Genève-Servette sauvé par les couilles de Chris McSorley

Les Grenat laissent filer un point mais sauvent la victoire grâce au culot de leur entraîneur et à l’efficacité de leur canonnier slovaque.

Il reste un peu plus de trente secondes à jouer dans le temps supplémentaire aux Vernets lorsque Philippe Rytz, toujours aussi démuni en matière de plomb sous le casque, sort une belle épine de la serre de son ancienne équipe. Ayant continué à jouer malgré la perte de son couvre-chef, il récoltait une de ces pénalités qui font la joie de tous les entraîneurs, surtout quand elles sont commises par un adversaire. Chris McSorley sautait sur l’occasion et demandait son temps mort. Uniquement pour laisser respirer un peu ses étrangers, sérieusement mis à contribution lors de ces cinq minutes additionnelles, pensait-on. C’était mal connaître le bestiau. Au-delà de ces basses considérations physiques, le boss nous préparait un coup à sa façon. Dès le puck installé en zone adverse, Benjamin Conz quittait sa cage pour laisser sa place à Jean-Pierre Vigier. Le genre de stratagème à faire marrer toute la Suisse en cas de dégagement cadré. Nos compatriotes devraient savoir depuis le temps que l’Ontarien a toujours raison. Tant pis pour leurs zygomatiques : cette double supériorité numérique improvisée débouchait sur une parfaite mise en position de Juraj Kolník. Le Slovaque offrait une copie carbone du premier but genevois et fusillait Marco Bührer sans lui laisser le moindre espoir.
Les manœuvres d’intoxication du général McSorley avaient commencé tôt, puisque dès le premier shift, et contrairement à ce qui avait été annoncé, Thomas Déruns reprenait la place qu’il occupait la saison dernière sur l’aile gauche du troisième trio. Son style «badaboum» y fit merveille et la première ligne bernoise fut parfaitement tenue en respect. Simon Gamache, particulièrement, fut presque supportable. C’est dire si on l’a peu vu.
En revanche, catapulté en deuxième ligne, Igor Fedulov montra à nouveau à quel point il est désormais dépassé par les événements de Ligue Nationale A. Multipliant les mauvaises passes et prenant sa pénalité idiote syndicale, le papy russe fut tout bonnement à côté de la plaque. On attend encore son éternelle résurrection pour les play-off, mais avec un sérieux scepticisme cette fois.
Si le dénouement fut heureux, Genève-Servette regrettera peut-être un point égaré à la fin de la saison. Après un deuxième tiers extrêmement solide lors duquel les Bernois furent parfaitement étouffés, les Aigles menaient de deux longueurs, par la grâce d’une magnifique triangulation signée par la première ligne et conclue par Daniel Rubin, suivie deux minutes plus tard d’un rebond parfaitement exploité par Morris Trachsler.
Pourtant, sans forcer, les Bernois allaient revenir dans la partie, profitant de l’absence de leur adversaire dans la période finale. Et c’est finalement sur un tir heureux d’Ivo Rüthemann (poteau puis  rebond sur la jambière de Conz) que les Bisounours décrochaient le droit de disputer la prolongation.
Si la quatrième place semble hors d’atteinte depuis samedi soir, cette victoire permet aux Grenat de rester au contact de Lugano pour la cinquième place. On peut cependant douter de l’intérêt de gagner un rang au classement, et se retrouver avec une série qui leur ferait traverser la Suisse pour affronter Davos, sans l’avantage de la glace qui plus est. Finalement, ils ne sont peut-être pas si mal où ils sont.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Berne 4-3 a.p. (1-1 2-0 0-2 1-0)

Patinoire des Vernets, 6’440 spectateurs.
Buts : 5’50 M. Plüss (I. Rüthemann) 0-1, 14’56 J. Kolník (S. Aubin, J.-P. Vigier / 5 contre 3 / M. Plüss, P. Berger) 1-1, 28’31 D. Rubin (B. Ritchie, J. Kolník) 2-1, 30’39 M. Trachsler (J. Gobbi, T. Déruns) 3-1, 50’02 M. Gélinas (D. Jobin, É. Froidevaux) 3-2, 53’26 I. Rüthemann (M. Plüss, M. Reichert / 5 contre 4 / D. Rubin) 3-3, 64’52 J. Kolník (S. Aubin, B. Ritchie / 5 contre 3 / P. Rytz) 4-3.
Arbitres : S. Eichmann ; T. Wehrli, D. Wirth.
Genève-Servette : B. Conz ; G. Bezina ( ), D. Vukovic ( ) ; O. Keller (0), J. Gobbi (0) ; R. Breitbach (0), S. Schilt (-1) ; F. Heynen ( ), J. Mercier (+1) ; J. Kolník (+1), B. Ritchie (+1), D. Rubin (+1) ; I. Fedulov ( ), S. Aubin ( ), J.-P. Vigier ( ) ; T. Déruns (0), M. Trachsler (0), J. Cadieux (0) ; R. Suri (-1), G. Augsburger (-1), F. Debrunner (-1). Absents : M. Höhener, G. Mona, P. Savary, F. Conz, C. Rivera (blessés), T. Salmelainen et T. Kast (surnuméraires).
Bääärn : M. Bührer ; P. Rytz (0), T. Roche (-1) ; R. Josi (+1), D. Jobin (+1) ; K. Carney (-1), B. Gerber (0) ; M. Leuenberger ( ) ; S. Gamache (-1), C. Dubé (-1), M. Gélinas (0) ; I. Rüthemann (0), M. Plüss (0), M. Reichert (0) ; D. Meier ( ), T. Ziegler ( ), P. Bärtschi ( ) ; A. Châtelain ( ), E. Froidevaux (+1), P. Berger ( ) ; T. Meier (+1). Absents : P. Furrer (blessé), R. Abid, S. Bordeleau et A. Berger (surnuméraires).
Pénalités : 7 x 2’ contre Genève-Servette, 8 x 2’ + 10’ (T. Roche / protestations) contre Berne.
Notes : 19’04 Tir de J. Cadieux sur le poteau. 62’00 Temps mort pour Berne. 64’25 Temps mort pour Genève-Servette. 64’37 B. Conz quitte son but.

Écrit par Yves Grasset