Le Werder et ses Brésiliens en démonstration

La ville de Francfort est surtout réputée pour son aéroport, ses gratte-ciels et ses banques, pas tellement pour son club de foot. D’une manière générale, plus la concentration de banques est élevée dans une ville, moins la ferveur des fans pour les équipes sportives locales est grande. On en veut pour preuve l’ambiance «tennistique» qui règne au Hallenstation, au Cornaredo, à Louis II ou encore aux Vernets. Francfort est l’exception qui confirme la règle.

Car l’enthousiasme des supporters de l’Eintracht est assez incroyable. Même si, dans ce match contre le Werder Brême, les évènements prendront rapidement une tournure très défavorable pour leur équipe favorite, ils n’arrêteront pas de chanter et de sautiller jusqu’à la fin. Pourtant, cet Eintracht 2006-2007 est plus besogneux que talentueux. On est loin de l’époque où ce qui s’appelait encore le Waldstadion vibrait aux exploits des Augustine Okocha, Anthony Yeboah et autres Urs Güntensperger. S’agissant du dernier nommé, on n’est pas certain qu’il ait vraiment enflammé Francfort mais je voulais juste rappeler l’existence de cet ancien joueur suisse que j’avais complètement oublié et qui s’est rappelé à mon bon souvenir à l’occasion de ce déplacement dans la capitale économique allemande. Comme les fans du Werder sont très nombreux à avoir fait le déplacement (on les comprend, vu la qualité du football proposé par leur équipe), la partie débute dans une vraie ambiance de fête.

A deux exceptions près (Schulz pour Wome et Klasnic pour Almeida), Thomas Schaaf aligne la même équipe qu’à Barcelone. Mais l’adversaire n’est pas tout à fait du même calibre à la Commerzbank Arena qu’au Camp Nou. D’emblée, c’est un vrai match de Bundesliga avec deux systèmes défensifs complètement folkloriques. Après trois minutes, le défenseur central brêmois Naldo se retrouve en position de centre-avant et profite d’un service de Klasnic et d’un alignement catastrophique de la défense adverse pour ouvrir la marque. Sur l’engagement, l’Eintracht obtient un coup franc que Streit dépose sur la tête de Russ qui devance la sortie manquée de Wiese pour l’égalisation. Dans la foulée, Francfort se crée trois grosses occasions de prendre l’avantage avant la 10ème, sans résultat, Incontestablement le tournant du match car sur sa deuxième incursion dans le camp adverse, Werder doublera la mise par Jensen, servi par Diego et Klasnic (je peine à comprendre pourquoi Schaaf lui a préféré le décevant Almeida au Camp Nou).
Après douze premières minutes franchement exaltantes, la rencontre sombrera dans le néant jusqu’à la 31ème, moment que choisit Naldo pour inscrire le 3-1 en reprenant un coup franc de Schulz au milieu d’une défense qui a dû prendre des cours de marquage avec Roberto Carlos. L’Eintracht marquera un deuxième but, lequel sera justement annulé pour hors-jeu après une nouvelle sortie zuberbühlerienne de Wiese. Le match sera définitivement plié dès la reprise avec un coup franc insidieux de Naldo (sa troisième réussite !) qui a surpris le gardien Pröll, gêné par un attaquant adverse en position litigieuse. Attila, l’aigle mascotte de l’Eintracht, qui a plus d’allure que le poulet de Genève Servette, était dépité.

Si elle n’a pas beaucoup de talent, cette équipe de l’Eintracht ne manque ni de cœur ni de volonté. Malgré son retard, elle repartira inlassablement à l’assaut des buts de Wiese, irréprochable en deuxième mi-temps, et se créera une multitude d’occasions. Sur le 10ème des 15 corners obtenus, Kyrgiakos reprendra le centre de Streit pour inscrire un deuxième but ô combien mérité. Le fol espoir d’un impossible retour envahit le stade, les corners se succèdent pour l’Eintracht. Malheureusement, sur le contre qui suivit le coup de coin numéro 13, Spycher s’est retrouvé esseulé en un contre un face à Diego. Un relais de Klose plus tard et Vranjes inscrivait le 2-5. Après avoir éclaboussé la partie de toute sa classe, Diego clôturera le festival du Werder par un but à la dernière minute. S’il est encore un peu juste pour éliminer le Barça au Camp Nou, le petit Brésilien est nettement au-dessus du lot en Bundesliga. J’ai toujours prétendu qu’il suffisait d’un numéro 10 capable de donner des balles précises dans les espaces béants laissés par les défenses allemandes et d’un attaquant pas trop maladroit devant le but pour finir champion d’Allemagne. Le Werder a plus que ça. Marquer six buts sur terrain adverse, sans qu’aucun attaquant n’inscrive son nom au tableau des buteurs, dénote un potentiel offensif certain. Le score est certes trop sévère pour l’Eintracht qui a davantage tiré au but que son adversaire du jour mais la différence de classe entre les deux formations était patente. Une victoire à domicile dimanche prochain contre Wolfsburg suffira au Werder pour être sacré champion d’automne. En attendant mieux, car cette équipe sera un client très sérieux au printemps pour un titre de champion d’Allemagne et une victoire en Coupe UEFA, compétition dans laquelle l’Eintracht jouera sa survie mercredi soir. Il faudra une victoire au stade Sükru Saraçoglu d’Istanbul face au Fenerbahce de Zico pour que les Francfortois poursuivent leur aventure européenne. On souhaite d’ores et déjà bien du plaisir à Spycher et surtout Huggel (remplaçant contre le Werder). En conclusion, avec huit buts, quelques Licher (la bière du coin) et en prime un poster géant de Patrick Ochs dans le programme de match, ce déplacement à Francfort en valait le coup. Stratégiquement, j’ai gardé quelques euros sur la carte magnétique servant à payer aux buvettes, ce sera un excellent prétexte pour revenir.

E. Francfort – Werder Brême 2-6 (1-3)

Commerzbank Arena : 51 400 spectateurs.
Arbitre : M. Kinhöfer.
Buts : 3e Naldo (0-1), 4e Russ (1-1), 11e D. Jensen (1-2), 31e Naldo (1-3), 48e Naldo (1-4), 81e Kyrgiakos (2-4), 86e Vranjes (2-5), 90e Diego (2-6).
Eintracht : Pröll ; Ochs, Kyrgiakos, Russ, Spycher ; Streit, Meier, Rehmer, Vasoski (78e Chris), Thurk (46e Köhler) ; Takahara.
Werder : Wiese ; Fritz (81e Pasanen), Naldo, Mertesacker, Schulz ; D. Jensen (75e Vranjes), Frings, Diego, Borowski (68e Wome) ; Klose, Klasnic.
Avertissements : Streit (43e), Mertesacker (44e), Ochs (52e), Fritz (78e).

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.