Une saison en enfer

Je me suis fait avoir comme un bleu. L’exercice 2017-2018 m’avait fait croire que ce championnat pouvait enfin se hisser au niveau des « grands » championnats européens. Des cadors enfin dignes de leur soi-disant rang, une course au podium haletante et même, chose la plus improbable, l’OM en finale d’une coupe européenne. Je m’étais mis à y croire moi. Mensonges et billevesées. Tout ceci n’était que de la poudre de perlimpinpin. Douze mois plus tard, c’est la douche froide. Cet exercice n’a été qu’un long pensum. Entre suprématie mathématique du PSG, déceptions du mois de mars et défaillance des outsiders, peu de suspense, des polémiques à la pelle, des projets qui s’écroulent et des stars qui disparaissent : l’exercice 2018/2019 laissera peu de souvenirs. Il était temps que ça se termine.

Cette année, le Big Four a fait un gros four. Chaque gros club a connu sa petite crise. Cette saison a été inéluctablement marquée par l’écrasante domination d’une équipe belle sur le papier, mais si froide comme un pâle matin de printemps qui frissonne encore d’un hiver tenace. On parle évidemment du Paris Saint-Germain, sacré champion de France pour la 8ème fois de son histoire. Suivant la logique de la plupart des gros championnats étrangers, le PSG a anéanti rapidement tout suspense. Sa fin de saison en roue libre n’a pas plaidé en faveur de la L1. Parce qu’à force de trop écraser la concurrence, Paris a fini la saison avec 4 défaites dans la musette lors de ses 8 derniers matches, fragilisant l’équité de la compétition. Un des problèmes majeurs de ce championnat reste le déséquilibre profond qui plombe la course au titre. Après six journées, Paris avait déjà six points d’avance. Les Parisiens ont su aussi profiter de la défaillance de leurs principaux concurrents (Lyon, Marseille et Monaco). Alors oui le PSG écrase toute concurrence en France, oui c’est une équipe détestable mais on leur doit au moins quelques bienfaits. D’une part ils donnent un peu d’intérêt à la Ligue des Champions en continuant année après année de se ridiculiser. Ensuite on a découvert l’existence d’un footballeur qui s’appelle Eric Maxim Choupo-Moting. Et enfin on comprend vachement mieux l’allemand depuis qu’on écoute Thomas Tuchel parler.

La course au podium fut également d’un ennui mortel. La preuve, on a cru que l’OM pourrait bousculer un peu la hiérarchie existante lorsque le club s’est éphémèrement réveillé entre février et mars. Cette saison a rappelé que, derrière Paris, seul le projet lyonnais tenait la route. Ils ont réussi à finir sur le podium ce qui était l’objectif de base. L’enseignement que les Lyonnais pourront tirer de leur saison c’est qu’il y a plus à craindre d’un match à domicile contre Dijon ou Rennes que face à Manchester City ou au FC Barcelone.

Ils y vont un peu fort au service marketing de la LFP pour parvenir à vendre leur produit.

Celui de l’ASM a montré ses immenses limites, mais pas que. On sait maintenant qu’avoir la mention « champion du monde » sur le CV ne donne pas la garantie d’avoir toutes les compétences requises pour entraîner. Du côté de l’OM, le « Champions Project » olympien est mort et enterré. Ils n’ont même pas réussi à prendre un ticket européen en se hissant à la 5ème place. Mais les supporters peuvent rester confiants et fiers de leur équipe. Avec un bon arbitrage, l’OM de Rudi Garcia serait à trois points du PSG. Et n’oublions pas non plus que l’OM a sauvé la saison médiocre des Bordelais car malgré une fin de parcours calamiteuse avec un nouveau coach, l’invincibilité à domicile contre l’OM a été préservée.

A la surprise générale, c’est le LOSC qui accompagnera Lyon et Paris en CL. Les Nordistes avaient été une grosse déception l’année passée, et peu auraient parié sur une place sur le podium cette année pour les Lillois. Moi le premier je m’étais dit que le trio offensif du LOSC, Bamba-Ikoné-Pépé allait être un gros flop. Quelle erreur ! Ils ont été percutants tout au long de l’année en enquillant les buts. Les bilans c’est aussi donner des récompenses. J’ai envie de donner la palme du transfert hivernal le plus malin à Fodé Ballo-Touré. C’était vraiment l’année pour faire le trajet Lille-Monaco.

Finalement ce sont les coupes nationales qui nous ont offerts un peu de suspense et du divertissement. Les surprises sont venues de Strasbourg et surtout de Rennes. Comme chaque année, on se disait que Rennes avait l’effectif pour faire quelque chose, et cette fois, ils l’ont fait. Et puis ces deux clubs ont révolutionné la vision que j’avais du championnat. Grâce à eux j’ai compris que les matches de Ligue 1 servaient seulement à faire tourner les jambes entre deux tours de coupe.

La défaillance des grosses écuries lors de cet exercice 2018/2019 est-elle annonciatrice d’un mercato estival retentissant ? Pour Paris, si le contrat a été rempli en championnat, en coupes nationales mais surtout en Ligue des Champions, le constat est accablant. Pour éviter de nouvelles déconvenues, le club de la capitale sera dans l’obligation de se renforcer significativement durant l’intersaison afin de passer, enfin, un cap en C1. Mais qui a envie d’aller chaque semaine jouer contre Angers, Nîmes ou Toulouse ? Même les stars veulent se barrer. Neymar n’attend que de retourner en Espagne. Qu’il le fasse ! Il ne me manquera pas. Petite pensée à tous ceux qui sont constamment en arrêt maladie dans leur job et qui n’ont jamais été élus employé du mois, alors que Neymar arrive à être dans l’équipe type de la saison. Avec le départ de son entraîneur Bruno Genesio et l’arrivée du ticket Juninho-Sylvinho, l’OL s’apprête pour sa part à ouvrir un nouveau chapitre de son histoire. Ainsi, tout laisse à penser que les nouveaux décideurs sportifs ont reçu des garanties sur le recrutement à venir. À Marseille, où les moyens seront sans doute plus limités en l’absence de coupe d’Europe, des départs importants sont à prévoir. Et pour ne pas revivre une saison galère, il faudra flairer les bons coups, recruter malin. De son côté, Monaco, aux portes de la L2 il y a quelques semaines, s’exercera à bâtir une équipe capable de jouer les premiers rôles en championnat. Sans oublier Lille et Saint-Etienne, qui ont désormais un statut (européen) à honorer.

Nouveau naming et suite logique: Conforama pour les canapés, Uber Eat pour la bouffe. Ma main à couper que l’an prochain on aura le droit à la Ligue 1 Heineken

Alors certes cette saison est pourrie. Mais tu as connu la frustration, l’énervement, la rage, la tristesse, le vide (faut voir les contrôles de Njie), l’amertume et la honte mais aussi quelques frissons, du bonheur, de l’espoir, du rêve (oui il me faut pas grand-chose). Tu as fatalement fini par souhaiter que cette saison s’arrête. Mais maintenant tu t’en veux un peu. De quoi on va pouvoir parler au boulot ? Ou à l’apéro entre potes ? Sevré de foot tu vas même finir par regarder la Coupe du Monde féminine. Tu vas trouver ça super, du moins les 15 premières minutes. Tu ne sais pas si ça vaudra le coup de regarder la prochaine saison sans Christophe Kerbrat, sans Étienne Didot, sans Romain Danzé. Et puis tu vas finir par avoir envie de revoir Amavi à nouveau, même Rami s’il le faut. Tu te demanderas qui sera le prochain club à faire appel aux services de Courbis les bons tuyaux. Foutue addiction!

Et comment ne pas écrire la chute de cette article en rendant hommage à Emiliano Sala qui pour beaucoup aura été de loin l’homme de la saison. On déconne mais on n’oublie pas.

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