La Grèce rentre dans le rang

La messe est dite, l’équipe de Grèce est d’ores et déjà éliminée de la compétition. Elle s’est inclinée d’un but hier soir face à la Russie, se privant ainsi du droit de continuer à lutter pour défendre son titre, acquis miraculeusement il y a quatre ans au Portugal.

Énorme tristesse bien sûr pour ceux qui nourrissaient des espoirs fous quant à ce que cette équipe allait présenter comme visage, après l’entrée en scène de mercredi contre la Suède.Non pas que la Grèce ait à nouveau joué contre les Russes de manière constipée ou frileuse. Bien au contraire. On ne pourra en effet cette fois-ci reprocher à l’Ethniki de s’être regroupée en défense et d’avoir fait de l’anti-jeu son mode d’action privilégié. Non, les Grecs ont sans aucun doute montré un bel état d’esprit, ils étaient disposé en un 4-3-3 qui avait une allure fringante au début de la rencontre. Ils sont allés chercher leurs adversaires en exerçant un pressing assez haut sur le terrain. Sauf que une fois parvenus à récupérer des ballons, mise à part quelques rares velléités, ils n’ont pas su faire preuve d’une créativité suffisante. Un manque cruel d’idées, ou, tout simplement, de possibilités. La Grèce, disons-le haut et fort, n’avait pas l’envergure pour aller plus loin, elle n’a pas présenté un volume de jeu à même d’inquiéter les ténors de ce tournoi. En se libérant comme elle l’a fait hier soir, en acceptant de jouer ouvertement contre son adversaire, elle s’est mise à nu, ses carences ont été exposées au grand jour. Cela m’a profondément touché, ce qui ne fut pas le cas – de loin – lors du match contre la Suède.
La tristesse est bel et bien présente, l’aventure touchant à son terme. Un rêve s’effondre, mais de frustration il ne peut y avoir, compte tenu de la réalité des forces en présence.


La mine défaite d’Otto…

La Grèce a eu le droit de disputer cet Euro, elle l’a amplement mérité en se qualifiant à la force de ses jambes et de son cœur. Laborieuse et humble, elle s’est présentée à ce tournoi sans crier trop fort qu’elle était la championne d’Europe en titre. Comme si elle se sentait mal à l’aise dans cette robe de reine d’Europe qu’elle aurait bien échangée contre son habituel bleu de travail. Plus facile en effet parfois d’œuvrer dans l’ombre, plutôt que d’occuper un poste à responsabilités où il faut sans cesse servir de modèle, affublé que l’on est par des devoirs de bien-séance. Le visage de la Grèce ne devait ainsi pas présenter de taches, or ce fut le cas. Vieillissante et hideuse face à la Suède, des voix se sont élevées pour que sa tête soit mise au pilori, avant même qu’elle n’accepte d’enlever son fond de teint et n’entame une cure de jouvence aux côtés de sa sœur russe, assumant ainsi son être propre. Non celui, d’apparat, que le destin providentiel du football européen lui a permis de porter péniblement depuis quatre ans et dont certains s’offusquaient de ce qu’elle n’en était pas digne. 
Répétons-le une dernière fois, il s’était agi d’un miracle à ce moment-là de l’histoire, quelque chose comme un événement dont l’équipe de Grèce ne pouvait pas porter l’entière responsabilité, une force inouïe venue de l’extérieur qu’elle n’a pu, faute de moyens, conserver en son sein. Quelque chose, qui, comme l’a admis Rehhagel en conférence de presse, n’arrive que tous les trente ans.
Aujourd’hui, l’équipe de Grèce est déchargée de ses devoirs, elle n’a plus à prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, elle doit simplement – avec les qualités qui lui sont propres – se remettre au travail afin d’obtenir son billet pour l’Afrique du Sud et sa Coupe du Monde de 2010.


Les Russes aux anges !

Quant à la Russie, il se pourrait bien qu’elle parvienne à se qualifier aux dépends de la Suède mercredi prochain et qu’elle se donne ainsi le droit d’affronter la Hollande en quarts, ce qui donnerait probablement lieu à un affrontement de toute beauté. Les joueurs de Hiddink développent en effet un jeu au sol extrêmement vif et percutant qui pourrait rivaliser avec celui mis en place par les Bataves. Mais pour cela il faudra se montrer autrement plus efficace que contre les Grecs, où nombre d’occasions ont été galvaudées.

Grèce – Russie 0-1 (0-1)

Wals-Siezenheim, Salzbourg : 30 063 spectateurs.
Arbitre : M. Rosetti (It).
But : 33e Zyryanov 0-1.
Grèce : Nikopolidis; Seitaridis (40e Karagounis), Dellas, Kyrgiakos, Torosidis; Katsouranis, Basinas, Patsatzoglou; Charisteas, Liberopoulos (61e Gekas), Amanatidis (80e Giannakopoulos).
Russie : Akinfeev; Anyukov, Kolodin, Ignashevich, Zhirkov (87e Vassili Berezutski); Semak; Torbinski, Zyryanov, Semshov, Bilyaletdinov (70e Saenko); Pavlyuchenko.
Cartons jaunes : 42e Karagounis, 58e Liberoupoulos, 77e Saenko, 84e Torbinski.
Notes : la Russie sans Arshavin (suspendu). 87e, but de Gekas annulé pour hors-jeu.

Écrit par Philippe Verdan

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9 Commentaires

  1. Les calculs de la Grèce et son non-jeu de premier match contre la Suède se sont révèlés négatifs.
    La France avait pourtant démontré le mauvais exemple contre la Roumanie.
    Moralité: vive les équipes qui prennent des risques et offret du spectacle donc du JEU.

  2. Ne devient pas Sophocle qui veut. Surtout pas un auteur qui se regarde écrire.

    Cela dit, sur le fond, vous navez pas tort.

    A une nuance près toutefois: la Grèce et les grecs nont jamais prétendu avoir rejoint les grandes nations du football ou servir de modèle. Le titre a été gagné avec les moyens du bord et une bonne dose de réussite. Cette victoire est à voir comme la victoire dun petit pays aux moyens limités. Bien des compatriotes nadmettront pas cette remarque. Mais au-delà de la surenchère patrio-nationalisto-aveugle et de linévitable récupération politique du titre européen, je ne retiendrai quune seule chose: le cri de joie de Kalliopi, une veille dame égarée dans les rues de Kavala (pour ceux qui connaissent), qui fêtait naïvement la victoire dun pays, une région qui la vu naître et qui, un an plus tard, laura vu mourir.

    Cest aussi cela le football, une affaire dappartenance qui sen fiche un peu de la beauté du jeu.

  3. Mauvais pioche Otto! Tas voulu nous refaire le old-up mais tas perdu et cest tant mieux. On aime les équipes qui jouent, qui produisent du jeu, et non des pseudos tactiques défensivent.
    Dosvidania!

  4. Il est bon, el greco, de voir le foot ramené à une dimension plus humaine. Je ne peux que souscrire à ce message. Un argument qui va dans ton sens (si tu permets le tu): largument du beau jeu, celui-là même quutilise réhasansgoal, est celui qui reste au perdant. Car il peut gesticuler dans tous les sens, aller crier sur tous les toits sa hargne contre les spartiates, il ny changera strictement rien: la Grèce est championne dEurope 2004. Peu importe quelle nait pas confirmé, personne ne sy attendait…

    Enfin petite remarque de synthaxe: défensiver, cher réhasansgoal, nexiste pas. On ne dit pas je défensive, tu défensives etc. Défensive (de défensif) est un adjectif, au pluriel on y appose un S. Un perdant jusquau bout…

  5. ca sert a quoi de défendre quand tu sais que tu vas pas marquer ????cest comme vouloir sortir jusquà 5 heures du mat et que tu sais que tu vas pas rentré bourré!!!!! autant resté à la maison.cqfd

  6. Mats, tu ny es pas tout à fait. Je vais essayer dadapter mon propos à ton niveau de réflexion « acnéique ».

    1) La Grèce en 2004 a beaucoup défendu ET contre-attaqué. DONC elle na pas que défendu (ou défensivé dans la terminologie réhasansgoalienne) puisque cette stratégie la conduite au titre. Tu peux le déplorer, mais ça ne changera rien.
    2) La Grèce, en 2008, na QUE défendu face à la Suède. Elle sest effectivement plantée

    3) Face la Russie, quatre jours plus tard, changement de stratégie avec un début de match en 4-3-3, puis en 3-3-4 à la fin… La Grèce a donc tenté lattaque. Sans succès, nous sommes daccord. Un peu triste pour ma part, mais daccord.

    Que souhaites-tu donc démontrer avec ta jolie et fine métaphore ?

    Mon propos était le suivant: lélimination de la Grèce était prévisible, leur prestation, de plus, ne méritait pas mieux. Passe ton chemin.

  7. @El greco
    Pourquoi dites-vous que lauteur se regarde écrire, doù vous situez-vous pour porter un tel jugement? Vous devriez être bien plutôt rassuré (vu que vous semblez être Grec) de voir que Carton Rouge a réussi à trouver un rédacteur qui ne piétine pas léquipe grecque, comme cest le cas dans la plupart des autres médias!!!

  8. @Alekos

    Je me situe de mon point de vue de lecteur qui prenant connaissance dun texte publié, donc soumis à la critique publique, est en droit dexprimer une opinion. Après, cest votre droit de partager cette opinion ou non.

    Ensuite, jexprimais une opinion sur la forme pas sur le fond. Je me rallie grosso modo au contenu de larticle. Mais il serait bon davoir comme référence journalistique autre chose que les sempiternelles figures de style du 24heures ou les expressions usées des commentateurs sportifs de la TSR. Le texte de Verdan est lourdingue (le coup du visage hideux p.ex). Sa forme risque dailleurs den desservir le fond… En somme, il pourrait être plus élégant en étant plus sobre. A trop chercher leffet de style il expose ses lacunes.

    Ensuite, en ce qui concerne le piétinement de léquipe grecque, je vous donne raison mais je me rallie aux arguments du prof, mon nouvel ami.

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