Rodg et Rafa se donnent rendez-vous à Wimbledon

Tel Rafa sur sa terre ocre, Rodg continue son petit bonhomme de chemin sur son cher gazon. En remportant le tournoi allemand de Halle, le Maître affiche désormais 59 victoires d’affilée au compteur sur sa surface de prédilection. Une victoire acquise d’ailleurs en frôlant la perfection : aucun set perdu mais surtout aucun break concédé. Avec ses principaux rivaux sur herbe (Nadal, Djokovic, Roddick, Hewitt ou encore Karlovic) au tournoi du Queen’s, c’était le moins qu’il pouvait faire…

Oui Federer vient de remporter son deuxième titre de l’année, oui il y a mis la manière, mais malheureusement, le temps n’est pas encore à la célébration. Le meilleur joueur qu’il a battu en Allemagne était classé 23e (Baghdatis, 6-4 6-4) et celui qui lui a posé le plus de problème le temps d’un set occupait la 342e place à l’ATP (Vacek, 7-5 6-3) ; honnêtement, s’il ne s’était pas imposé à Halle, on aurait vraiment pu parler de déconfiture. Ne soyons pas que pessimistes non plus, le Suisse s’est imposé pour la cinquième fois consécutive sur les gazons allemands (si l’on oublie l’année passée où il ne s’y était pas aligné) ce qui constitue une performance exceptionnelle. Une victoire de bon augure puisqu’il a toujours enchaîné avec une victoire à Wimbledon après avoir remporté le tournoi de Halle. Le fait de ne pas perdre son service, qui lui avait tant fait défaut à Paris, est aussi une grande source de satisfaction.

Et pendant ce temps-là à Londres…

Ah si tout était si rose… Car si le Maître a rassuré son monde sur son état mental et sur sa capacité à gagner sur gazon, Rafa Hulk a, lui, réussi un exploit qui n’était pas arrivé depuis plus de trente ans. En effet, le dernier Espagnol à s’être imposé sur herbe l’avait fait en 1972. De plus, il a réussi pour la première fois de l’histoire l’enchaînement Roland Garros avec un tournoi sur gazon. Bien sûr, ce ne fut pas aussi simple que pour Roger. Après s’être défait de justesse du géant Karlovic en trois jeux décisifs, on ne s’attendait pas à ce qu’il parvienne à venir à bout du taulier du coin, le bien nommé Andy Roddick (tenant du titre et quadruple vainqueur en cinq ans).
Et pourtant, c’est là que l’Espagnol se démarque par rapport au tournoi de Federer. En s’imposant en deux set face à Roddick puis en se défaisant de Djoko après avoir écarté une balle de set lors du jeu décisif de la première manche, Nadal a marqué les esprits et impressionné le monde du tennis. Certes, on ne peut pas encore parler de victoire à Wimbledon, qui dit qu’il n’aurait pas craqué face à Karlovic en cinq sets ? Toujours est-il que face à un Djoko qui avait réalisé un excellent tournoi jusque-là, le Majorquin a marqué un gros point pour une éventuelle demi-finale ou finale durant le troisième Grand Chelem de l’année.

Lors de cette finale, soyons clairs, Nadal fut tout simplement exceptionnel de puissance et de détermination. Le plus frappant est sa faculté d’adaptation et l’élargissement de sa panoplie de coups (tels que slice du revers et points au filet) alors que ces points forts restent très performants. Il varie donc toujours plus, joue de manière offensive et semble de plus en plus à l’aise sur le gazon. Le maître de la surface reste Federer et il va défendre son titre dans la peau du favori. On regrettera tout de même qu’il ne se soit pas mis en danger en s’alignant au tournoi du Queen’s, on aurait ainsi eu une meilleure idée de la marge qu’a Rodgeur sur gazon cette année.
Malgré sa progression, Nadal n’est pas passé loin de l’élimination en quart et a perdu un autre set face à un joueur classé au-delà de la centième place mondiale, il faudra donc qu’il soit vigilent dès les premiers tours s’il entend rééditer les mêmes performances des deux années précédentes. Avec, pour changer, Djoke en arbitre. Décidément, ces trois-là sont inséparables depuis le début de la saison. Rendez-vous la semaine prochaine avec les premiers coups de raquette qui, plus que jamais, pourraient permettre au Serbe de passer devant Nadal au classement ATP.

Écrit par Nicolas Jayet