Mise en bière belge de petite cuvée

Notre attention médiatique ne pouvant être concentrée que sur une catastrophe à la fois, les fausses alertes à la bombe ont fait fuir les punaises de lit de France. Il était donc temps pour nous de rentrer au pays via un Hexagone décidément bien périlleux par les temps qui courent (et même ceux qui marchent tiens). D’autant qu’on ne pouvait pas être accusé d’être l’auteur de ces blagues d’aussi mauvais goût qu’une sauce à la menthe avariée puisqu’elles émanaient de Suisse et que notre code postal depuis une semaine était LE1 6DP. Mais avant de dire au revoir à la ville natale de Gary Lineker, il nous restait encore à vous narrer une rencontre de Women’s Nations League entre la Perfide Albion et la patrie de René Magritte. Ceci n’est pas un article.

La situation

Vous savez déjà tout ou presque du format de cette nouvelle compétition et de la situation de la Suisse dans celle-ci. Quid des deux adversaires de ce vendredi soir ? Voici où ils en étaient avant leur duel:

Un intrus s’est glissé dans ce classement des meilleures bières du monde (dans le désordre), sauras-tu le retrouver ?

Le match en trois nombres

5-3-2.

La formation de départ de l’équipe belge, qui s’est rapidement transformée en 5-5-0 sans le ballon en phase défensive (c’est-à-dire 120% du temps). Chiant.

La femme du match

Lauren Hemp, seule Anglaise capable d’accélérer et de créer un tant soit peu face au bus à l’impériale garé par les Red Flames dans leur zone défensive. C’est évidemment elle qui a marqué le seul but du match (13ème minute) sur l’un des très nombreux corners des Lionesses (12 contre 4) botté par Chloe Kelly et repris de la tête sur le poteau par Millie Bright avant que la numéro 11 de City ne tire les marrons du feu. C’est encore elle qui a eu l’occasion la plus dangereuse à bout portant (78ème, sauvetage d’une Nicky Evrard gonflée à bloc).

Distribution de Hemp (pourtant illégale en Grande-Bretagne) en action.

Quatre minutes plus tôt, Justine Vanhaevermaet obtenait la seule grosse occasion belge du match, mais sa tête était brillamment sauvée par Mary Earps. Et voilà, c’est tout, Justine action et puis s’en va. Rideau pour les coéquipières de Janice Cayman, dont le patronyme était décidément la seule chose qui aurait pu faire peur aux adversaires ce soir.

La buse du match

Les deux équipes. Quand l’une refuse de jouer et l’autre essaie de rentrer dans le but avec le ballon, pas besoin d’avoir de doctorat en sémiotique cognitive pour capter qu’il va y avoir un léger souci. Franchement, en ce jour de sortie du nouvel album de Blake & Mortimer, célébration des liens entre le neuvième art belge et l’Angleterre, on s’attendait à mieux.

Le tournant du match

Le forfait sur blessure de Lauren James avant la double confrontation face au Plat Pays. Cette fois, James nous a bien fait faux Bond. On a failli en quitter Leicester de rage. Il ne s’agissait pas d’une blessure « au haut du corps » (on ne s’amuse pas à ces enfantillages en foot féminin), mais bien d’une… commotion. On ne sait pas si c’est arrivé lors d’un entraînement particulièrement physique à St. George’s Park ou si la pauvre Lauren s’est cogné la tête à sa table de nuit au moment d’appuyer sur « snooze » à l’heure de la diane. Toujours est-il que même Chloe Kelly, qui partage pourtant des initiales avec Superman, n’a pu suppléer la porteuse habituelle du numéro (00)7 au Service de Sa Très Grincheuse Majesté et apporter un brin de fougue à ce duel.

Ouais ben pas ce soir.

L’aVARie qui aurait pu couler le match (enfin juste pour nous)

Une erreur monumentale du soussigné qui avait oublié que certains événements nécessitent encore un billet « physique » fait de ce matériau désormais méconnu qu’est le papier. Et que ledit papier devait lui être envoyé à la maison environ une semaine avant le match. Comme on était arrivé en Grande-Bretagne près de 15 jours plus tôt et qu’on n’allait donc pas pouvoir relever notre boîte aux lettres helvétique avant le coup d’envoi, on se retrouvait soudain en position de sentir la première goutte de sueur (froide) de notre séjour perler sur notre front. Heureusement, il était également possible de récupérer son billet sur place le soir même. Il aurait tout de même été cocasse de passer 7 jours à Leicester (cet exploit a-t-il même déjà été réalisé par un non-natif de ce bled ?) entre deux matches pour ne finalement voir que le premier.

Allégorie de la qualité de notre préparation pour la rencontre.

Le chiffre à la con

43. Comme le nombre d’années qu’il a fallu à l’équipe féminine d’Angleterre pour revenir jouer dans les East Midlands (1-1 face à la Suède en 1980). Franchement, on les comprend.

Et on comprend pourquoi le euh… kop était enjoué.

L’anecdote relative au match

Nicky Evrard, (excellente) gardienne numéro 1 de l’équipe de Belgique et récemment transférée à Chelsea puis prêtée à Brighton*, n’est pas footballeuse professionnelle à plein temps. Elle gère une entreprise de location de châteaux gonflables dans ses Flandres natales à ses heures perdues. Oui, DE CHÂTEAUX GONFLABLES. On hésite à tout plaquer pour postuler dans sa boîte tellement c’est énorme. Tiens, par exemple là maintenant, au beau milieu d’une phr…

Mais non, on déconne, il reste deux rubriques et la seule chose qu’on a jamais su gonfler c’est notre ego (à la rigueur).

Un énième Evrarrêt sur coup franc. De là à dire qu’elle nous pompe l’air…

*Elle ne jouait d’ailleurs pas dimanche dernier car elle n’a pas le droit d’affronter son employeur.

L’anecdote complètement hors de propos

Selon The Guardian Women’s Football Weekly Podcast, Sjoeke Nüsken, auteure d’un hat trick lors du Chelsea-Brighton susmentionné, est arrivée au stade et en est repartie à vélo ce jour-là. Y’aurait-il une fibre écologique dans le foot féminin qui n’existe pas chez les hommes ou simplement un écart salarial conséquent ? On vous aide un peu: la jeune milieu de terrain allemande a été transférée de Francfort à Chelsea pour la modique somme de 120’000 euros – un record (!) pour l’Eintracht – selon Bild.

A titre de comparaison, Il faut remonter à 1968 pour trouver un montant record comparable chez les hommes en Angleterre (un certain Allan Clarke de Fulham à Leicester pour 150’000 £). En 1992, année inaugurale de la Premier League, un certain Ian Olney signait le plus gros transfert de l’histoire d’Oldham (aujourd’hui en cinquième division): 750’000 £ (environ 860’000 euros / 815’000 CHF). Le record national actuel appartient à Enzo Fernandez, passé de Benfica à Chelsea pour 106,8 millions de livres (121 millions d’euros) en janvier dernier. Dire que Dennis Bergkamp ne valait « que » 7,5 millions de livres en 1995 et Thierry Henry 11 quatre ans plus tard…

P.S. Un abonnement saison pour suivre Leicester City Women à domicile coûte 42£, soit l’équivalent d’un billet entrée de gamme pour un seul petit match de rien du tout de leurs collègues masculins en deuxième division. A tout hasard, on a demandé combien coûtait l’équipe, on ne sait jamais…

Et sinon dans les tribunes ?

Pratique ces machins. Du coup on a passé le premier quart d’heure à Yverdon le temps que ça se dissipe.

Guichets fermés à Leicester (28’321 sièges garnis d’un arrière-train), voilà qui change du championnat samedi dernier ! Par contre on ne comprendra décidément jamais les gens dont le seul but dans la vie semble être de maximiser leur nombre de passages à la buvette et d’optimiser le timing de ceux-ci (surtout pas avant le match ou pendant la pause par exemple) et souffrent d’une allergie à tout ce qui se passe avant la 10ème ou après la 80ème minute. Il n’y a pas de contrôle des présences et le match est télévisé, les gars. Ne venez pas, vraiment.

A Leicester, la prison est juste à côté du stade, pratique pour les hooligans.

La minute Johan Djourou

Avis à tous nos lecteurs aveugles (et ils sont sûrement nombreux, sinon comment expliquer notre succès ?), nous travaillons activement à rendre cette aide disponible sur notre site:

Imaginez être av… euh visuellement diminué et n’avoir que la voix du consultant de la RTS à laquelle vous raccrocher.

La rétrospective du prochain match

Eh bien rebelote ! Belgique-Angleterre aura lieu mardi au… King Power Stadium. Hein ? Encore ? Oui, mais celui de Louvain, antre du Oud-Heverlee Leuven en Jupiler Pro League, le King Power Den Dreef Stadion. Eh oui, King Power, la boîte fondée par feu Vichai Srivaddhanaprabha (38 points au Scrabble), possède les deux clubs. On espère que la pression d’une rencontre à domicile forcera la Belgique à montrer un chouïa de panache qui nous fera mousser un peu plus qu’un fond de Carlsberg en action chez Lidl oublié sur la table la veille.

« The Boss », c’est plus facile à prononcer et on arrive à finir de le dire avant la mi-temps.

Et la Nati pendant ce temps-là ?

Troisième défaite en autant de matches (highlights ici). Bon, en même temps, une manifestation sportive face à la Suède, vous vous attendiez à quoi au juste ? Rendez-vous mardi à domicile contre l’Espagne. Quelque chose nous dit que ça risque de faire 4 à la suite…

Le stagiaire a choisi l’image de tête (façon de parler) totalement au hasard bien sûr.

Le voyage du retour

Vous croyiez qu’il serait sans histoires ? Les East Midlands ont encore beaucoup de secrets pour vous. Après les inondations du week-end dernier, accident sur la voie cette fois-ci. Tous les trains sont retardés, on reprend le poste qui a fait notre succès: debout dans le couloir juché sur nos trois valises à côté d’un pack de bières entamé par nos voisins (on est en Angleterre et il est déjà 10h du matin bon sang !).

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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6 Commentaires

    • Ah c’était quand même une autre Belgique au retour ! Et Tessa Wullaert, quelle joueuse ! La Nations League est-elle la compétition de trop pour Sarina Wiegman à la tête de l’Angleterre ? Team GB risque quand même de rater les JO là…

      • Oui, la Belgique s’est un peu plus projetée vers l’avant au retour mais on s’est quand même bien fait dominé 😉

        Pour les JO, pourtant tout est fait pour « favoriser » l’Angleterre … avec les Ecossaises en alliées dans le même groupe…

        Dingue que ça ait pu arriver au tirage au sort et qu’il n’y avait pas un critère qui empêchait les équipes britanniques de se rencontrer.

        (explication : L’Angleterre a été choisie pour défendre les chances du Royaume-Uni pour la qualif aux JO donc seule elle peut prétendre au billet pour les JO … mais si l’Angleterre se qualifie, les meilleurs écossaises, galloises ou irlandaises du nord seront éligibles pour accompagner l’équipe en tant que RU. C’est donc complètement fou que Ecosse et Angleterre soient dans le même groupe… les Belges l’ont mauvaise déjà suite à l’égalisation écossaise à la 93è sur hors-jeu – merci l’UEFA de ne pas prévoir de VAR pour les filles).

        • Mwouais. J’y crois moyen à cette alliance possible entre l’Angleterre et l’Ecosse au vu des haines ancestrales… D’autant qu’aux derniers JO, Team GB n’avait aligné que 3 non-Anglaises dont 2 Ecossaises. Pas sûr que ce genre de perspective soit suffisant pour motiver toutes les joueuses écossaises à solder ou à se sublimer suivant l’adversaire. En plus du fait que le 0-5 en 2 matches face aux Pays-Bas a montré leurs limites. D’ailleurs l’une des deux sélectionnées de Tokyo (Caroline Weir) vient de se faire les ligaments croisés… Et parmi les autres, je ne vois guère que Erin Cuthbert et Martha Thomas pour potentiellement s’ajouter à Kim Little en sélection olympique. Le reste de l’équipe est bien trop faible. Et on peut déjà dire que le Pays-de-Galles n’aura que Sophie Ingle si tout va bien et que l’Irlande du Nord ne sera pas représentée haha…

  1. 0-6 quand même en Ecosse … 😉 de quoi alimenter le moulin à polémique je dirais… Heureusement pour le coup que la Hollande en ait passé 4 à la Belgique … (dingue qu’un belge en arrive à dire ça …)

  2. Honnêtement j’ai envie d’en dire autant de la Belgique pour le coup. Si on peut penser que l’Ecosse avait envie d’encourager l’Angleterre, on peut tout aussi bien penser que la Belgique (qui avait gagné le match aller et ne semble savoir jouer qu’à domicile à voir) a avantagé les Pays-Bas. Et que la Suisse lâchera exprès contre la France la prochaine fois. Je ne sais pas si on se rend bien compte de ce que ça coûte à un Ecossais pure souche de soutenir l’ennemi anglais à qui il doit en plus le Brexit… A part ça, j’ai vu le match en entier et les Ecossaises ont tout donné jusqu’à la fin et ont failli marquer à plusieurs reprises. Soit c’est des funambules de l’extrême qui savent simuler un engagement total jusqu’au moindre détail, soit elles voulaient vraiment gagner. On ne pousse pas pour marquer à 0-5 quand on sait que le moindre but peut faire tout basculer si on ne veut pas vraiment marquer.

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