«Not in his house»

Ces play-off de NBA ont débuté sur une bien triste note. Lors du deuxième match de la série entre Houston et Portland, un grand homme est tombé à terre. Dikembe Mutombo Mpolondo Mukamba Jean-Jacques wa Mutombo – Dikembe Mutombo pour les intimes – a sans doute disputé ses dernières minutes de jeu. Le parquet du Rose Garden de l’Oregon a été le théâtre de la fin d’une carrière gigantesque de l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire du championnat nord-américain.

3289 contres. Ce simple chiffre résume à lui seul l’ampleur du phénomène Mutombo. Le block est sans doute le geste défensif le plus impressionnant et «Deke» en a fait sa spécialité. Après chaque renvoi, il s’est principalement fait connaître pour son geste de l’index à l’encontre du joueur adverse et son expression «not in my house». Sanctionné par les arbitres, il a ensuite adressé ce geste au public, ce qui n’était pas prohibé. De l’histoire, Mutombo est le deuxième meilleur contreur derrière Hakkem «The Dream» Olajuwon mais devant un certain Kareem Abdul-Jabbar. Excusez du peu. Ce n’est pas un hasard qu’il ait reçu à quatre reprises le titre de joueur défensif de l’année.

Impact immédiat

Né le 25 juin 1966, il n’a débuté sa carrière en NBA qu’à l’âge de 25 ans, en 1991. Son impact sur le jeu des Denver Nuggets a été immédiat avec une première saison retentissante couronnée d’une première sélection pour le All-Star Game grâce à des statistiques gigantesques. Jugez vous-même: 16,6 points, 12,3 points et 3 contres par match. Englué dans une franchise très médiocre, le Zaïrois d’origine a tout de même connu un moment de joie intense avec l’équipe du Colorado. Lors des play-off de la saison 1993-1994, il a aidé les Nuggets à devenir la première formation classée au huitième rang à éliminer la tête de série numéro 1. Cette année-là, la victime s’appelait Seattle.
 
Le meilleur club de la saison régulière (63 victoires, 19 défaites), le meilleur club à domicile et donc le favori logique au titre était sorti dès les quarts de finale de Conférence et évidemment Mutombo était la pierre angulaire de ce triomphe de Denver. De grands joueurs comme Shawn Kemp ou encore Kendall Gill ont vécu un cauchemar face à ce géant auteur de 31 blocks en 5 parties, un record. Ce cinquième et dernier match de la série (best of 5) s’est joué sur un coup de dés en prolongation. L’image de Mutombo à terre en larmes et tenant fermement le ballon dans ses mains a fait le tour du monde. La légende Mutombo était en cours d’écriture.

2001 était l’année

Du haut de ses 2m16, il n’a jamais eu la chance de remporter le moindre titre. En 2001, il a atteint la finale du championnat pour la seule fois de sa carrière avec les Philadelphia 76ers. Las, les Los Angeles Lakers de Shaquille O’Neal et Kobe Bryant étaient trop forts et les Sixers perdaient 4-1 dans cette série. «Deke» a laissé passé sa chance. Après des passages peu reluisants aux Nets de New Jersey et aux Knicks de New York, il a rejoint les Houston Rockets au début de la saison 2004-2005 pour faire équipe avec la muraille de Chine Yao Ming. Les «Fusées» disposaient ainsi du jeu intérieur le plus impressionnant des 30 formations du championnat. En 2007, il est devenu le joueur le plus âgé, à 41 ans, à capter plus de 20 rebonds dans un match (22). Insuffisant pour aller loin en play-off tant le support était faible au Texas.
 
Comme tous les grands, Dikembe Mutomobo a été au centre d’une polémique. Bien malgré lui. Durant la pré-saison 2006, il a été copieusement insulté par un «supporter» du Magic d’Orlando. Traité de «face de singe» et de «grand singe» par Hooman Hamzehloui (n’ayons pas peur de donner son nom), il avait été particulièrement choqué et a averti que si cela se reproduisait il irait lui-même dans les gradins expliquer sa façon de penser. L’homme d’Orlando s’est excusé par lettre envers Mutomobo et lui a dit qu’il n’irait plus à aucun match de NBA avant que «Deke» ne le lui en donne l’autorisation. Chose faite quelque temps plus tard.

Grand coeur

Cette saison, il avait signé le 31 décembre avec les Houston alors qu’il était agent libre depuis le début de la saison. Jouant derrière Yao Ming, il a tout de même impressionné par sa qualité athlétique toujours présente malgré son vénérable âge de 42 ans. Un contact fortuit avec Greg Oden a mis un terme à cette dernière tentative de Dikembe Mutombo de remporter le titre. Ses coéquipiers ont désormais une raison de se battre pour remporte ce titre. L’histoire serait belle, mais objectivement les Rockets de Houston n’ont pas les armes nécessaires et «Deke» terminera sa lumineuse carrière sans le moindre titre.
 
Dikembe Mutombo s’est également fait connaître pour son travail caritatif. En 1997, il a lancé son projet, la «Dikembe Mutombo Fundation» afin d’aider les gens dans son pays, en République démocratique du Congo. Grâce à ses 3,5 millions de donation, un hôpital de 300 lits a pu être ouvert à Kinshasa. En 2006, il a financé à auteur de 15 millions un établissement hospitalier nommée «Biamba Marie Mutombo Hospital» en l’honneur de sa mère décédée en 1997. Une fin de carrière en NBA qui devrait coïncider avec un encore plus grand engagement humanitaire de l’un des joueurs les plus impressionnants que j’ai eu l’honneur de rencontrer, il y a peu.

Écrit par George Baudry

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5 Commentaires

  1. Joli article George!
    Mutombo, je l’ai vu jouer avec Alonzo Mourning à Georgetown en College.
    Le paragraphe « Impact Immédiat » où les Nuggets éliminent les Sonics m’a fait frissoner de nostalgie. Merci

    Je te préfère largement en NBA qu’en hockey ;o)

  2. Bel hommage… que de nostalgie en effet, quand on évoque la fameuse épopée des Nuggets….

    C’est un géant (dans tous les sens du terme) qui quitte la NBA sans titre… comme Ewing…

  3. Mount Mutombo avait aussi été la pierre angulaire du jeu intérieur des Hawks (Atlanta) pendant assez longtemps après avoir quitté Denver. Pas de palmarès, mais il avait la confiance du coach avec le plus grand nombre de victoires en NBA (Wilkens), si mes infos sont encore à jour…

    Un monstre… symbole d’une époque de big men (Ewing, Olajuwon,…)

  4. Son nom pour moi est toujours synonyme d’une ascension fulgurante dans le monde du basket puisse qu’il est arrivé en NBA seulement 4-5 après avoir commencé à jouer?

    A confirmer svp… 🙂

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