Lausanne assure l’essentiel

Face à de faibles Neuchâtelois, le LHC s’est décidé à passer la seconde vitesse dès la fin du premiers tiers, sans toutefois monter les tours. Dans une position de plus en plus inconfortable, Dany Gélinas s’est donné un peu d’air avec cette victoire obtenue dans une ambiance bien feutrée.

Un public clairsemé, un adversaire sur le papier qui n’incitait pas à passer son samedi soir à Malley, d’autant plus que les trois précédentes confrontations contre Young-Sprinters se sont toujours soldées par un piètre spectacle. Ce match aura permis d’empocher les trois points et de rester ainsi dans le bon wagon de tête. Toutefois, les interrogations subsistent en commençant par le (non-)système de jeu, ainsi que la légitimité que possède Dany Gélinas parmi ses troupes. Alignant une composition une nouvelle fois inédite avec une quatrième ligne formée de Gailland, Yake et Frunz, l’entraîneur canadien a-t-il voulu punir les deux premiers cités, ou simplement tester une nouvelle combinaison ? La question mérite d’être posée.Cinq premières minutes mettant en œuvre une pataugée généralisée du collectif lausannois aura suffi pour que les premiers sifflets se fassent entendre. Une entame désastreuse sanctionnée par un premier but neuchâtelois sur une action pas franchement construite. Dans le contexte actuel, cela a suffi pour mettre en défaut le secteur défensif qui se révèle, match après match, comme l’un des principaux points faibles du jeu lausannois. Parallèlement, le LHC connut une poisse certaine dans leurs (rares) incursions en touchant à deux reprises les poteaux d’un Beltrametti peu sûr (Rüfenacht à la 8e minute et Miéville à la 11e). Dès lors, les Vaudois se décidèrent de passer enfin la seconde vitesse pour renverser la vapeur. Ce qui fut fait par Charpentier et Leeger. De l’autre côté, Young-Sprinters se contentait d’essayer de profiter de chaque approximation de l’arrière-garde lausannoise pour créer le danger devant un Tobler qui n’a également pas montré toutes les garanties ce soir.

Un but en supériorité numérique !

Durant la deuxième période, le LHC a poursuivi sur la même voie en veillant à ne pas trop mouiller le maillot. Contre une équipe privée de nombreux bons éléments retenus en sélection nationale des moins de 20 ans, les Lausannois inscrivirent deux nouvelles réussites par Charpentier et Baumann. Fait extrêmement rare, la troisième réussite lausannoise fut réalisée alors que les locaux possédèrent un homme de plus sur la glace. Il faut remonter au match contre Sierre pour retrouver la trace d’un but vaudois inscrit dans cette situation de jeu. Cependant, cette réussite fut le fruit d’un effort personnel du Canadien. Sur ce point, ce match a permis de se rendre compte qu’il n’y a décidément aucun système dans le jeu de puissance lausannois: l’installation d’un power-play digne de ce nom est à chaque fois laborieuse et n’aboutit que trop rarement à un tir dangereux. Peut-être a-t-on changé les règles du jeu en cours de route ? Il est possible qu’à l’image du basket, il soit désormais interdit de rester plus de trois secondes dans le slot. Ce qui expliquerait donc l’absence constante de tout joueur du style Baumann, Staudenmann ou Zeller dans cette zone pour faire écran ou tenter une déviation, matérialisant de ce fait la stérilité vaudoise dans cette phase de jeu. Chaque initiative personnelle provoque la surprise d’un coéquipier qui a dès lors toujours un temps de retard, permettant ainsi à la «boîte» adverse de récupérer le puck.
Le power-play fut le seul domaine où les Neuchâtelois furent supérieurs à leurs homologues. Chaque joueur sachant où il doit se placer et ce qu’il doit faire, il est aisé de constater que Mirek Hybler a instauré un véritable système de jeu dans cette situation. Meilleur dans la vitesse d’exécution, Young-Sprinters s’est montré bien plus dangereux que le LHC en dépit de son manque de réussite comptable. La troisième période, bien fade, a vu les Lausannois gérer leur avantage. Logiquement, rien ne sera marqué durant ce tiers-temps qui a été arbitré à deux, l’un des juges de ligne ayant dû quitter la glace suite à un dégagement de Villa sur ce dernier.

Coaching parasite ?

On ne peut plus nier que cette équipe possède un sérieux problème. Certes, Gélinas ne fait pas l’unanimité dans le vestiaire. Il n’existe bien évidemment aucun coach qui puisse la faire. Cependant, il y a cette fâcheuse impression que certains joueurs évoluent contre ce dernier. On voit souvent Terry Yake promulguer de nombreux conseils à ses coéquipiers sur la glace. Face aux grandes libertés qu’octroie Gélinas à ses joueurs, nous pouvons légitimement se poser la question de savoir si Yake possède une tout autre vision des choses. A agir de la sorte, c’est toute l’équipe qui se retrouve en danger et il faudra d’urgence régler les problèmes si l’on compte encore revoir du hockey à Malley au mois de mars. Simple suggestion, on pourrait d’abord décharger certaines tâches à Dany qui ne devraient pas être les siennes. Passer une heure au téléphone avec une mère d’un junior mécontente n’est peut-être pas la meilleure solution pour préparer un match avec la première équipe.
A Lausanne, il y a souvent eu cette détestable habitude de voir les joueurs décider en lieu et place des vrais patrons. Du coup, chaque entraîneur qui sait tenir ses gars passe pour un dictateur sanguinaire, et celui qui ne sait pas passe pour un mou incompétent. Travailler sur le long terme avec un technicien serait aussi un concept intéressant à tester du côté de Lausanne. Il paraîtrait, selon certaines sources, que ça pourrait éventuellement porter ses fruits. Cela dit, remplacer Gélinas avant la nouvelle année aura comme premier effet d’être à nouveau la risée du hockey helvétique. Et surtout, de pouvoir tout recommencer à zéro la saison prochaine…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne ­– Young-Sprinters 4-1 (2-1 2-0 0-0)

Malley : 2320 spectateurs.
Arbitres : MM. Schmutz, Huguet et Schmid. 
Buts : 5e Krebs (Perrin, Hasani) 0-1. 14e Charpentier (Bonnet, Miéville/pén. différée) 1-1. 18e Leeger (Rüfenacht, Lüssy) 2-1. 28e Charpentier (Miéville, Schäublin/5c4 !!!) 3-1. 31e Baumann (Staudenmann, Sigrist) 4-1.
Pénalités : 6 x 2´ contre Lausanne; 8 x 2´ contre Young-Sprinters.
Lausanne : Tobler; Trunz, Grieder; Leeger, Schäublin; Villa, Chavaillaz; Lardi; Baumann, Staudenmann, Sigrist; Bonnet, Miéville, Charpentier; Lüssy, Rüfenacht, Zeller; Frunz, Yake, Gailland; Suri.
Young-Sprinters : Beltrametti; A. Bielmann, C. Bielmann; Ryser, S. Abplanalp; L. Girardin; Beer; C. Girardin; Dlouhy, Scherwey, Vostrak; Genazzi, Krebs, Hasani; Perrin, Lauper, Personeni; Montandon, Isabella.
Notes : Lausanne sans Tremblay (blessé); Young Sprinters sans Loeffel, Merzaghi, A. Berger, Hiltebrand, L. Mano et Hezel (soit en sélection M20, soit blessés).

Écrit par Mathieu Nicolet