Le marathon, comment ça marche ? (1/2)

Le marathon est un grand incompris du sport moderne. Courir c’est pour les blaireaux, c’est d’un chiant monotone, ça brique les articulations et pis surtout, avec tous les entrainements passés à fouler les tarmacs, ça te fait louper force apéros avec les copains ou si tu as la fibre un tantinet féminine, des sorties excitantes chez H&M avec ton autre moitié. Bref, dans la pensée populiste, le marathon a autant bonne presse que Domenech au pied d’un bus sud-africain, c’est pour cela que, ne reculant devant rien (ce qui serait paradoxal avant d’engranger ces redoutés 42km195), CartonRouge.ch décida de décortiquer le vrai du faux. Récit perso en semi-live du marathon du Lac de Garde.

L’influence grecque…

Vendredi 8 octobre. Tout débuta à merveille avec l’annulation de mon vol sur Vérone pour cause de grève des bagagistes locaux. Pour un pays qui est déjà pas tant dans la mouise économique, j’en conclus que les Italiens pensent opportun de copier leur «voisins» grecs pour piquer les derniers Marks qu’il reste à Tata Angela. Saboteurs de marathon, va f…… !
Le marathonien du dimanche aurait utilisé ce contretemps comme une excuse digne du Morabito moyen pour rester bien au chaud, calé devant une énième reprise de Derrick. Ben que non, après avoir empilé 70 km / semaine pendant 4 mois, en suivant plutôt moins que plus un plan d’entrainement pour Kényans en fin de carrière, je me suis dit qu’il serait plutôt malvenu de crever au poteau.
Parlons-en du plan d’entrainement, tu entends un peu tout et n’importe quoi à ce sujet alors que la vérité est aussi simple que la procédure de notre CC national contre l’UEFA. Les préconceptions de courir comme un dératé sur des distances infernales pendant six mois sont fausses de chez fausses. En fait, le secret de l’entrainement du «bon» marathonien consiste en un assemblage subtil sur trois ou quatre mois du cocktail hebdomadaire suivant : un jogging relax sur 8-10 kils, des répétitions d’intervalles semi-rapides sur 10 à 15 minutes selon les sensations du moment (un fartlek de 12 km pour les érudits suédois), une session de 4 à 8 accélérations à fond les bidules sur 500 à 800 mètres et pour saupoudrer le tout, une longue sortie dominicale sur 15 km pour débuter et qui culminera à 30 km au sommet de la préparation… donc vraiment pas de quoi fouetter un chat à côté de ces forçats du triathlon.
Oh, j’allais presque oublier l’aspect le plus important de cette préparation : le repos à triple dose, soit avant, pendant et après les entrainements… Et si tu veux t’entêter à être le stakhanoviste benêt des entrainements hyper longs, tu te briqueras bien vite la santé et rendras fréquemment visite à ton physio (note que si elle est jolie, ça se discute).

Andiamo ?

Samedi 9 octobre. C’est tout bon. Ni un volcan islandais, ni même un bagagiste syndiqué ne s’opposaient à mon objectif du week-end : finir ma balade autour du lac en moins de 3h30 pour prouver à pas grand-monde finalement que préparation optimale, travail assidu et ténacité «valaisanne» sont la recette du succès pour réussir un marathon. Comme quoi, personne ne pourra venir dire que Marc Rosset n’a pas eu d’influence sur mon attitude sportive !
A peine atterri, ma Fiat 500 me conduisit avec style jusqu’à Limone pour la prise officielle du dossard 504 (moyennant un délestage de 35 euros) et pour la remise de la sacoche publicitaire remplie de choses bien inutiles (bouteille d’eau, invitation au semi-marathon de Ravenne et poudre de récupération… comme si une bonne Peroni ne suffirait pas). Avec tout ce bataclan en poche, je mis ensuite le cap sur Malcesine où m’attendait mon palace pour le week-end ; l’hôtel Alpina sonnait bien le 4 étoiles lors de la réservation, mais en réalité, il peina à justifier les 2 maigres étoiles délavées sur sa façade fatiguée (CR serait-il radin avec ses chroniqueurs ?). Adieu donc jacuzzi, bar chic, minibar achalandé à souhait, mais surtout adieu masseuse estonienne pour me refaire une santé post-marathon. Sur le coup, je me suis dit que je pourrais toujours utiliser l’excuse de cet environnement inhospitalier pour justifier une performance pas terroche sur les routes du Trentin.

Montée d’adrénaline

Le début de soirée se poursuivit par la préparation quasi-chirurgicale du matériel de course du lendemain : barres énergétiques peu ragoutantes, gels «coup de fouet», cube de sucre tout con, chaussettes de course anti-cloques (d’après la pub), sparadrap à tétons, vaseline (bon, ça va !), cuissettes dry-fit aérodynamique, iPhone (avec du Muse, Razorlight et du Patrick Juvet pour surfer la vague), mini-éponge, montre Garmin et finalement une paire de basket Asics Nimbus qui coûte la peau des fesses, mais qui reste le meilleur investissement des 10 dernières années, en-dehors de ma nouvelle cave à vins. Ah, j’allais oublier ma casquette, à l’effigie du seul club de hockey valaisan qui en vaille la peine : le HC Martigny Red Ice Verbier Sembrancher.

Tout ce boulot de préparation, ça creuse et qu’on se le dise, l’appétit du marathonien n’a rien à envier à celui d’un Brélaz affamé. Je reviendrai dans un second article sur le sujet, mais s’enfiler des kilomètres de spaghettis les jours précédents la course peut vraiment aider quand les réservoirs sont à sec après 3h de course. Encore faut-il éviter de s’enfourner des carbonara avec double crème de Gruyère qui pourraient faire coincer la belle mécanique au plus mauvais moment. Du coup, je fus bien sage en me contentant de quelques raviolis aux champignons du coin arrosés par quelques (!) verres de Valpolicella (quand on aime, on ne compte pas et après tout, une boisson sucrée est toujours conseillée avant un effort conséquent).
Avec une diane-debout à 6h du matin, il fut hors de question de trainer dans les nombreuses pintes du lieu. Dès lors, trouver le sommeil devenait une priorité, mais avec mon taux d’adrénaline en ébullition et les retraités allemands qui bamboulaient sur les terrasses environnantes, ça s’annonçait pas gagné d’avance. De plus, le mistral italien commençait à se lever magistralement sur les bords du Lac de Garde.
Fallait-il remettre en question ma tactique de course ? La nuit allait-elle me porter conseil ?

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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3 Commentaires

  1. Oui, j’attends la suite avec impatience pour comparer avec ma propre expérience de marathonien amateur…

    Le 30ième km est toujours le plus dur parait-il, pour moi, ce fut les derniers 41km…

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