La forteresse déchue de la Praille

C’est du haut de ses 11 points récoltés en 7 rencontres que Servette recevait samedi soir le FC Bâle. Tel un éclair dans un ciel serein, Beni Huggel et ses coéquipiers ont brusquement interrompu l’idylle genevois. Rude reconnexion avec le monde des grands.

Des miroirs défectueux

C’est vrai, la réception de l’ogre bâlois coïncidait avec l’absence de la plaque tournante du SFC – Xavier Kouassi – sous le coup d’une suspension. Cependant, il y avait trop de quiétude dans l’atmosphère servettienne. Sur le site officiel, le virtuose Ishmel Yartey allait même jusqu’à déclarer que c’était la troupe de Fink qui devait redouter Servette. Il faut certes être audacieux pour parvenir à titiller les grands – le credo des supporters grenat n’est en effet autre que «oser pour vaincre» – mais il ne faut pas trop pousser le bouchon non plus. Bref, vous l’aurez compris, les Servettiens avaient confiance en leurs moyens, un zeste trop peut-être. On pense ici aux protagonistes et aux supporters, mais aussi et surtout aux dirigeants. Ces derniers, sûrement à cause de leurs miroirs rayés, se voyaient plus beaux que ce qu’ils ne sont en vérité. Méconnaissant le football et encore plus notre championnat, certains se voyaient peut-être même déjouer leurs propres pronostiques et remporter le titre avec une grande avance sur la date prophétique (2014).

L’incontournable Xavier Laglais Kouassi

Servette a beau être une véritable équipe aux mécanismes rôdés et non pas un amas d’individualités, le constat est tout de même flagrant. Sans son valeureux numéro huit, la formation genevoise n’est pas la même. Kouassi est la véritable plaque tournante du milieu de terrain de ce Servette-là. Lorsqu’il a été sacrifié en début de rencontre face à GC pour remplacer Rüfli en latéral droit, la troupe de l’homme aux gants noirs a pris l’eau. Samedi, malgré une performance suffisante des deux milieux défensifs, Nater et Routis, le milieu de terrain a pris l’eau. L’Ivoirien ne s’essouffle jamais et en plus de ratisser une quantité incalculable de ballon, permet aux Genevois de débuter leurs velléités offensives. Ajoutez à cela sa rigueur tactique irréprochable et vous obtiendrez l’élément clé du Servette FC. Eh oui, sans cet Ivoirien de 21 ans, les Grenat ont pâle allure. Il ne reste plus qu’à espérer que le club ne se fera pas chiper son joyau au mercato hivernal et qu’Alves puisse l’employer le plus souvent possible.

Un mal pour un bien ?

Malgré le couac de samedi, le bilan de Pizzinat et cie demeure excellent. Surtout à l’extérieur où le club du bout du lac est toujours invaincu avec 2 nuls et 2 victoires après quatre périlleux déplacements à Zurich, Berne, Neuchâtel et Sion. En revanche, à domicile, le deuxième club le plus titré du pays doit mieux faire. En effet, avec 1 victoire en quatre matchs et 12 buts au passif, le bilan est nettement insuffisant. Contre Thoune, GC et Bâle, Servette a souffert défensivement. Ces défaites sont peut-être providentielles puisqu’elles mettent en relief les faiblesses du néo-promu qui ont été masquées lors des exploits en déplacement à un moment de la saison où elles peuvent encore être corrigées. On pense aux replis défensifs des Grenat et aux marquages sur les balles arrêtées.
De plus, il faut aussi que Servette cesse de jouer dans l’urgence. Face aux Bâlois, le mentor lusitanien s’est trop précipité en faisant entrer Eudis au début de la deuxième mi-temps et Esteban à la 56e. L’entrée en jeu de deux joueurs autant offensifs qu’eux,  alors que l’on est menés 1-0  à 34 minutes du terme par le champion en titre, a contribué à faire irréversiblement chavirer l’équilibre déjà fragile du milieu du terrain. C’est cela qui a permis aux hôtes de sévir en contre. A domicile, Servette doit apprendre à faire le jeu tout en se couvrant derrière. Et si les visiteurs mènent, à garder son sang-froid. C’est vrai, le SFC a essuyé sa plus lourde défaite à domicile depuis 3 ans et la déconfiture face au FC Bienne sur le score de 1-5.  Néanmoins, l’heure est loin d’être grave. Samedi,  les hôtes ont pu constater de quelle étoffe est faite la meilleure formation du pays. Une équipe très bien huilée, avec des actions à une touche de balle, une bonne disposition tactique sur le terrain et un réalisme terrifiant. Cela peut être édifiant et doit permettre de cerner ses propres lacunes et de mesurer la distance séparant un néo-promu à une équipe qui danse sur le ventre des autres formations du pays depuis près de dix ans… dirigeants en tête.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette FC – FC Bâle 0-4 (0-1)

Stade de Genève, 20’838 spectateurs.
Arbitre : M. Hänni.
Buts : 33e Fabian Frei 0-1. 60e Fabian Frei 0-2. 69e Streller 0-3. 86e Granit Xhaka 0-4.
Servette FC : Gonzalez; Diallo (56e Esteban), Baumann, Roderick, Moubandje; Rüfli, Nater, Routis; De Azevedo (22e Pont, 46e Eudis), Yartey; Vitkieviez.
FC Bâle : Sommer; Steinhöfer, Abraham, Dragovic, Park; Huggel (87e Kovac), Cabral; Fabian Frei (78e Granit Xhaka), Shaqiri (71e Andrist); Streller, Alex Frei.
Cartons jaunes : 38e Abraham, 53e Fabian Frei, 58e Roderick, 66e Rüfli, 77e Dragovic.

Écrit par Grégory Soldati

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4 Commentaires

  1. Servette avait et a toujours 11 points et non 7 comme dit Dans l’introduction de l’article.
    Sinon analyse plutôt juste du match et de la situation. Le coach a raté son coup. Ils apprennent….
    Mais ils peuvent voir avec optimisme (mesuré) l’avenir.

  2. Défensivement, y a du boulot. Et le Roderick faut arréter de la faire bouger d’un poste à l ‘autre, faut qu’il prenne ses marque en tant que défenseur.
    Dommage que Vikieveiz ait raté la grosse occasion pour le 1-0, le match serait tout autre…

  3. Difficile de comparer l’expérience et le CV des 2 équipes. Est-ce que à part Pizzinat un seul de nos joueurs a une ligne décente à mettre sur son CV, je veux dire au plus haut niveau ? Il faut cesser de trop en demander à cette équipe du Servette assez limitée et qui joue sur la surprise, comme souvent avec un néo-promu. Il ne faut pas oublier que le SFC a terminé 2ème de Challenge League et qu’il a été promu par les poils grâce aux bizarreries de Vaduz et Lugano. Certes, la double confrontation contre Bellinzone ne doit rien à personne, à noter que le match retour aura été une des rares grandes affluences à Genève à finir en victoire. Bref, comme dirait Guy Roux, il faut viser le maintien sportif. J’ajouterai le maintien collectif du groupe, emmagasiner de l’expérience, se renforcer intelligemment et continuer de construire sur le long terme. L’équipe est jeune et perfectible. Du reste même Pyshar est resté étonnement zen après cette débacle. Comment on dit vamos en serbe ?

  4. « le credo des supporters grenat n’est en effet autre que «oser pour vaincre» »

    Qu’est-ce que cette connerie? Le credo des supporters grenats est depuis toujours « Post Tenebras Servette ».

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