Vous souvenez-vous de… Roger Montandon?

Dans le sport il y a la course à la victoire bien sûr, mais il y a aussi la chasse au record, à l’exploit qui permettra au sportif de rentrer dans la légende. Évidemment plus l’Homme progresse, plus la possibilité d’effectuer de nouveaux exploits diminue. Par conséquent il faut redoubler d’imagination pour créer de nouvelles catégories de prouesses de manière parfois un peu artificielle : “Premier homme à gravir l’Everest en solitaire sans oxygène par la face nord-sud de nuit en hiver” ou encore “Premier nain unijambiste à courir un marathon en moins de 12 heures”. Les possibilités sont infinies et bientôt verrons-nous peut-être le “Premier tour du monde en avion solaire avec douze escale en moins de 16 mois” ? Intéressons-nous aujourd’hui à Roger Montandon. Un personnage attachant, qui a rêvé de battre le record de la traversée de l’atlantique en solitaire à la rame… et qui a réussi.

Mike Horn représente la puissance animale à l’état brut, Ernesto Bertarelli a l’élégance du milliardaire, Bertrand Piccard assume brillamment l’héritage familial. Ah, qu’ils ont fière allure nos vaillants aventuriers helvètes des temps modernes ! Tous ont réalisé de grands exploit dans leur domaine, largement relayés par les médias nationaux et internationaux. Mais une exception figure au tableau des héros suisses : Roger Montandon. Lui qui fut moqué et ridiculisé des années durant, suite il est vrai à quelques tentatives maritimes écourtées, avant de finalement être fêté une fois sa traversée de l’Atlantique réussie. A quoi tient la complaisance médiatique envers un exploit sportif ? A l’argent réuni par les sponsors pour atteindre l’objectif ? Aux capacités de communication de l’athlète ? A la nature même de la tentative ? Un peu de tout cela certainement et il est vrai que l’idée de traverser un océan à la rame n’est pas forcément sexy et rappelle plus les galériens d’Astérix que Christophe Colomb.

Natif de la région d’Yverdon-les-Bains, le petit Roger s’est tout de suite senti mieux sur le lac de Neuchâtel que sur les bancs d’école. Après une formation de facteur aux PTT (je laisse le soin aux plus jeunes de nos lecteurs de se renseigner sur cet acronyme), il rejoint la fameuse (?) marine marchande suisse qui existe grâce à notre accès à la mer par le Rhin. Il y reste deux ans à faire le service à l’équipage, puis aux officiers, puis au capitaine. Il fonde ensuite une famille en Suisse et après avoir encore pratiqué mille métiers, il fait sa crise de la quarantaine et se met en tête de se lancer dans une aventure maritime. Mais laquelle ? Il souhaite faire le tour du monde à la rame en trois ans sur son bateau l’Exodus. Rien que ça ! Il n’arrive malheureusement à ne réunir que 10% de son budget initial, mais décide de partir tout de même du port de Marseille pour son ambitieux projet le 4 avril 1993. La foule l’acclame à son départ, cette fois son rêve va se réaliser ! Las, il fera dix kilomètres avant de casser ses portes-rames et devra rentrer au port le soir même. On ne le prendra plus au sérieux, sa réputation de gentil fou illuminé est faite.

Après d’autres tentatives diverses et variées, toutes soldées par un échec, il devient la risée de la presse où il est caricaturé avec une pipe et un entonnoir sur la tête. Faisant fi des moqueries, il prépare mieux son prochain projet : la traversée de l’Atlantique à la rame entre les îles Canaries et les Antilles. Le départ est donné en février 1996. A part quelques articles, les journaux se sont lassés de ses frasques et cette énième tentative trouve peu d’écho médiatique, tout le monde étant certain d’un nouvel échec ridicule. Miracle, après 60 jours de mer il atterrit sur l’île de Jipioca au Brésil. C’est un succès, le record du monde est battu. Le fou et sa pipe peuvent retourner à une vie simple, loin des strass et des paillettes que certains ne peuvent quitter.

 

 

 

 

Ramerez-vous à résoudre ce rébus?

A propos Jean-Marc Delacrétaz 29 Articles
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