Benjamin Huggel, le buteur né

«J’avais mal au ventre avant le match. Ce n’est pas la pression, je n’avais même pas compris que c’était la finale de la Coupe de Suisse. C’est juste que j’avais bouffé 14 Big Tasty Bacon au p’tit déj. Alors vous comprenez, mon estomac me réclamait de la nourriture. C’est pas bon de jouer presque à jeun.

Enfin bref, j’ai avalé rapidement 2 kg de pain avec du mascarpone pendant que Christian faisait sa théorie. De toute façon, je n’écoute jamais la théorie. Les seules fois où j’ai essayé, je réfléchissais trop sur le terrain et j’avais toujours un temps de retard sur le match. Enfin, un temps de plus que mes trois temps de retard habituels.Je n’aime pas trop le vestiaire, parce qu’on se fait tous la gueule. C’était vachement plus sympa avant, quand on allait jouer contre Manchester et la Juve. On s’entendait bien à cette époque. Aujourd’hui, c’est plus pareil. J’ai un copain qui me dit que c’est à cause de ça qu’on risque de perdre le titre, parce que Young Boys, c’est des copains aussi en dehors du terrain. Enfin, je dis aussi, mais nous on n’est même pas copains sur le terrain.


«La théorie du Christian, j’écoute jamais»

Comme d’habitude, j’ai fait acte de présence sur la pelouse pendant l’échauffement. Christian il a trouvé une méthode bien adaptée à mes besoins, qu’il dit tout le temps. Donc, quand on termine avec le contrôle de l’arbitre, Christian il me dit de foncer la tête en avant sur les murs du vestiaire. La première fois, ça fait un peu mal. Puis de moins en moins. Après, tous les gars se mettent en rang et me collent, chacun à leur tour, un gros pain dans la mâchoire. Marco, il se casse deux fois sur trois une phalange.
Ça me fait bien rire et c’est moins douloureux que quand c’est Majstorovic qui frappe. Lui, il passe toujours en dernier. «Comme ça, tu es fin prêt», qu’il me dit Christian. Alors le match a commencé. C’était amusant, je perdais tous les ballons que j’avais. Même que des fois, tout seul dans un coin de terrain où le premier Bellinzonoisais était à plus de 10 mètres, je ratais mon contrôle. Mais bon, y en a marre de ces mecs qui me donnent le ballon. Je ne le veux pas, moi. La seule chose que je veux, c’est pouvoir regarder des matches tranquilles sur une pelouse au milieu d’un public nombreux. Ça, c’est top !
Mais bon, je fais de temps en temps le mec qui se sent concerné. Alors je lève la tête et j’envoie le ballon à un coéquipier. Mais ça fonctionne rarement. Il y a toujours un adversaire pour intercepter. Au bout d’un moment, je me fâche et je saute sur le fautif, en lui mangeant au passage un oeil ou une amygdale. C’est bon, les amygdales ! Parfois, quand je suis vraiment en colère parce que les autres ils font tout pour que Christian me crie dessus, je saute les pieds en avant et j’essaie d’atteindre la carotide. Alors ça, ça me calme.
Bref, c’était un match normal. A part que les Belinzonoisais ils avaient un maillot rose. Tcheu la honte ! On aurait dit un peu des pédés homosexuels. Alors je rigolais bien. Et puis y a Eren qui a marqué en sautant très haut. Bon, comme on n’est pas trop copains dans l’équipe, on est allé lui dire bravo sans trop forcer. Comme quand Daniel et Marco ont marqué à leur tour. Et puis, attiré par l’odeur d’un schublig qui se trouvait dans la Muttenzerkurve (seizième rang, place 443), je me suis retrouvé dans la surface adverse et voilà pas que le ballon m’arrive sur la tête. Et oui, j’ai marqué !!!


«J’ai marqué !»

Les autres sont venus me féliciter. Mais pas trop non plus, du fait qu’on n’est pas tellement copains. Ça m’a fait de la peine, alors en conférence de presse, j’ai dit que c’était bien que les trois internationaux suisses du FCB aient marqué, parce que, dans la presse, on parlait tout le temps d’Eduardo (qui est nul), d’Ergic (qui est presque plus moche que moi) et de Carlitos (qui ne donne jamais son ballon car son rimel lui coule tout le temps dans les yeux). Et toc, ça, c’est fait !
Sinon, on m’a dit que j’avais fait un pas de plus vers une sélection pour l’Euro 2008. Ben oui, j’espère bien que Papy Kuhn va me prendre. Il m’aime bien, Papy Kuhn. Moi aussi, d’ailleurs. Grâce à lui, vous vous rendez compte des jolis matches que je vais pouvoir regarder en juin ?!?»

Bellinzone – Bâle 1-4 (0-1)

Parc Saint-Jacques : 33 000 spectateurs.
Arbitre : M. Zimmermann.
Buts : 31e Derdiyok 0-1, 58e Pouga 1-1, 62e Majstorovic 1-2, 63e Streller 1-3, 65e Huggel 1-4.
Bellinzone : Bucchi; Belotti (46e Moresi), Mangiarratti, Carbone; Miccolis (69e Raso), Taljevic, La Rocca, Rivera (72e Conti), Lulic; Neri, Pouga. Entraîneur: Petkovic.
Bâle : Costanzo; Zanni, Majstorovic, Marque, Nakata; Huggel, Ergic, Ba, Carlitos (56e D. Degen); Eduardo (76e Perovic), Derdiyok (46e Streller). Entraîneur: Gross.
Carton jaune : Carbone (20e, jeu dur).
Notes : Bellinzone sans Grabbi (blessé). Bâle sans Chipperfield (convalescent). 17e : frappe de Neri repoussée par le poteau. 34e : une tête piquée de Pouga rebondit sur la transversale. 56e : but de Lulic annulé, le ballon étant préalablement sorti en corner. 78e : Bucchi détourne sur la transversale un coup-franc de Degen.

Écrit par Psyko Franco

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5 Commentaires

  1. Dommage pour Bellinzone, mais cétait une jolie finale de Coupe, sans évidemment atteindre des sommets au niveau du jeu.

    Petit coup de gueule une nouvelle fois pour la fidélité des supporters suisses. Une finale de coupe dans un stade de 40000 places qui nest même pas plein, cest la honte…

  2. Superbe papier, tout en mauvaise foi et en humour grinçant. Jai beaucoup aimé.

    Mes amitiés à tous les mangeurs de colin qui me liront.

  3. Je ne vois pas ce que vous avez contre Huggel et lambiance du FCB ? Il ny pas de problèmes dans léquipe contrairement aux autres années !

  4. délicieusement méchant, adorablement mordant mais j’avoue que je continue d’avoir un faible pour la preuve vivante que l’homme des cavernes a bel et bien existé

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