Mars : tellement Suisse !

En raison d’un incident indépendant de notre volonté, le mois de février n’est pas encore disponible. Retrouvez donc d’ores et déjà le mois de mars sous la plume de Psyko Franco. Le mois manquant sera diffusé sous peu, on vous le promet. Sisi, je vous jure.

 
Tout cela est tellement suisse. La recette est extrêmement facile à concocter. 1. Vous prenez un garçon-boucher neuchâtelois qui adore se frapper la tronche en crachant comme un gros dégueulasse dès que la caméra se braque sur lui. 2. Vous le foutez en tête d’un classement avec un marge plus que confortable sur le deuxième, un Autrichien qui intéresse à peine les plus fervents supporters de son propre pays. 3. Vous ajoutez un soupçon d’intellectuel valaisan autant doué pour le calcul qu’El Hadary pour les sorties aériennes. 4. Vous placez le tout au sommet de la Stelvio, agrémentée de quelques portes plus serrées qu’en descente, mais plus larges qu’en géant. 5. Vous lancez le tout.Le résultat ? La perte invraisemblable d’un globe de cristal de Super-G au terme d’un scénario aussi risible que pathétique. Pourtant, les choses étaient plutôt simples avant le départ de la finale de Coupe du monde de Bormio. Didier Cuche avait 99 points d’avance sur Hannes Reichelt. Soit une unité de moins que ce que rapporte une victoire. Pour le magicien d’Altenmark im Pongau, il n’y a qu’un seul scénario triomphal: gagner (ce qui n’est déjà pas une évidence en soi) tout en espérant que Cuche ne marque aucun point, donc termine au mieux 16e.
Ben, comme tous pays comme le nôtre, qui n’a que sa roublardise, son sens de la magouille et sa faculté à donner des leçons de morale pour exister aux yeux des autres nations, nous explique que le sport doit rester le sport. Que la Suisse défend des valeurs éthiques d’équité et de justice. Que jamais un représentant à croix blanche ne pourrait trahir l’idéal sportif qui veut que le meilleur s’impose et que les autres, battus, ne se reprochent rien puisqu’ils ont tout donné.
Mais quand même, il ne faut pas exagérer. Quelle bande d’abrutis, ces mecs de Swiss Ski !!!!!!! Franchement, comment comprendre le couac de Bormio si ce n’est par le prisme de l’incompétence des responsables du sport de haut niveau helvétique (les chefs d’équipe de Swiss Ski, en l’occurrence) ?
Les faits ? Reichelt mène la course. La faute à un Défago fidèle à lui-même, c’est-à-dire trop lent, devancé par l’Autrichien d’un centième seulement. Cuche s’élance. Il a les foies, le rugueux garçon-boucher. Oh oui, il se pisse dessus ! A mourir de rire. Son classement ? Il est quinzième, le globe de Super-G lui appartient encore. Il va devenir le 6e skieur de l’histoire à faire le doublé descente/Super-G la même année en Coupe du monde. Sauf que, dossard 26, Daniel Albrecht met le turbo et termine 11e.
Il sort Cuche des points. Le trouillard neuchâtelois perd le titre pour 1 rang, 1 point et 2 centièmes. Le discours est aberrant. Albrecht: "Je n’ai appris que 3 secondes avant de partir que Didier était en danger. C’était trop tard, je n’ai pas pu intégrer l’information (tu parles d’un intello…)." Patrice Morisod: "On ne peut pas leur demander de changer de tactique 10 secondes avant le départ."
C’est vrai que c’est bien trop compliqué. "Hé, ducon, freine là et là, sinon je te pètes les rotules !" Rien de bien difficile en somme. Enfin, heureusement pour le ski suisse, plus tôt en mars, Lara Gut montait sur le podium d’une descente de St-Moritz qu’elle a terminée sur le cul. Un grand espoir qui enthousiasme les plus fervents supporters et qui intéresse même ceux qui se foutent des lattes. Mais bon, attendons encore deux ans avant de dire que la Bombe de Comano est trop bonne. Là, comme elle est encore jeune, ça fait un peu pervers.

Écrit par Psyko Franco

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7 Commentaires

  1. Très bon article mais arrête de remuer le couteau dans la plaie, on l’a toujours pas digéré…. 🙂

    Une fois de plus, le sport suisse s’est auto-ridiculisé.. A mettre au même niveau que le crachat d’Alex Frei sur Gerrard dénoncé par SF TV….

  2. Entièrement d’accord avec xyz: on en bave de rage encore maintenant. Le sommet du grotesque. Si le ridicule tuait, tous les pontes de Swiss Ski seraient au cimetière. Dommage…. Et encore bravo à Psyko qui nous livre une désagréable mais parfaite analyse.

  3. Comme je l’avais déjà dit lors de l’article d’origine sur ce douloureux sujet, mon avis est que certes, on peut penser beaucoup de « bien » des pontes de Swiss Ski dans cette affaire, mais le plus à blâmer est quand-même Didier Cuche lui-même : lorsque on termine 16ème d’une course ou il y a eu 17 classés, c’est qu’on a vraiment skié comme le dernier des branques et qu’on pas été capable de supporter la pression ! Après, on peut accabler Albrecht, Morisod et la terre entière, mais Didier, bordel, le fautif c’est d’abord et surtout toi !!

  4. @Ch. Logoz: je ne suis que partiellement d’accord avec ton avis. C’est vrai que Didier a skié comme un manche à balai, mais les 2 Valaisans se sont « ligués » contre lui. D’abord l’autre Didier qui au lieu de se défoncer fait du slalom et ensuite Albrecht qui, lui,au lieu de mettre un petit coup de frein fout les gaz. Résultat de la course: un splendide auto-goal pour l’équipe suisse. Les Autrichiens en rient encore. Quant au changement de tactique trop tardif, c’est du n’importe quoi de la part de Morisod. Un prétexte bidon. Une gueulée dans le casque « langsam fahren » et le tour était joué. Bon on ne va pas refaire l’histoire et surtout bon dimanche.

  5. J’imagine Albrecht, avisé par Morisod, descendre en chasse-neige (pas la machine) avec le takie-walkie dans une main et 3 bouteilles d’oeil-de-perdrix dans l’autre pour fêter avec Didier « Cruche » (blurp, j’ai pas pu m’empêcher) qui l’attendrait en bas (comme dirait CC) la piste pour fêter ça !

  6. Tu as très joliment imagé ce que pense, Chrimani. Ne regrettons pas que cette pitoyable pantalonnade de faire « freiner » un coureur n’ait pas fonctionné et comme l’a d’ailleurs reconnu Cuche lui-même après la course, les torts sont chez lui, point. 17 classés, et il trouve le moyen de faire 16ème!!

    Les dirigeants et entraîneurs de Swiss Ski devraient d’ailleurs actuellement plutôt plancher pour trouver un moyen de faire accélerer et non pas freiner les slalomeurs helvétiques 😉 Z’avez vu cette bérezina à Adelboden aujourd’hui ?!

  7. Tu te fourvoies Psyko:

    Ce qui est « Tellement suisse », comme tu l’écris, c’est de toujours voir le côté négatif des choses.
    Ce qui est « Tellement suisse », c’est de bavasser sur un seul mauvais épisode, mais d’en oublier tous les bons.
    Ce qui est « Tellement suisse », c’est de se gausser de Cuche qui perd le globe de super-G, mais de ne pas mentionner qu’il a remporté celui de descente (autrement plus prestigieux) lors de ce même mois de mars 2008

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