Incroyable et pourtant déjà vu…

Le 18 mars, la cour suprême de New York, dépositaire du texte sacré, vient de reconnaître l’action en justice de BMW Oracle, Team de l’américain Larry Ellison, et lui a donné raison.

Cette décision assez inattendue n’est pas exceptionnelle, en effet en 1987 la Cour de justice avait donné raison aux Australiens pour un duel. Les Américains n’avaient pas vaincu très loyalement les Australiens en leur imposant un catamaran géant contre un monocoque normal.Suite à cette décision de la Cour Suprême de New York, le défi suisse, et tenant du titre, doit fixer une date dans les 10 prochains mois pour exécuter le Deed of Gift (acte de donation). Le Deed of Gift est une épreuve qui résulte d’un désaccord entre deux syndicats. La coupe de l’America est toujours composé de deux éléments : Le Defender et le ou les Challenger (s). Le Defender est le gagnant de la précédente Coupe. Le Challenger est le syndicat qui «relance» la compétition. Le Defender est obligé de relever le défi et remettre ainsi le titre en jeu. Si par exemple il n’y a pas de Challenger qui s’annonce pour défier le vainqueur de la précédente Coupe, aucune régate ne sera programmée. Le tenant du titre garde la coupe jusqu’au moment où un Challenger s’annonce.

BMW Oracle en force

En 2007, le premier Challenger était le défi espagnol de Valence. BMW Oracle a réussi à faire échouer cette candidature, en accusant Alinghi d’accepter une candidature utopiste pour couvrir ses agissements frauduleux. Le premier Challenger se mettant d’accord avec le Defender pour les règles de la prochaine régate.
Cela a eu pour effet de placer BMW Oracle comme Challenger officiel pour la 33ème America’s Cup. Hélas, Alinghi, voulant amener une nouvelle catégorie de bateaux et de nouvelles règles pour la prochaine Coupe, n’a trouvé que des ennuis auprès du Team américain. Après de moult péripéties et d’affrontements à coup de textes juridiques et de communiqués de presse express, la couleur de la prochaine Coupe est tombée le 18 mars dernier : un duel en catamaran entre Alinghi et BMW Oracle.
Ainsi le milliardaire Larry Ellison pourra goûter aux joies d’une finale de l’America’s cup et tenter de la remporter. Jusque-là, il n’était arrivé, avec son équipage, à parvenir qu’en demi-finale. Quel prestige de pouvoir disputer la Coupe et d’avoir l’impression d’être à deux doigts de l’acquérir… De plus dans le Team américain, nous retrouvons le célèbre Russel Coutts qui sous les drapeaux de la Suisse avait gagné la prestigieuse compétition en 2003. Suite à un litige avec Bertarelli, Coutts a décidé de quitter le bâteau suisse après la 32ème Cup. Cette action en justice, aurait-elle le goût d’une vengeance personnelle ?

Back in America ?

Le Deed of Gift oblige donc les deux syndicats engagés de provoquer un duel dans les 10 mois après la décision de justice fixant la date butoir en janvier 2009. Ce duel fera du vainqueur le Defender de la 33ème America’s cup et sera en charge d’organiser la 34ème.

Le 19 mars 2008, Alinghi a proposé de repousser l’échéance en mai 2009, jugeant précipité de crée l’événement cet été déjà. Les vents dans l’hémisphère nord étant plus favorable à une meilleure navigation entre mai et octobre.
Oracle ne serait pas d’accord, voulant précipiter l’événement en octobre de cette année. Cela aurait deux conséquences : la première est qu’Alinghi ne serait pas forcément prêt avec son bateau et son équipage; la deuxième est qu’Oracle, s’il empoche le duel, pourrait accélérer le rythme des courses en mettant la 34ème Coupe en 2009 à la place de 2011.
En cas de victoire de BMW Oracle, la 34ème édition de l’America’s Cup retournerait une fois de plus en Amérique, revenant ainsi à sa place originelle. Une chose est sûr, le combat entre les avocats n’est pas encore fini, mais la bataille sur l’eau a déjà commencé.


Ernesto Bertarelli a encore reçu un prix

Le 27 février dernier, Ernesto Bertarelli, grand patron du Team Alinghi, recevait en Italie une consécration pour son engagement pour la Coupe de l’America. C’est ainsi que l’Italie lui a décerné le prix du Sailor of the Year.

Bertarelli a pu soulever cette récompense pour sa contribution à la renommée de la voile. En effet, grâce aux victoires d’Alinghi la coupe reste en Europe et selon les estimations de l’AC Management (organe juridique de l’america’s cup) c’est un record de recette que cette 32ème coupe à ramener dans les caisses du plus vieux trophée du monde.

Les recettes ont vraisemblablement rapporté 60 millions d’euros de bénéfice à la coupe. Cet excédant a été redistribué aux différents défis présents selon les organisateurs de la compétition. La richesse des patrons des teams a dû sûrement afficher un large sourire…

Ces excellents chiffres viennent donc contraster avec la situation extrêmement conflictuelle décrite plus haut entre le Defender Alinghi et le Challenger BMW Oracle.

 

Écrit par Guillaume Privat

Commentaires Facebook

3 Commentaires

  1. Sympa davoir un papier sur la Voile !

    Malgré tout je pense très sincèrement que Bertarelli se fout un peu de la gueule du public…. un retour à lordre ferait du bien !

  2. La voile est un beau sport mais force est de constater que la Coupe de lAmerica est pourrie par le fric. Comme beaucoup (trop) dautres sports soit-dit en passant !

    Mais sinon bravo pour larticle, très sympa, ça change du foot et du hockey !

  3. sympa larticle, de bons éclairages. Ca en avait bien besoin, toutes ces procédures en justice ayant été longues et ennuyeuses.

    Donc, cette fois, au lieu davoir une longue cup avec poule pour déterminer le challenger, il est auto-proclamé ? ok, Bertarelli se fout peut-être de la gueule du monde, mais la, lautre ne fait pas mieux du tout.

    Jen suis à souhaiter que les Suisses lemportent une troisième fois, avant de relancer une compétition dans un style plus classique, et quenfin les meilleurs lemportent.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.