quand je suis arrivé devant lui, il était à la limite de s’excuser. »

Alors coach Vahid à la rescousse, une bonne ou une mauvaise idée pour Nantes ? Difficile de se prononcer car peu de journées ont été jouées sous ses ordres. Son bilan de départ semble plutôt positif puisqu’il a su engranger 4 victoires, un match nul et une défaite ce qui est plus qu’honorable pour un club en crise. Pour la suite, tout dépendra de l’attitude de Kita. La patience est tout ce qui a été refusé à Cardoso. Les supporters ne peuvent que souhaiter à Coach Vahid bon courage et espérer qu’il fasse remonter le club au classement. L’effectif semble supérieur à celui de l’année passée mais la tactique qu’il va proposer sera sans aucun doute diamétralement opposée à celle de son prédécesseur. Espérons que les joueurs mettront moins de temps à s’habituer à celle-ci. Et si les résultats ne suivent pas, les supporters du FC Nantes ont déjà la garantie de ne pas s’ennuyer en dehors des pelouses avec un tel coach.

A propos Amaury Tissot 20 Articles
...

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.