Chloote isch besser !

Rarement cité parmi les favoris mais souvent placé, le EHC Kloten étonne son monde à la faveur d’un parcours jusqu’ici brillant. Offensivement impressionnante, l’armada zurichoise pourrait bien aller loin. Très loin. Possédant une ossature expérimentée assaisonnée de jeunes pousses explosant au plus haut niveau, les Aviateurs commencent à récolter les fruits de l’excellent travail mené par leurs entraîneurs mûs d’une volonté de bâtir sur le long terme.

Présent en ligue nationale A depuis 1962, le club zurichois peut se targuer de ne jamais avoir connu de relégation depuis sa création. Cette série ininterrompue de quarante-six saisons au plus haut niveau du hockey suisse force le respect et les Aviateurs représentent en quelque sorte l’image des derniers résistants de la race surannée des clubistes. Accrochés au plafond du sanctuaire du Schlüefweg, les chandails de Schlagenhauf, Wäger, Hollenstein et Pavoni témoignent d’une fierté et d’un respect humble que possèdent les partisans de Kloten envers ces légendes ayant évolué durant pratiquement toute leur carrière dans le club zurichois. Symbolisant cette espèce en voie d’extinction, Marco Klöti – retraité depuis deux saisons – fut le dernier rescapé de cette génération dorée se connaissant entre eux depuis l’âge des couches-culottes et titrée quatre fois de suite entre 1993 et 1996.Misant sur un travail axé sur la continuité, les banlieusards zurichois sont à la tête de l’une des meilleures filières de formation du pays. Cette dernière a vu passer de nombreux romands talentueux tels que Rothen, Gailland, ou encore Jacquemet. Il en résulte une constance de métronome en observant attentivement les performances globales des équipes situées aux différents échelons de l’organigramme de cette structure pyramidale. Actuellement, il devient de plus en plus délicat pour Kloten de régater économiquement avec les grosses cylindrées du championnat, notamment Lugano et le rival zurichois. Du côté des caisses noires luganaises et des notables du Hallenstadion, on n’hésite plus à allonger de substantielles sommes d’argent afin d’acquérir les services de joueurs formés à Kloten. Ayant le soutien de généreux donateurs prêts à éponger des pertes en cas de coup dur, les Aviateurs ne peuvent bénéficier d’un quelconque mécénat. La flambée des prix aidant, il devient mission impossible d’y retenir ces stakhanovistes de la crosse à l’instar de Wichser, Blindenbacher, ou Romano Lemm. Inexorablement, la population de ces clubistes – imprégnant une certaine nostalgie dans le subconscient de ceux qui les adulent – périclite.
Autrefois dirigé par de charismatiques entraîneurs tels que Conny Evensson ou le fantasque Vladimir Jursinov, les clés du EHC Kloten sont désormais propriété d’un duo de la maison: «Fige» Hollenstein et Andreas Eldebrink. Pourvus d’une expérience relativement pléthorique à ce poste, les anciens numéros 24 et 32 ont su inculquer une dynamique de groupe qui porte ses fruits. Après trois précédentes saisons aux résultats plutôt encourageants, le duo d’entraîneurs réussit à mettre parfaitement en évidence la quintessence du jeu des Zurichois arrivé à maturité. Savant mélange entre jeunes qui se voient octroyer une totale confiance, roublards se vantant d’une précieuse expérience, et mercenaires excellant dans cet amalgame, Kloten joue les trouble-fêtes et déjoue les pronostics d’avant-saison. Bien plus que le classement, c’est la qualité du jeu présenté par les Aviateurs qui suscite tous les superlatifs. Diamétralement opposée au style bûcheron et physique du favori bernois, elle possède une vocation thérapeutique pour tout péquin qui souhaiterait se réconcilier avec ce sport. La complémentarité entre une offensive redoutable et une défense solide donne des ailes aux Aviateurs, lesquels se mettent à rêver d’une nouvelle ère glorieuse initialisée par un titre national. Il est permis de rêver du côté de la nouvellement nommée Kolping Arena, preuve que les Kloten Flyers évoluent malgré le côté populaire et familial du club.

Revenons au match de la soirée !

Paradoxalement, ce n’est pas le meilleur visage de Kloten que l’on a pu voir. Le défenseur du EV Zoug Harrison – dont le tiroir avait littéralement volé en éclats suite à un slap de Santala – arborait fièrement pour l’occasion un nouveau dentier tout reluisant. Ayant tiré les enseignements des précédentes défaites, les Zougois ont parfaitement quadrillé la zone médiane, empêchant les Aviateurs de développer leur jeu d’attaque. Résultat, ce fut un match plutôt fermé façon Krüger, où l’importance du jeu de contre prit le pas sur le reste. Toutefois, la marque se débloqua dès la première période. Un drop de Santala dans les tribunes, suivi d’un plongeon de l’infâme Holden tête première dans la bande (une simulation que n’aurait pas renié James Desmarais) ont donné une double supériorité numérique aux visiteurs. Après deux canardages en règle du transparent Isbister, Rüeger se fabriqua lui-même le but, comme un grand, en rabattant la rondelle vers lui. Manque de bol, le portier zurichois était déjà dans son but. L’égalisation de Kloten survint peu de temps plus tard, également en avantage numérique, par la ligne de parade.
Puis… plus rien. Ou du moins pas grand-chose à se mettre sous la dent. L’occasion de disserter sur l’arbitrage. M. Kämpfer a déjà prouvé à maintes reprises qu’il était mauvais en LNB. Qu’on se rassure, ce n’est guère plus faramineux dans la catégorie supérieure. Cannes dans les patins non sifflées, Jeu interrompu alors que le puck était jouable, checks réguliers sanctionnés, il a eu le mérite de mettre un peu d’ambiance dans une patinoire étrangement peu remplie. Etant donné le score de parité à l’issue du temps réglementaire, il a fallu recourir aux tirs au but. Comme souvent, cette épreuve est un exercice opposant cinq tireurs de chaque côté, et où Rintanen gagne toujours à la fin.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Kloten – Zoug 2-1 tab (1-1 0-0 0-0)

Kolping Arena : 3523 spectateurs.
Arbitres : MM. Kämpfer, Mauron et Schmid.
Buts : 13e Isbister (Holden, Di Pietro/5c3) 0-1. 17e Wick (Rintanen, Du Bois/5c4) 1-1.
Tirs au but : DuPont manque, Santala 1-0, Brunner manque, Jacquemet 2-0, P. Fischer I 2-1, Von Gunten manque, Holden manque, Liniger manque, Isbister 2-2, Rintanen 3-2.
Pénalités : 9 x 2´ contre Kloten; 9 x 2´ + 1 x 10´ (Christen/déclaration d’amour maladroite à l’encontre de M. Kämpfer) contre Zoug.
Kloten : Rüeger; Schulthess, Hamr; Von Gunten, Winkler; Du Bois, Sidler; Welti; Rintanen, Santala, Wick; Lindemann, Kellenberger, Stancescu; Jenni, Liniger, Rothen; Jacquemet, Schlagenhauf, Walser.
Zoug : Berra; DuPont, Harrison; Diaz, Back; Do. Meier, Kress; Bianchi, Maurer; Isbister, Holden, Christen; Di Pietro, P. Fischer I, Brunner; Schnyder, D. Camichel, C. Camichel; Casutt, Steinmann, Lüthi.
Notes : Kloten sans Hofer, Brown (blessés), Bonnet, Müller ni Bodenmann (en pénitence avec Thurgovie); Zoug sans Weibel, McTavish, Oppliger (blessés) ni Sutter (explosé par Romy).

Écrit par Mathieu Nicolet

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5 Commentaires

  1. Infinitésimale, qui est extrêmement petit. Mon cher Mathieu, faites attention à votre vocabulaire !

    L’auteur de l’encyclopédie du savoir absolu, pour vous servir.

  2. Diantre ! Nos chers lecteurs voient tout.

    Un grand merci, cher Diderot, pour cette remarque pertinente. Correction effectuée et blâme infligé à ma propre personne.

    Amicalement,

    MN

  3. Kloten, c’est (la) référence en Suisse, de ce qu’il faut faire pour tenir en ligue A, tout en privilégiant les juniors. J’ai toujours apprécié ce club, ( après les « autres » romands bien sûr ! ). Ils jouent un hockey moderne, physique et spectaculaire, et dès qu’ils ont une super-génération de juniors ( presque une année sur deux les leurs sont champions ! ), ils peuvent jouer le titre.

    Tiens, cette année, ça fait 30 ans que je suis allé pour la première fois au Schluefweg, et je me souviens assez bien ce premier Kloten-LHC ( oui, oui, on a eu joué contre eux ! ) car ça correspond à la période ou notre gardien Andrey, blessé à moto l’été, avait été remplacé par le canadien Robert ( y’a t’il des nostalgiques par là ? ) Sirois, qui jouait comme un libéro de foot. Et que surtout, et « malheureusement », cette saison 78-79 ( 1900, ,je précise ! ) reste, depuis, la meilleure du LHC en LNA, ( 5ème sur 8 )

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