LHC : objectif LNA

Pour cette quatrième et dernière présentation des équipes de LNB, le Lausanne Hockey Club est passé au crible de l’analyse sans concession. Fort d’un palmarès aussi étoffé que les titres mondiaux de la sélection helvétique, le LHC continue à cultiver le paradoxe d’un engouement populaire sans précédent. En dépit des sempiternelles affaires internes, le club de Malley se présente néanmoins comme le favori du championnat.

Le secteur sportif du Lausanne Hockey Club vit des temps relativement difficiles depuis la disparition de Jim Koleff. La direction technique du club possède l’un des encéphalogrammes les plus plats du monde du hockey. Normal, le club attend d’être repris de manière officielle par l’homme d’affaires Brent Nelson. On murmure notamment les noms de Di Pietro comme directeur technique et Roland Habisreutinger comme homme de main du nouveau repreneur. Sauf qu’en attendant, depuis six mois, le LHC ne peut plus compter sur un homme compétent et disposant du réseau nécessaire pour construire une équipe. Le Lausanne HC ne paraît pas pressé de combler le vide laissé par le décès du Canadien alors que les moyens pour renforcer un contingent de qualité n’ont jamais été aussi importants. Preuve de cet échec, la campagne de transferts manque cruellement d’une stratégie claire et d’une ligne directrice forte, loin s’en faut.

Prélèvement sans gain

Certes, Keller, Fedulov et Roy sont de vrais renforts mais c’est à peu près tout. Si les Lausannois comptent atteindre leur objectif de la saison (une promotion en LNA en avril prochain), il faudra davantage sans toutefois se leurrer sur l’argument massue du traditionnel «dégraissage des équipes de LNA en cours de championnat». Qui peut d’ailleurs encore y croire ? Sauf cataclysme ou reprise du club avec la surface financière nécessaire – donc forcément indécente –, il est peu probable qu’un joueur indésirable de l’élite rejoigne les Vaudois en cours d’exercice. L’impression qui ressort du recrutement du LHC actuel est de «retenir» ses meilleurs éléments de la saison passée – Bonnet, Gailland et la licence «B» de Sigrist, parti entretemps au pays du soleil – plutôt que de renforcer une équipe qui devra faire mieux qu’en avril passé. Cependant, même si un homme de la trempe de Koleff ne court pas les rues, un ersatz est nécessaire, histoire de ne pas perdre la prochaine saison et la/les suivante(s).

Premier gros problème, l’absence d’un vrai gardien numéro 1. Sans deuxième portier pour la reprise du championnat, le LHC a pourtant «levé le nez» sur le meilleur rempart de LNB en n’allant pas chercher Urban Leimbacher qui est resté libre durant de longues semaines en début d’année. Certes, des noms circulent ou ont circulé – pêle-mêle Mona, Conz, Manzato, Züger, Streit, Eichmann, sans concrétisation à l’heure actuelle d’un quelconque transfert. Un portier LNA sera pourtant nécessaire pour espérer rejoindre l’élite, Tobler ayant démontré l’an passé qu’il n’avait pas l’envergure pour espérer porter une équipe dans l’élite.
Le Lausanne HC a ainsi bien essayé d’acquérir un portier d’envergure, mais s’est heurté à des refus (Weibel) ou des offres concurrentes supérieures (Manzato). Reste Gianluca Mona, convalescent et jamais décisif en séries, pour venir remplacer l’actuel portier de cristal de Lausanne. Problème : le portier léventin veut rester dans l’élite ou au moins faire payer à son employeur actuel une substantielle prime pour briser un contrat valable jusqu’en 2011. En se déclarant prêt à s’asseoir dans les tribunes plutôt que d’accepter de changer de formation, l’ex-cerbère numéro 1 de Genève-Servette montre sa grande envie de venir renforcer un club de LNB, même ambitieux. Une volonté de rester dans la grande ligue qui ne peut lui être reproché, tant les opportunités de briller se feront rares pour le portier trentenaire.
Un autre candidat potentiel pour le poste de numéro 1 aurait pu être Simon Züger. Toutefois, en raison de la blessure de Marco Streit, les chances de voir débarquer le second portier saint-gallois sur les bords du Léman sont proches du zéro absolu. Le cas Eichmann est loin d’être réglé et casser son contrat serait bien trop risqué compte tenu de sa sérieuse blessure à un genou contractée l’an passé. Gianluca Mona semble donc tenir la corde pour rejoindre la troupe de Terry Yake. Reste donc à le persuader de descendre d’une ligue…

En défense, le Lausanne HC a globalement réussi à se renforcer : les venues de Stalder, Kamerzin et Keller devraient faire oublier les départs de Lardi et Schäublin. Reste le gros problème posé par le départ d’Adrian Trunz qui n’a pas été compensé. Le LHC n’a ainsi pas réussi à s’attacher les services d’un «blueliner» de renom. Tous les défenseurs sous contrat, à l’exception du peu expérimenté mais très talentueux Chavaillaz, se ressemblent et jouent dans le même registre. Cette brigade défensive reste le point faible du contingent vaudois. Trop de joueurs identiques et aucune prise de risque dans la construction du noyau de défenseurs. Il existe toujours la possibilité de faire évoluer Raphael Zeller en défense, mais se priver d’un élément offensif possédant son gabarit et son potentiel serait quelque peu dommageable. À l’heure actuelle, il manque toujours un voire deux joueurs dominant dans cette ligue pour solidifier un secteur de jeu qui permet avant tout d’avoir du succès en séries. Ultime recours, casser le contrat de Jordane Hauert mais dans ce cas aussi, la question financière risque de se poser, au-delà de la crainte d’assister à un génocide du peuple lausannois lors de sa prochaine venue au Voyebœuf.

Hâte-toi à moi

Bien évidemment, tout n’est pas noir (tel l’affreux nouveau chandail du LHC) dans la configuration actuelle. L’attaque vaudoise est sans conteste, et de très loin, la meilleure de la ligue sur le plan qualitatif. La profondeur du banc lausannois laisse également beaucoup d’options à Terry Yake, lequel possède quatre blocs capables de scorer. Lorsqu’un Anthoine Lussier – l’un des meilleurs éléments chaux-de-fonniers lors des deux dernières séries de play-off contre Lausanne – pourrait se retrouver en quatrième ligne dans l’effectif vaudois, nous pouvons saisir la pleine mesure de l’offensive du LHC. En revanche, Lausanne a perdu deux attaquants défensifs qu’il n’a pour l’heure pas remplacé. Si Sandro Abplanalp peut prétendre prendre le rôle d’André Baumann dans le jeu physique, cela reste encore à confirmer dans les faits car l’ex-Fribougeois n’évolue pas dans le même registre. Bon c’est vrai, regretter le départ de Lüssy serait toutefois exagéré. À ce niveau, la venue de Della Rossa – qui excelle dans ce rôle – devient prioritaire.
Il reste le cas de Gaëtan Augsburger : jugé bien meilleur que Kevin Romy à son âge, le Servettien avait laissé une forte impression il y a déjà trois ans au tournoi des Hockeyades. N’ayant pour l’heure jamais vraiment eu sa chance dans le système concocté par Chris McSorley, sa venue constitue un sérieux renfort et les Lausannois peuvent d’ores et déjà remercier Flurin Randegger pour son chantage futile (si je vais en LNB, j’arrête le hockey. Na !). Cependant, l’aligner en première ligne aux côtés des mercenaires apparaît osé, le jeune attaquant n’ayant pas effectué la préparation au sein du LHC.

Un coup de fil, c’est si facile. Et hop, suite à une brillante inspiration de Mike Maneluk, le voilà propulsé troisième étranger du Lausanne Hockey Club – en remplacement de Roy, toujours blessé – avec la bénédiction de Terry Yake. Loin d’avoir été décisif avec son dernier club (Langenthal), il faudra attendre un peu avant de hurler au génie et d’attendre de lui qu’il tourne à neuf points par match. Étant donné qu’il n’est pas certain de le voir sous les couleurs du LHC jusqu’à la fin du présent exercice, le LHC se réserve donc le droit de casser le contrat de Cloutier, si possible la veille d’un Chaux-de-Fonds – Lausanne, histoire de se marrer un bon coup.

R2=1

Au vu de la faible expérience de Yake au poste d’entraîneur, le directoire avait eu la remarquable idée d’engager Hans Kossmann pour «seconder» le Canadien lors des play-offs de la saison dernière. Kossmann étant parti rejoindre Larry Huras chez les oursons, le coach des juniors élites du LHC, Laurent Perroton, a été appelé pour le remplacer. Ayant acquis de brillants résultats tant avec les juniors lausannois qu’avec le Star Lausanne, l’engagement intelligent du Français comme assistant de Terry Yake se révèle d’une logique implacable. Le mouvement junior n’étant de loin plus la risée de la galaxie, la synergie mise en place entre ces différents protagonistes ne pourra s’avérer que positive pour la bonne marche du club.
Malgré certains bémols et quelques vides à certaines positions cruciales, l’effectif de Lausanne est clairement le meilleur sur papier. Seulement voilà, il y a encore la réalité de la glace mais ce groupe a toutes les cartes en mains pour bien faire. Focalisons-nous pour terminer sur trois joueurs au statut particulier.
À surveiller : Nicolas Villa. Auteur d’une excellente saison 08-09, il peut devenir une pièce maîtresse de l’arrière-garde lausannoise et en a les moyens. Il a déjà prouvé qu’il pouvait rebondir en cas de baisse de régime.
À confirmer : Benjamin Chavaillaz. Révélation de la saison dernière, le jeune Lausannois devra confirmer ses bonnes dispositions, et surtout ne pas hésiter à tenter sa chance, lui qui possède un tir efficace et particulièrement précis.
Merveille cachée : Raphael Zeller. Repéré par feu Jim Koleff, l’ancien Zougois parviendra tôt ou tard à devenir un bon joueur de LNA. Freiné dans sa progression par une blessure particulièrement sournoise, il pourrait bien exploser cette saison.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Mathieu Nicolet et Yves de St-Aÿ

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