Serie A : le point après cinq journées

La semaine anglaise qui s’est conclue ce week-end a apporté de nombreux enseignements. Certains cadors en crise ont bien redressé la barre, d’autres confirmé leur inconstance. Mais surtout, plusieurs clubs inattendus squattent les hautes sphères du classement. Petit tour d’horizon.

La Lazio vole en tête

Les Romains, suite à leur lourde défaite à San Siro contre le Milan lors de la 3e journée (1-4), avaient perdu la tête du classement, mais l’ont reprise dimanche à la faveur d’une autoritaire victoire à Turin (3-1) et à l’échec intériste lors du derby lombard. Surprenant, sur le papier peut-être, mais plus du tout lorsqu’on les voit jouer.
Pour le Romaniste que je suis, c’est douloureux à admettre, mais en ce début de saison la Lazio joue bien, et marque beaucoup de buts (meilleure attaque avec 13 réussites). Compacte et bien organisée, elle possède en Zarate et Pandev une doublette terrible en attaque (10 buts à eux deux). Le second a gagné en continuité dans son jeu, alors que le premier est tout simplement la grande révélation de ce début de saison.
Seul en tête du classement des buteurs avec 6 unités (dont encore un doublé dimanche), le jeune Argentin est aussi capable de dribbler et de passer, à témoin son festival sur le premier but contre le Toro : dans un périmètre très réduit, il enrhumait la moitié de la défense adverse avant de glisser lucidement et dans un trou de souris à son compère Pandev, qui sans contrôle ne se faisait pas prier pour expédier le cuir là où il faut. Et dire que la presse transalpine se gaussait largement des dirigeants de la Lazio quand ceux-ci, à la présentation de leur nouvel attaquant, l’avaient comparé à Leo Messi. Non, Mauro Zarate n’est pas Messi, Zarate est Zarate, il va se faire son propre nom. Et la Lazio pourrait bien être la grande surprise du championnat…

Napoli, Udinese et Catania en pleine bourre

On l’avait pressenti, mais cela se confirme encore au-delà de ce qu’on pouvait attendre : Napoli et l’Udinese sont là, et bien là (respectivement 2e et 3e avec 11 et 10 points).
Toujours invaincus, les Napolitains continuent sur leur lancée et dopent l’enthousiasme déjà habituellement débordant des habitants du pied du Vésuve. Du jamais-vu depuis l’ère Maradona. Avec le premier but sous ses nouvelles couleurs de Germán Denis, Napoli a assuré l’essentiel à Bologne (1-0) et se pose en véritable mine dérivante du Calcio.
De son côté, l’Udinese continue de convaincre. Un vrai groupe, un collectif soudé et quelques individualités de classe, au premier rang desquelles le virevoltant Di Natale. Mais aussi l’autre international italien Fabio Quagliarella, sur le banc lors de la 4e journée (triomphe 3-0 à Bologne) mais décisif lors de la 5e et de la victoire 2-1 contre Sienne : en 7 minutes, il ouvrait le score et délivrait à Pepe l’assist du second but. Attention, le club du Frioul est à surveiller de près…

La grande classe

Quant aux Siciliens de Catane, ils font un début de saison incroyable, avec 10 points au compteur, dont le plein en trois matches à domicile. Dernière victime en date de la troupe de Walter Zenga : le Chievo, battu 1-0 grâce à un but de Paolucci et à un superbe Ledesma, stratosphérique en milieu de terrain. A ce rythme-là, Catania devrait atteindre sans trop d’encombres son objectif déclaré : le maintien…

L’Inter n’enthousiasme pas

Mourinhesque ? On pourra toujours gloser sur le style des équipes du coach portugais, rarement flamboyant et pourtant souvent efficace. Mais l’Inter, en ce début de saison, n’enthousiasme pas, loin s’en faut, même si elle compte 10 points et devance encore tous les autres favoris. En termes de jeu, ce n’est pas terrible, il faut l’admettre.
Encore sauvés en fin de match par leur joker de luxe Julio Cruz dans le succès chichement acquis contre Lecce (1-0), les Intéristes ont subi une défaite mortifiante dimanche soir, la première de leur saison, contre leur voisin honni de l’AC Milan. Bon, vu la médiocrité du match, un nul n’aurait pas été injuste. Mais cet échec pourrait bien insinuer le doute dans le groupe du capitaine Zanetti (encore énorme dimanche) au vu de la manière déployée. Paradoxalement, c’est à 10, suite au rouge reçu par Burdisso, que l’Inter se créait sa meilleure occasion, mais Adriano, seul à 5 mètres, dévorait littéralement une gigantesque opportunité offerte sur un plateau par Maicon.
A noter que Materazzi a trouvé le moyen de se faire expulser lui aussi… du banc, qui plus est. On ne se refait pas…

L’AC Milan en nette reprise

Tout n’est pas encore parfait, mais la clique d’Ancelotti, après deux défaites initiales, montre des signes très intéressants de reprise. Trois victoires d’affilée, dont une correction infligée à la Lazio, alors leader (4-1 avec la manière), une victoire 2-1 à la Reggina (vraiment faible cette saison) et surtout ce succès contre le voisin intériste. Grâce à une magnifique tête dans la lucarne de Ronaldinho (pourtant pas son registre préféré), à l’origine et à la conclusion d’une rupture rondement menée avec Kaka. La joie intense et non contenue de Ronnie après le but faisait plaisir à voir, même à ceux qui n’apprécient pas particulièrement le Milan, car voir un génie du foot retrouver petit à petit son meilleur niveau, ça fait forcément plaisir à tous les amoureux du jeu. De plus, son entente avec Kaka et Pato semble pouvoir se faire, ce qui doit remplir d’espoir tout le clan rossonero.

Ronnie retrouve la forme. Tant mieux pour le foot !

Le jeu milanais manque encore un peu de liant, rappelons ici l’absence de Pirlo, bien suppléé dimanche par Seedorf dans une position inhabituelle pour lui. Et la défense donne encore parfois des signes de fébrilité, mais l’AC semble clairement sur la bonne voie et capable d’éviter la crise qui grondait après les deux premières journées.
A noter dimanche une scène hilarante, Gattuso se faisant l’auteur d’une faute par derrière sur Cambiasso juste au bord du terrain sous les yeux d’Ancelotti, déclenchant l’ire de celui-ci. Mais Ringhio étant celui qu’il est, c’est lui qui a fini par gueuler le plus fort, hurlant à son coach, les veines saillantes sur le front : «Mais t’as pas bientôt fini !?! Tu es toujours là à parler !»… Réaction de Carlo Ancelotti après le match : «Péripétie, il est comme ça et c’est notre rapport normal»… Il faudrait l’inventer s’il n’existait pas, le pitbull milanais…

La Juve marque peu

Est-ce l’absence de Trezeguet ? Le style austère à la Ranieri ? Quoiqu’il en soit, et malgré le bon début de saison d’Amauri (3 réussites), la Juve n’a inscrit que 4 buts en 5 matches. Samedi soir, Del Piero aurait pu faire pencher la balance, mais seul face au gardien de la Sampdoria, il envoyait son tir du droit sur l’extérieur du poteau. Avant cela, une action hallucinante de billard voyait les montants du même gardien renvoyer par deux fois en deux secondes les tentatives de Giovinco et Amauri pour la Vieille Dame. Un manque de réussite qui la forçait à se contenter d’un match nul et vierge contre les Gênois. Mais la sécheresse offensive turinoise ne porte pas trop à conséquence au classement, dans la mesure où la Juve est à 9 points, dans le sillage des meilleurs, grâce à sa grande solidité défensive. Il faudra toutefois rapidement trouver les solutions devant la cage adverse, car après tout, le foot, c’est d’abord savoir marquer un but de plus que l’adversaire…

La Roma et la Fiorentina en dents de scie

Elles ont toutes deux mal commencé l’exercice, avec un point en deux matches, mais la Louve et la Viola paraissent se reprendre quelque peu. Toutefois, ni l’une ni l’autre ne semblent encore avoir atteint leur rythme de croisière, alternant le bon et le moins bon. Pourtant, avec 7 points, elles ont encore en ligne de mire la tête du classement.
La Roma de Luciano Spalletti remportait lors de la troisième journée sa première victoire de la saison contre la Reggina (3-0), excellent viatique pour exorciser l’humiliante défaite concédée en CL à domicile contre les Roumains de Kluj. Mais dans la foulée, elle s’inclinait 3-1 devant le Genoa d’un Diego Milito en feu (4 buts en 5 matches) avant de redresser la barre avec un 2-0 dimanche contre la surprenante Atalanta, qui compte 9 points au classement. Dans ce match où Spalletti devait composer sans Totti, Juan, Cassetti, Baptista, Tonetto, Pizzarro et De Rossi (rien que ça), c’est Matteo Brighi qui tenait de façon inattendue le haut de l’affiche, se faisant l’auteur d’un match énorme dans l’entrejeu. Comme quoi, le banc de la Roma est tout de même plus profond que la saison dernière. Aquilani est en train de prouver à tous son grand talent, mais Totti est toujours absent, et on ne sait pas vraiment quand l’idole des Giallorossi fera son retour, alors qu’on nous l’annonce depuis des semaines. Les rognures d’ongles doivent s’amonceler à Rome…
La Fiorentina, de son côté, semble encore en phase de rodage, elle aussi en dents de scie. Une petite victoire contre Bologne (1-0, 3e journée), une fessée reçue par la Lazio (0-3) puis encore une courte victoire samedi contre le Genoa (1-0) ne sont pas forcément faites pour instiller une inébranlable confiance dans le groupe de Prandelli. Mais une chose doit bien réjouir le coach et tous les supporters florentins : la renaissance de Gilardino, encore décisif contre le Genoa avec un but incroyable, de véritable avant-centre, pressé par 3 défenseurs mais parvenant à se retourner et à croiser splendidement sa frappe dans le petit filet au milieu d’une forêt de jambes pour son 3e but de la saison, le 5e en comptant son doublé contre Lyon en CL…

Gilardino enquille but sur but

Palerme dans le bon wagon

Dans le sillage du Speedy Gonzalez du Calcio, Fabrizio Miccoli, les joueurs de la capitale sicilienne s’accrochent au bon wagon, avec 9 points au compteur. Le remuant attaquant de poche a déjà inscrit 4 buts cette saison, dont le seul du match dimanche contre la Reggina. Sa forme étincelante fait entrer en transe le bouillant public palermitain à chaque fois qu’il touche le ballon, et le nain semble vraiment revenu à son meilleur niveau. De bon augure pour les maillots roses, qui pensent bien se battre jusqu’au bout pour une place en Europe.
A noter dans cette rencontre le beau geste de Brienza, joueur-fétiche de la Reggina, qui partait seul affronter le gardien Amelia mais stoppait son action après avoir remarqué que deux joueurs gisaient à terre suite à un choc tête contre tête, et se faisait proprement ovationner par le public sicilien. L’arbitre n’avait pas sifflé, Brienza n’était donc pas obligé de s’arrêter. Pas sûr qu’à Reggio Calabria on ait particulièrement apprécié, puisque la Reggina (1 point) ne précède que les Sardes de Cagliari (à sec) au classement. Mais ce geste de grande sportivité fait un peu de bien dans un Calcio plutôt terni par une violence endémique autour des stades, qui mène à ce que les déplacements des supporters lors de certains matches soient tout simplement et de plus en plus souvent interdits. Un peu de douceur dans un monde de brutes…

Les matches de la 6e journée

Samedi 4 octobre :
Lazio- Lecce
Inter-Bologna
Dimanche 5 octobre :
Udinese-Torino
Atalanta-Sampdoria
Chievo-Fiorentina
Genoa-Napoli
Juventus-Palermo
Reggina-Catania
Siena-Roma
Cagliari-Milan

Écrit par Gian del Mulo