Minimalistes les Allemands

L’Autriche quitte l’Euro au terme d’un match qu’elle n’aura pas réussi à enflammer très longtemps. Pourtant on a envie de dire que cette Allemagne là, bien que sereine sur l’ensemble du match, n’a pas vraiment impressionné.

C’est dommage. Dommage car on fondait de légitimes espoirs dans ce duel des frères ennemis qui pouvait offrir une occasion unique aux Autrichiens de se qualifier. Qui plus est face à des Allemands qu’on a vu (ouais ok, «que j’ai») vu trop beaux après leur match face au Polonais. Ce qui passait pour de petites imperfections à gommer (gommer, Gomez) continue de ronger le jeu allemand de l’intérieur. Heureusement on aura quand même bien ri, avec l’expulsion simultanée des deux entraîneurs. Ça a failli être encore plus marrant tant on a bien cru que le coach autrichien allait se la jouer à la Jon Drummond peu enclin qu’il était à quitter le terrain. De son côté, Joachim Loew nous a offert une scène cocasse lors de son arrivée dans les gradins avec cette poignée de main à Angela Merkel. Sans parler de la tronche à Schweinsteiger, suspendu et voisin de siège en la circonstance, dont le petit sourire narquois, mal dissimulé derrière sa main, en disait long.
Bon voilà, à part cela les Allemands continuent à être décevants tout en étant supérieurs cette fois. C’est un peu frustrant. Quelques réglages s’imposeront pour le séducteur J-Low. A commencer par Gomez donc, qui même s’il est victime d’une petite motte (une motinette) sur son gros raté de la 5ème, manque tout de même foutrement de présence pour ne pas la mettre en seconde intention de la tête.

Le missile de Ballack a fait mouche

La tête tiens, voilà un domaine où les Allemands pourraient encore faire parler d’eux. En tout cas ils devraient. Klose qu’on a eu tout loisir d’observer aux multiples super-ralentis de la télévision profite à juste titre de son crâne aérodynamique pour aller disputer des ballons là où l’oxygène se fait rare. Stratosphérique. Metzelder lui profite de son rembourrage pilo-Chabalesque pour servir de «bumper» latéral du flipper allemand. Une supériorité physique qui finalement aura probablement été l’une des clés du match, mais en tout cas pas le passe-partout.
Seul un éclair de génie du porte bonheur allemand illuminera en fait ce match. Michael Ballack en demi teinte jusque là profite du placement généreux du mur autrichien pour transpercer Macho, qui pour ma part me semble bien mal placé en la circonstance. Comme son mur quoi. Ce qui n’enlève rien au génie de l’Allemand, mais le relativise tout de même. Bref, Zubi il la bloquait d’une main celle là, mais ne déclenchons pas de polémique inutile. C’est juste un dernier élan de mauvaise foi, comme pour dire au revoir à notre ancien portier, et remplir quelques lignes de plus de cet article.
Voilà à part ça, pas grand-chose de bien enthousiasmant donc dans ce match qui devait déchaîner les passions. Les Autrichiens ont beau avoir légèrement bousculé des Allemands par quelques belles séquences sur les côtés (Garics, Pogatezt) ou au sens propre du terme par l’élégant Hoffer, reste que leur capacité de tueur leur fait largement défaut. Et l’honneur suisse lui est sauf, on a fait plus de points qu’eux, et marqué plus de buts. Ouf. Le sort en est jeté donc, sur ce groupe qui avait de la gueule, mais qui au moment de faire les comptes suscite plus d’interrogations qu’il n’en résout.

Autriche – Allemagne 0-1 (0-0)

Ernst Happel, Vienne. 51’428 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Mejuto Gonzalez (Esp).
But : 49e Ballack 0-1.
Autriche : Macho; Garics, Stranzl, Hiden (55e Leitgeb), Pogatetz, Fuchs; Aufhauser (63e Säumel), Harnik (67e Kienast), Ivanschitz, Korkmaz; Hoffer.
Allemagne : Lehmann; Friedrich, Mertesacker, Metzelder, Lahm; Fritz (93e Borowski), Ballack, Frings, Podolski (83e Neuville); Klose, Gomez (60e Hitzlsperger).
Notes : l’Autriche sans Prödl (suspendu). L’Allemagne sans Janssen (blessé) et Schweinsteiger (suspendu).
Cartons jaunes : 13e Stranzl, 31e Hoffer, 48e Ivanschitz. 41e Expulsion de Hickersberger et Low, les deux entraîneurs.

Écrit par Roby Steedman