Période XLVII : 26 – 31 décembre 2012

La dernière sélection annuelle du Crampon Rouge fait la part belle à la Premier League: n’y voit aucun favoritisme mais l’actualité du football est ainsi faite. La proclamation des résultats finaux interviendra incessamment sous peu. Pour la remise du trophée, cela reste encore à organiser, peut-être dimanche prochain du côté du Camp Nou, à confirmer…

Tops

1. Kenwyne Jones (Stoke City) +25 points

Dans une Premier League de plus en plus internationale et impersonnelle, Stoke City et son indémodable kick ’n rush font plaisir à voir. L’artiste Roberth Huth à la construction, des longs ballons en veux-tu en voilà et un schéma offensif presque immuable: ballon aérien et déviation de Kenwyne Jones pour Jonathan Walters dans l’espace. C’est ainsi que les Potters ont inscrit deux des trois buts de la victoire contre Liverpool lors du Boxing Day (3-1). Entre les deux, Kenwyne Jones avait aussi marqué sur corner. Aux dernières nouvelles, Skrtel et Agger se réveillent encore au milieu de la nuit en cauchemardant sur leurs duels aériens avec l’attaquant trinidéen. Ce dernier a montré qu’il pouvait aussi jouer dans un registre plus subtil en marquant d’une talonnade raffinée contre Southampton, avant de retrouver un style plus en puissance pour être à l’origine des deux buts qui ont permis aux Potters, pourtant réduits à dix, de revenir de 1-3 à 3-3 contre les Saints. Stoke a manifestement aussi conservé le fighting spirit britannique.

2. Frank Lampard (Chelsea) +20 points

L’année 2012 de Chelsea aura été placée sous le signe du hold-up, le dernier match de l’année à Goodison Park n’aura pas échappé à la règle. Malmenés physiquement par une épatante équipe d’Everton, menés au score, sauvés trois fois par les montants, deux fois par un Cech étincelant avant sa sortie sur blessure et une fois par un immense raté de Jelavic à la 94e, les Blues ont profité de deux de leurs rares incursions dans le camp des Toffees pour truander la victoire (1-2). Grâce à deux réussites pleines d’opportunismes de leur capitaine Frank Lampard (avec un léger soupçon de retour de hors-jeu sur la première). Déjà buteur contre Aston Villa pour son 500e match sous le maillot londonien, le numéro 8 des Blues montre qu’il se défoncera jusqu’au bout pour son club, même si son contrat à Stamford Bridge ne sera sans doute pas renouvelé en fin de saison.

3. Gareth Bale (Tottenham Hotspurs) +15 points

Gareth Bale, c’était la hype de l’automne 2010, avec notamment un triplé impressionnant à San Siro, on lui prédisait un transfert prochain dans les plus grands clubs d’Europe. Depuis, le Gallois était un peu rentré dans le rang mais il a suffit d’un triplé sur la pelouse d’Aston Villa pour que l’on reparle de lui au Real ou au Barça. En trois fulgurances à Villa Park, le gaucher de Cardiff a prouvé qu’il n’avait rien perdu de son coup de rein ni de sa frappe surpuissante. En réussissant là où Manchester City avait échoué, soit s’imposer à Sunderland après avoir été mené au score, Tottenham fait partie des grands bénéficiaires de la Boxing Week. Gareth Bale a été moins en vue au Stadium of Light mais il s’y est tout de même distingué par un solo monstrueux de soixante mètres qui aurait dû permettre à Defoe d’inscrire le but de la sécurité. Et aussi par un avertissement pour une simulation qui n’en était pas vraiment une. Le genre de mésaventure qui ne lui arrivera plus s’il va au Barça ou au Real…

4. Edin Dzeko (Manchester City) +12 points

Je peine à comprendre pourquoi Roberto Mancini persiste à ne pas faire d’Edin Dzeko l’élément clé de son attaque, malgré son apport décisif dans la conquête du titre en mai dernier. Par son gabarit et sa puissance, le Bosniaque apporterait une diversité indispensable dans le jeu des Citizens au milieu des petits gabarits Tevez, Aguero, Silva ou Nasri. Titularisé grâce au grand chambardement apporté par Mancini après le couac à Sunderland, l’ex-Torjäger de la Bundesliga n’aura mis que cinq minutes pour inscrire un doublé de vrai centre-avant à Norwich. Avant de compléter son œuvre par un troisième but en seconde mi-temps, avec l’aide du portier adverse. Suffisant pour éviter un énième retour sur le banc?

5. Robin van Persie (Manchester United) +10 points

Robin van Persie ne claque peut-être pas beaucoup de triplés dans des matchs à sens unique, par contre il inscrit des buts décisifs avec la régularité d’un métronome. Encore deux cette semaine: une égalisation capitale contre Newcastle, puis le but (magnifique) de la sécurité contre une valeureuse équipe de West Bromwich, qui n’était pas si loin de l’égalisation. Dans un championnat aussi homogène que la Premier League, sa statistique de 62 buts sur ses 75 derniers matchs, qui plus est avec deux clubs différents, force à mon sens davantage le respect que certains records dans des championnats en carton où la différence entre les clubs est beaucoup plus marquée. Cela dit, les records individuels en football ne veulent rien dire, ce qui compte ce sont les titres remportés avec son équipe et, à ce niveau-là, RVP n’a encore pas prouvé grand-chose. Mais, avec United, il s’est au moins donné une chance d’y arriver.

6. Theo Walcott (Arsenal) +8 points

Repositionné comme attaquant de pointe, Theo Walcott aura profité de la soirée portes ouvertes (7-3) offerte par une équipe de Newcastle à bout de souffle après son duel homérique à Old Trafford pour soigner ses statistiques: trois buts et deux assists pour l’international anglais! Contrairement à leur victoire pathétique à Wigan juste avant Noël, Walcott et les Gunners n’ont même pas eu besoin d’une simulation et d’un arbitrage complaisant pour arracher la victoire. Et, au passage, mention à l’entraîneur des Magpies Alan Pardew, qui, plutôt que de pleurnicher sur Alex Ferguson, ferait mieux de retrouver l’écoute de ses ouailles parce que son geste «on ferme le match et on tient le résultat nul» après le 3-3 n’a pas été vraiment suivi, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour Walcott et Arsenal, il faudra confirmer contre une adversité plus conséquente et, comme d’habitude, c’est là que cela va méchamment se gâter.

7. Simon Mignolet (AFC Sunderland) +6 points

Jadis patrie de grands gardiens comme Jean-Marie Pfaff ou Michel Preud’homme, la Belgique a ensuite connu une période plus difficile avec des farces style De Wilde ou Stijnen. Mais là les Diables Rouges ont retrouvé une belle génération avec Courtois, Gillet et Simon Mignolet. Le dernier rempart de Sunderland a fait le désespoir des stars surpayées de Manchester City lors du Boxing Day. Quatre jours plus tard, contre Tottenham, il a dû s’avouer vaincu, trahi par les errements de ses propres coéquipiers, mais a quand même réussi un arrêt stupéfiant devant Jermaine Defoe.

8. Demba Ba (Newcastle United) +5 points

Demba Ba en a fait voir de toutes les couleurs aux défenses de Manchester United et Arsenal. Le Sénégalais est impliqué sur la moitié des six buts inscrits en quatre jours par les Magpies à Old Trafford et à l’Emirates; un exploit d’autant plus beau qu’il s’avère complètement inutile, vu la nullité abyssale de la défense de Newcastle. Marc Hottiger ne serait-il pas tenté de rechausser les crampons (autrement qu’avec les seniors de l’ES Malley) ?

9. Luis Suarez (Liverpool) +4 points

Assez peu en vue lors de la défaite de Liverpool à Stoke, sinon pour obtenir un pénalty assez généreux, Luis Suarez s’est bien repris lors de la victoire contre le moribond Queens Park avec un doublé précoce, dont un joli slalom sur le premier but.

10. Tom De Sutter (RSC Anderlecht) +3 points

La Belgique avait aussi son Boxing Day! A la fois buteur, passeur et tireur sur le poteau, Tom De Sutter a montré qu’il méritait mieux que son statut d’éternel remplaçant en étant le grand bonhomme de la victoire d’Anderlecht sur Lierse (4-1). Les Mauves comptent huit points d’avance sur leur dauphin Zulte Waregem qu’ils recevront lors de la reprise le 20 janvier. Un championnat déjà plié? Que nenni: la formule débile du championnat belge avec division des points et play-offs garantit le suspense. Espagnols, Italiens ou Allemands peuvent être jaloux: voir Barcelone, la Juventus ou le Bayern coiffés sur le fil en play-offs après avoir vu l’avance patiemment construite durant huit mois de compétition réduite presque à néant par une opération comptable, ça aurait un certain panache!

11. Adam Johnson (AFC Sunderland) +2 points

Attaquant plus besogneux qu’artiste, Adam Johnson n’était sans doute pas assez bling-bling pour trouver une place dans la constellation de stars de Manchester City. A Sunderland, il trouve un contexte plus propice à ses qualités. Il a en tous les cas pris une belle revanche en inscrivant l’unique et magnifique but de la victoire des Black Cats sur les Citizens.

12. Phil Jagielka (Everton) +1 point

Auteur du but de la victoire d’Everton dans le derby contre Wigan lors du Boxing Day, Phil Jagielka a également réussi un gros match contre Chelsea en amenant le premier but et en éteignant complètement le surcoté et inconstant Hazard dans son couloir. Malheureusement, cela n’a pas suffit pour les Toffees. Et au passage, tu constateras que j’ai fait une orgie de Premier League durant ces Fêtes: la Bundesliga étant en pause, il y a avait une ou deux journées un peu creuses à remplir et je n’allais tout de même pas m’abrutir avec la fadasse Coupe Spengler (sérieux, il y a encore quelqu’un qui regarde ce truc? Même Langenthal–Olten et les championnats du monde de fléchettes sont plus passionnants…)

Flops

1. Samir Nasri (Manchester City) –15 points

Au moins, Samir Nasri aura été constant dans la bêtise en cette année 2012. Son geste revanchard en mode Zidane du très pauvre qui aurait pu coûter cher à son équipe à Norwich est son dernier exploit d’une année où il s’est bien davantage distingué par ses débordements que par ses exploits sur le terrain. Peut-être était-ce une ultime tentative de dépasser Lance Armstrong pour l’élection du Pigeon d’Or ?

2. David de Gea (Manchester United) –10 points

La saison passée, on voulait bien faire preuve d’un peu d’indulgence avec David De Gea: pour un jeune gardien débarqué de Liga ce n’est pas évident de s’adapter aux contingences supérieures de la Premier League, même si au final je pense qu’avec un portier digne de ce nom, United n’aurait jamais laissé échapper le titre 2011-2012 au profit de City. Mais la période d’adaptation tend à se prolonger: contre Newcastle, David De Gea a de nouveau rendu une copie remplie de fautes: un premier but offert aux Magpies en relâchant un tir anodin de Ba, une relance directement en touche, une sortie au poing complètement ripée et un plongeon aussi rapide qu’un descendeur suisse sur le tir sur le poteau d’Ameobi de la 88e… La rumeur prête à Alex Ferguson l’intention d’engager plein d’attaquants, Ronaldo, Lewandowski, Aubameyang (si, si…) et l’étoile montante Zaha, on ne voit pas trop à quoi cela servirait, sinon à accumuler des noms prestigieux et des millions sur le banc; c’est bien davantage d’un gardien et d’un défenseur central dont Sir Alex a besoin.

3. Ciaran Clark (Aston Villa) –5 points

Humilié 8-0 sans combattre par Chelsea juste avant Noël, Aston Villa avait l’occasion de se racheter auprès de ses supporters en recevant Tottenham et surtout le relégable Wigan. Résultat: 0-4 et 0-3, les fans des Villans ont vraiment de la chance d’avoir une équipe qui pense à leur apporter joie et bonne humeur durant les Fêtes. On aurait pu sélectionner toute l’équipe, on se contentera de Ciaran Clark, capitaine d’un bateau à la dérive et patron d’une charnière centrale qui s’est fait trouer quinze fois en trois matchs comme une défense de 5e ligue. Et, au passage, le fan du Borussia Dortmund que je suis est vraiment navré pour l’entraîneur Paul Lambert, l’un des héros de Munich en 1997.

Écrit par Julien Mouquin

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