Nantes et errements

Bienvenue au FC Nantes, un monde au bord de la corruption et de la magouille où l’absolution passe par la torture et où les quelques supporters semblent s’accrocher avec désespoir à un passé glorieux. Dans ce sombre tableau, le club parcourt depuis quelques années les tristes jardins de la L1 pour mettre fin au courroux de Dieu qui le sèvre de titre depuis 18 ans. Qu’il semble loin le beau jeu à la nantaise qui régalait le public français. Les Canaris ne chantent plus et se morfondent depuis quelques années dans les limbes du classement. Cette année sera-t-elle la bonne pour que les Canaris reprennent leur envol ?

Depuis leur dernier titre de champion de France acquis lors de la saison 2000-2001, le club de Loire-Atlantique a connu des fortunes diverses dont le point d’orgue fut cette tragédie qui vit le club tomber pendant 4 ans dans le purgatoire de la L2. Depuis son retour dans l’élite effectué il y a 6 ans, l’objectif du club est identique saison après saison : viser un top 10 en espérant gratter un ticket européen. Sa stratégie ? Effectuer une année réussie sur le plan comptable mais ratée dans le jeu. Les Nantais ont-ils renié le beau jeu consistant en un projet de jeu axé sur l’attaque et sur certains choix collectifs (mobilité, disponibilité) qui faisait sa gloire et était unanimement reconnu dans les années 90 ? L’analyse des dernières saisons semble montrer que oui. En 6 saisons depuis son retour dans l’élite, le FCN a toujours figuré parmi les pires attaques de la ligue (15e, 20e, 19e, 14e, 16e, 12e). Deux raisons expliquent cet état de fait : les manques criants de qualité à certains postes offensifs. Il semble que depuis quelques temps, jouer sur les ailes soit devenu obsolète à la Beaujoire. Curieux pour des Canaris… Quand je parlais de torture pour les supporters dans mon introduction, ce n’était pas un euphémisme. La deuxième raison tient au profil des différents entraîneurs qui se sont installés sur le banc du FCN. De Der Zakarian à coach Vahid, tous ont bâti leurs résultats sur des organisations défensives remarquables, reléguant aux oubliettes de l’histoire les notions de jeu et d’esthétisme.

Revenons sur cette pénurie d’attaquants capables de tuer un match. C’est la quête quasi impossible de tous les clubs : choper un bon 9 pas trop cher. Nantes s’y est pourtant attelé. Et s’y est brûlé les ailes. Marquée par le règne de Gondet, puis de Halilhodzic, Ouédec et enfin Moldovan, la maison jaune reste aussi dans l’imaginaire collectif comme un des temples des recrutements d’attaquants plus banane que canari. La tête de gondole de ces divers fiascos pourrait être Javier Mazzoni, le Lorenzo Lamas des pelouses. Le joueur est lent, joue avec des sabots et se plante sous le maillot jaune à défaut de planter. Peu convaincu par ce joueur, les Nantais le laisseront partir au Lausanne-Sports, alors présidé par… Waldemar Kita l’actuel président des Canaris.

Waldemar Kita, parlons-en justement. Homme d’affaires, il se sert du football pour nourrir ses propres intérêts. D’aucuns admireront sans doute la vivacité tudesque de son intelligence et ses beaux discours. En 1998, l’homme d’affaires avait déjà fait une première tentative de rachat de Nantes mais avait été recalé, faute de liquidités suffisantes Il s’était reporté alors sur le Lausanne-Sports. Le LS fit ainsi conquête d’un esprit lumineux animé par la passion de son sport. Entre 1998 et 2001, le club gagne une Coupe de Suisse, termine 2e en championnat. Sur cette même période, quelque 50 transferts sont conclus. Quand Kita retire ses billes, le LS fait faillite et redémarre à l’échelon régional. L’homme se défendra en argumentant que c’est le passé, qu’il a laissé le club dans un état stable, avec un bilan financier neutre et que la faillite n’est intervenue qu’un an après son départ. Soit ! Il y a dans sa manière de voir les choses une lucidité, une finesse, un tour d’esprit, un je ne sais quoi de stercoraire qui n’appartient qu’à lui. Et les Nantais eurent la bonne idée de lui céder les rennes (un comble pour Nantes) de leur club en 2007.

La dramaturgie d’un derby en une seule image.

Depuis son arrivée à la tête du club, Kita est le sujet de nombreuses controverses, notamment dans la gestion de son club. Cet homme à l’ego surdimensionné se met rapidement une partie des supporters à dos et même ses propres joueurs et entraîneurs se lassent de ce président omniprésent. Le bilan de Kita est-il aussi sombre que la réputation de ce monsieur ?  Avec le départ de Vahid cet été, le clan Kita s’apprête à « user » un 16e entraîneur en 12 ans. Certes le déclin avait commencé en 2001 avec la Socpresse, société détenue par Serge Dassault mais fallait-il le poursuivre ? De 1960 à 2001 : le FCN avait eu 5 entraîneurs en 41 ans. Les responsables des errements du FCN depuis 12 ans ce sont les Kita, incapables de définir une vision sportive claire pour « leur » club. Exemple : l’absence de projet de jeu à long terme faute de directeur sportif, entraîneur stable et d’un recrutement basé sur des prêts successifs aux clauses libératoires trop élevées. Autre exemple : la Jonelière, le centre sportif du FCN, est trop petit. Au lieu de concentrer leurs efforts sur ce problème, les Kita défendent bec et ongles leur projet de nouveau stade, leur Yellow Park qui est tout sauf urgent et ils lancent une section féminine qui aggrave le problème de la Jonelière et contraint le centre de formation historique à être déclassé par la FFF. Alors oui certains disent que c’est l’argent des Kita et qu’ils sont en droit d’en faire ce qu’ils veulent. Sauf qu’il s’agit du FCN et le club ne se résume pas qu’à une société. En 2019, il reçoit une offre pour vendre le FC Nantes. L’homme d’affaires est sur le point de vendre mais annule finalement au dernier moment. Vu le pedigree de ce président et son sens de l’imagination, on peut se dire qu’un type qui fait fortune dans l’allongement de pénis pourrait vendre à un mec qui a une boîte spécialisé dans l’éclaircissement de l’anus, dans tous les cas, les Nantais l’auront dans le cul !

Voici le seul et l’unique Gillet jaune !

On peut se demander à quoi va ressembler la saison des Canaris. Tous les signaux étaient au rouge au début de la saison avec un président qui souhaite vendre le club mais qui annule la transaction au dernier moment, un entraîneur qui prend le large avant même que la saison ne commence et leur capitaine Valentin Rongier qui file à l’OM à la dernière seconde de la fin de la période du mercato. Nantes devait d’ailleurs être le seul club au monde à avoir un joueur qui ne voulait pas jouer, car il souhaitait rejoindre l’OM. Pourtant les Nantais et leur nouvel entraîneur Christian Gourcuff démarrent leur saison avec sérénité. Ils enchaînent les bonnes performances et l’actuelle troisième position au classement en témoigne. Les Nantais ont commencé leur saison par une défaite à Lille, mais ont ensuite enchaîné 4 matchs sans défaite. Les hommes de Gourcuff se sont fait surprendre en Alsace face aux charcutiers alsaciens (2-1) alors qu’ils avaient ouvert le score. Mais ils ont à nouveau repris leur marche en avant en s’imposant dans le derby « breton » 1-0 face aux Rennais puis contre les Lyonnais dans leur jardin 1-o. La saison est encore longue et il faudra probablement en reparler dans deux mois. L’avantage c’est que depuis 15 ans ils ont connu tellement de désillusions qu’ils n’ont plus d’exigences démentielles. A une époque les supporters attendaient des résultats et du jeu, aujourd’hui ils sont déjà relativement contents si leur club ne flirte pas avec la relégation et ravis s’il joue le top 10. Comme le dit l’adage : quand on ne prétend pas avoir de grandes ambitions, on s’affranchit d’une certaine pression.

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