Demi-finales LNB : qui luttera pour la montée ?

La logique a été respectée lors des quarts de finale et il ne reste donc plus que les quatre meilleures formations de LNB à ce stade de la compétition. Le Lion lausannois en découdra avec la Vouivre tandis que les Abeilles se frotteront aux Lions haut-valaisans. Brève présentation des deux séries qui pourraient bien aller au septième match…

Lausanne/1 – Ajoie/4

Le LHC a remporté sans le moindre faux pas – et même haut la main à quatre secondes de la fin du sixième match – son quart de finale contre des Thurgoviens qui ne sont pas parvenus à faire douter, ne serait-ce qu’une seule seconde, les seuls vrais Lions de cette Ligue Nationale. Forts de cet implacable constat qui a confirmé tous les pronostics de victoires aussi faciles qu’écrasantes, les Lausannois peuvent poursuivre sereinement leur remarquable saison qu’ils ont dominée d’un bout à l’autre – enfin, surtout l’autre. Sarcasmes malsains (toujours très appréciés) mis à part, tout paraît pouvoir menacer le LHC : de l’excès de confiance à l’excès de méfiance vis-à-vis de Desmarais, en passant par l’avantage de la glace qui peut vite se transformer en pression supplémentaire dans l’exigeant chaudron de Malley…
Cela dit, les avantages du LHC sont aussi nombreux que ses défauts : quatre lignes performantes, des Suisses largement dominants en LNB (Miéville, Rüfenacht, Sigrist, Gailland, tout en se payant le luxe de faire jouer un Bonnet en… quatrième ligne). Mais aussi un power-play toujours insuffisant bien qu’étant en amélioration, des étrangers potentiellement très forts mais pour l’heure moins décisifs que dans d’autres équipes, et de nombreux changements intervenus durant la saison (entraîneurs, étrangers, blessés, virés, etc…). Malgré l’expérience du co-coach Kossmann ajoutée à celle de NHL de Yake et de Zalapski, il ne faut jamais oublier que c’est lorsqu’il est favori que le LHC a le plus de chances de terminer pitoyablement sa saison sous les quolibets de ses fans désenchantés.
Des deux Bernois présents en play-off, il en reste qu’un seul au stade des demi-finales : Ajoie. Le HC Desmarais-Roy-Barras est bâti autour de quelques individualités et devrait difficilement pouvoir tenir la distance face à une équipe évoluant avec trois blocs de plus. Le club jurassien qui a à cœur de réaliser un exploit annuel par play-off semble l’avoir accompli face aux Sierrois. Cependant, il est de notoriété publique qu’une série de play-off, aussi serrée soit-elle, se joue souvent sur deux aspects majeurs : le jeu de puissance et les étrangers. Deux domaines dans lesquels les Ajoulots sont nettement supérieurs aux Vaudois. Ajoie affiche un taux de réussite de 30.4% en power-play contre 19.4% au LHC depuis le début des séries.
Du côté des étrangers, la valeur du duo Desmarais-Roy n’est plus à prouver. Il a été démontré qu’aligner une check-line efficace face à la première triplette ajoulote pouvait s’avérer concluant. Toutefois, la 747 lausannoise n’est pas entraînée à évoluer 50 minutes par match, incluant des shifts de cinq minutes. Il va donc falloir procéder à une alternance au niveau de l’alignement côté lausannois pour prendre l’avantage. En terme de profondeur d’effectif, les pensionnaires de Malley sont clairement devants les Jurassiens. Ces derniers ont justement chipé le brevet du monopole du cœur aux Chaux-de-Fonniers afin de s’octroyer le rôle du gentil ch’titi affrontant le méchant grosminet lausannois. Pour conclure, cette série devrait donc se jouer sur des broutilles.
Précédentes confrontations : 1-4, 0-3, 5-2, 4-3, 3-6.
Tendance : 50.1%-49.9% en «faveur» des Lions de Malley.

Viège/2 – Chaux-de-Fonds/3

Les pensionnaires de la Litternahalle (n.f., de litterhall en anglais, salle à ordures) sont sans conteste l’équipe en forme de cette fin de saison. Ayant résolu leur problème d’étrangers sur le tard en associant le paria lausannois Cory Pecker avec leur décrié du début de saison, Brûlé (qui est depuis tout feu tout flamme), Viège a assis son statut de trouble-fête en éliminant facilement Olten, équipe piège par excellence. Leur ligne de parade est complétée par un effectif homogène, solide, très physique, et muni d’un fighting spirit à l’écossaise. Robustes en défense, les Viégeois possèdent l’avantage de ne pouvoir se consacrer qu’à 100% au hockey, faute d’autres activités possibles dans ce Saint-Tropez helvétique.
Depuis qu’il évolue dans le Haut-Valais, Pecker ne semble plus vraiment déchaîner des sentiments de haine viscérale outre Vue-des-Alpes. Tout au plus une indifférence polie à l’encontre d’un joueur qui n’a pas fondamentalement changé. Reste à voir si le public des Mélèzes lui réservera le même accueil chaleureux que lorsqu’il évoluait à la Zapoff. Pardon : à Lausanne.
Côté meuqueux, une question taraude les esprits : comment passer du statut de leader incontesté de LNB à celui d’outsider des demi-finales en moins de temps qu’il ne faut pour laisser filer ses deux étrangers ? C’est le remarquable exploit réalisé par la bande à Sheehan. Les joueurs des Bas-Fonds de Neuchâtel ont ainsi perdu le précieux avantage de la glace et auront l’obligation de s’imposer dans la redoutable glacière en ébullition de la Litternahalle, ce qui s’annonce très chaud. Sans compter que le bien inspiré directoire du HCC a «oublié» Forget en ayant l’incapacité d’allonger les jetons nécessaires afin de conserver le «pot» québécois dans ses rangs. Le futur Viégeois jouera dès lors face à son futur employeur, faute de clause de non-alignement à la sauce biennoise.
Alliant technique, solidarité et vivacité, les Abeilles ont toutefois eu toutes les peines du monde pour trouver la solution face à un Langenthal réputé pour son beau jeu tout en finesse. Les Haut-Neuchâtelois pourront néanmoins faire douter le EHC Visp à condition de retrouver leur force de frappe offensive et de gérer la pression des grands rendez-vous sans attendre d’être mené 3-0 dans la série pour se réveiller. Dans ce cas aussi, la série risque fort d’être indécise. Si Cory Pecker se met à accumuler les pertes de maîtrise de soi à la même vitesse que les pénalités de méconduite, les Chaux-de-Fonniers auront d’autant plus de chances de se qualifier pour une deuxième finale consécutive, mais ils risquent d’être privés de Todeschini et Chiriaev junior lors des rencontres en terres valaisannes. Ces derniers n’étant pas certains de pouvoir traverser le Lötschberg en raison d’une circonférence céphalique trop importante. Finalement, l’avantage de la glace dans ce duel pourrait s’avérer déterminant.
Précédentes confrontations : 1-2, 3-4 ap, 2-3 ap, 5-3, 4-3 ap.
Tendance : 55%-45% pour les Lions viégeois.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Yves de St-Aÿ et Mathieu Nicolet