180° Sud, partie 1 : prélude à l’avènement

Le milieu du hockey professionnel nord-américain a considérablement évolué ces vingt dernières années. Des six équipes originales à la première vague d’expansion, le hockey n’était déjà plus considéré comme la propriété exclusive des régions qui l’ont vu naître. La prochaine étape était aussi risquée qu’audacieuse : développer le hockey dans le sud des États-Unis, dans des marchés dits «non traditionnels», dans le but principal de faire du profit. Un plan directeur qui porte un nom : Bettman. CartonRouge.ch revient ici sur les bouleversements majeurs qui ont rythmé l’existence de la Ligue nationale de hockey durant cette période jusqu’au jour d’aujourd’hui sous la forme d’un dossier en plusieurs volets.

Ancien conseiller et directeur exécutif de la National Basketball Association durant les années quatre-vingt, Gary Bettman a été engagé en tant que commissaire de la Ligue nationale de hockey en février 1993. À son intronisation, son mandat était clairement défini : développer et vendre le hockey en tant que produit sur les marchés américains – plus précisément au sud du pays. Les outils principaux étaient l’expansion de la Ligue nationale par le biais de la création de nouvelles franchises, de la relocalisation d’organisations en situation précaire, le tout assorti d’un marketing intense et conséquent afin de garantir la viabilité économique liée à cette nouvelle politique. L’Américain n’était pas à son coup d’essai puisqu’il avait déjà travaillé dans ce cadre précis alors qu’il était toujours dans le milieu du basket, avec un certain succès. L’élection de Gary Bettman au poste de commissionnaire a donc relevé d’une certaine logique compte tenu de son expérience passée.


Il y avait de quoi se montrer sceptique, au début…

Par le passé, la Ligue nationale était déjà composée d’équipes situées dans la moitié sud des États-Unis, suivant une première tentative d’implémenter le hockey sur glace dans ces régions improbables devant servir de laboratoire. Durant la première expansion de 1967, la LNH a vu son nombre d’équipes doubler, passant de six à douze. Les six équipes choisies furent les Flyers de Philadelphie, les Blues de St-Louis, les North Stars du Minnesota, les Penguins de Pittsburgh, les Kings de Los Angeles et les Seals de Californie. Deux équipes étaient donc situées dans des destinations considérées comme exotiques.

Les prémices d’un changement

Si les Kings ont pu compter sur un marché de grande taille, la garantie de leur succès s’était définitivement bâtie sur le plus retentissant échange de toute l’histoire de la Ligue nationale de hockey : en 1988, Wayne Gretzky, Marty McSorley et Mike Krushelnyski sont envoyés en Californie en échange de Martin Gélinas, Jimmy Carson, trois choix de première ronde et 15 millions de dollars. Il est du reste amusant de constater que deux des joueurs impliqués dans cette transaction ont évolué par la suite dans la région lausannoise (Martin Gélinas à Morges et Jimmy Carson à Lausanne), alors que Marty McSorley est également le frère de l’entraîneur actuel de Genève-Servette. La présence de Gretzky aux Kings a joué le rôle de détonateur dans le développement du hockey dans cette partie du pays tout en lui procurant une grande visibilité.
L’évolution de la franchise des Seals a été moins reluisante. En difficulté dès son intronisation, l’équipe basée à Oakland n’est jamais parvenue à décoller. La stratégie marketing était aussi discutable : les Seals avaient choisi une couleur atypique (le cyan) qui faisait terriblement mal aux yeux. Difficile de fidéliser un noyau de fans et d’écouler tout le marchandisage avec des couleurs si peu populaires ; le maillot de l’équipe est du reste toujours considéré comme l’un des plus infâmes qu’ait connu la LNH. La franchise a même modifié son nom et son logo à plusieurs reprises, mais rien n’y a fait. Les résultats furent en outre continuellement catastrophiques, jusqu’à l’inéluctable : en 1976, la concession déménage à Cleveland où elle prend le nom de Barons. L’équipe n’aura pas plus de succès dans l’Ohio et ne reste que deux ans sur les bords du lac Érié. Plutôt que de déménager ou de simplement disparaître, l’équipe fusionne finalement avec les North Stars du Minnesota, qui reprendra la place des Barons dans la division Adams.


L’uniforme… particulier des feux Seals

Après cette mauvaise expérience, La Ligue nationale de hockey attribue en 1972 une franchise d’expansion à la ville d’Atlanta, les Flames, qui vient de construire un nouvel amphithéâtre, l’Omni Coliseum. Cette décision fut vertement critiquée dans le milieu car personne ne croyait que la concession allait pouvoir s’épanouir dans cette partie des États-Unis. Huit ans plus tard, les sceptiques avaient eu raison. Les piètres résultats des Flames, une affluence chancelante ainsi qu’un trop faible soutien corporatif ont causé l’extinction de l’équipe. En 1980, un groupe canadien rachète alors l’équipe et la transfère à Calgary. À cet instant, seule une franchise – les Kings de Los Angeles – sur trois a survécu à son implantation au sud, non sans mal.
À suivre : 180° Sud, partie 2 : le lancement

Écrit par Mathieu Nicolet

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8 Commentaires

  1. A Toronto, on raconte que les équipe de Floride n’existent que grâce aux riches canadiens qui migrent pour passer l’hiver au chaud…

    M’enfin bon, médire sur le équipes du sud ne fait pas gagner les Maple Leafs …

  2. Super article, vivement la suite!
    C’est juste dommage qu’avec un sujet aussi intéressant l’auteur réussisse quand même à nous emmer… avec les pathétiques LHC et GeServette…

  3. Le plus retentissant échange pas sûr…évidemment y avait Gretz dedans mais le Lindros contre Peter Forsberg, Mike Ricci, Ron Hextall, Chris Simon, Kerry Huffman, Steve Duchesne, 2 choix de 1ère ronde et 15 millions $ est pas loin derrière sinon mieux…

    Article ok mais ne nous apprend pas grand chose d’incroyable…on attend la suite.

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