Qui veut gagner des millions ?

Après deux journées disputées, plusieurs constats apparaissent. Si la lucrative compétition permet aux «petits» clubs présents de s’assurer d’excellentes rentrées économiques, ce sont toujours ceux ayant les budgets les plus importants qui dominent. Toujours ? Pas tout à fait. Petit état des lieux des clubs engagés et de leurs performances sportives du point de vue de leurs ressources économiques.

Les millionnaires à succès

Les quatre plus gros budgets de la compétition ont fait le plein de points lors des deux premières rencontres de la compétition, à l’exception de Barcelone. Même s’ils n’ont pas empoché la totalité de l’enjeu, les Blaugrana ont montré tout leur potentiel offensif contre Kiev et lors de leur match à Milan contre l’Inter. Les champions d’Europe ont un potentiel offensif extraordinaire et même Ibrahimovic s’investit pleinement pour l’équipe, qui s’impose comme le gros favori de la compétition à nouveau.
Le Real Madrid a confirmé tout son potentiel offensif en faisant tourner les défenses de Zurich, puis de Marseille, grâce à d’excellentes performances de la danseuse portugaise et du prêtre brésilien. On notera au passage que Raul a disputé son 709e match avec le Real, établissant au passage un nouveau record pour le club, dépassant Manuel Sanchis. Les deux équipes anglaises, Manchester United et Chelsea, ont également remporté leurs deux premières rencontres, mais à chaque fois de manière poussive. Les deux clubs auraient pu perdre des plumes contre Wolfsburg et APOEL Nicosie, mais leur expérience de la compétition a fait la différence.

Même si son budget est moindre par rapport aux quatre équipes citées précédemment, j’ajouterai Arsenal à cette liste. Le «FC Sion du riche» a également montré un potentiel offensif impressionnant (Van Persie, Fabregas, Arshavin surtout…) en faisant tourner les Grecs de l’Olympiakos dans tous les sens, qui, sans l’excellent portier Nikopolidis, aurait pu repartir de l’Emirates Stadium avec autant de buts encaissés que de défaites au premier tour de Patty Schnyder cette saison.

Ceux ayant certains moyens

Ces clubs ont montré un certain potentiel, possèdent certaines ressources pécuniaires non-négligeables, mais comme tout le monde le sait, il y a autant de chance qu’ils remportent la compétition que Kadhafi vienne passer ses vacances d’hiver à Verbier. Lyon et Séville ont fait le plein de points. Faut dire que les Français ont gagné contre une Fiorentina jouant à 10, puis contre les terrifiants Hongrois de Debrecen. Cependant leur très bon recrutement estival (Bastos, Lisandro, Gomis), ainsi que la classe du jeune Pjanic, pourraient éventuellement leur permettre d’aller jusqu’en quart de final. Séville a, elle, impressionné à Glasgow avec un sec 4-1 contre les Rangers, et un Luis Fabiano au sommet de son art. Leur groupe n’est pas très relevé, faudra voir l’équipe lorsqu’elle se frottera aux gros calibres  européens.
Le Bayern Munich compte 4 points après deux journées, ils auraient pu prétendre à mieux contre la Juventus où ils se sont créés les plus grosses occasions. Robben, Ribéry et Müller ont montré qu’ils préféraient se mettre en évidence en Ligue des Champions que contre Bochum ou Mainz le week-end. La Fiorentina et Wolfsburg n’ont, certes, que 3 points mais ils ont démontré qu’il faudra compter avec eux. La Viola a tellement fait tourner la défense de Liverpool durant la première mi-temps que Carragher et Skrtel ont dû se croire dans un carrousel. Wolfsburg a montré que son titre de champion d’Allemagne n’a rien d’usurpé à Old Trafford. Jouant de manière très offensive et s’appuyant une fois de plus sur un excellent Benaglio, Volkswagen FC a fait douter Manchester jusqu’en fin match, le partage de l’enjeu n’aurait pas été démérité.
Autres clubs pouvant appartenir à cette catégorie : Stuttgart, Bordeaux, Porto.

Ceux qui attendent leur retour sur investissement

Les équipes milanaises ont de la peine à se trouver sur le plan continental pour le moment. L’EMS de l’AC Milan, qui avait brillamment commencé la compétition en s’imposant à Marseille, s’est fait surprendre par les «p’tits Suisses» de Zurich. Mais si, vous savez, cette équipe qui donne généreusement des points à Neuchâtel le week-end et qui sait se surpasser lors des gros rendez-vous. Leonardo est plus que jamais menacé ; à la traine en championnat, il n’est pas certain que l’éventuel futur FC Kadhafi puisse reprendre confiance lors sa prochaine double confrontation contre le Real.
L’Inter Milan (5ème plus gros budget de la compétition), dépassée et chanceuse de récolter un point contre Barcelone, peut à nouveau être contente du point ramené de Rubin Kazan (si si, c’est en Europe). On note également l’expulsion plus que justifiée de Balotelli ; le jeune Italien est certes talentueux, mais sur un terrain il est autant détestable qu’un Van Bommel ou un Materazzi. La Juventus (tiens, encore une équipe italienne…) se trouve dans la même situation que l’Inter avec 2 points en deux matchs. Très poussive contre Bordeaux lors de la première rencontre, elle s’est faite dominer à Munich et peut s’estimer heureuse du point récolté. La Vielle Dame possède pourtant un compartiment offensif étoffé (Trézéguet, Amauri, Iaquinta, Del Piero, Giovinco…) mais dont l’efficacité devant le but ressemble à Fribourg-Gottéron en power-play.
Liverpool, vainqueur à l’arrache des ogres de l’Est de Debrecen, n’a pas vraiment touché le ballon à Florence, mais il est vrai que la faucheuse slovaque et le tracteur de la Mersey de la défense centrale des Reds se sont contentés de regarder Jovetic et ses coéquipiers. Et si dans le même temps, les deux seuls joueurs pouvant faire basculer un match à eux-seuls (Gerrard et Torres) sont dans un jour sans, tout se complique. L’un des problèmes des Reds, qui se veut être constant sur le plan européen et viser le titre en Angleterre, est la profondeur du banc où il est difficile de faire tourner un match avec Plessis, Voronin ou Spearing. Les deux prochains matchs contre Lyon seront décisifs.
Autres clubs pouvant appartenir à cette catégorie : Marseille, Atletico Madrid.

Les nouveaux riches

On l’a vu lors des saisons précédentes avec les victoires du Zenith et du Shaktar, le nouvel eldorado européen se construit gentiment en Europe de l’Est, même si leur budget n’équivaut pas encore les grands du continent. Cependant leurs résultats en Ligue des Champions se font attendre. Mais les ex-clubs «communistes» démontrent à chaque sortie que leur niveau s’améliore, comme en témoignent les prestations encourageantes des deux clubs russes engagés. CSKA Moscou a pris la mesure de Besiktas, mais il sera difficile pour eux de passer devant Manchester et Wolfsburg dans leur groupe.

Le Dynamo Kiev, loin d’être ridicule à Barcelone, est aussi une valeur certaine dans le football de l’Est. L’équipe pourrait éventuellement aller chercher la 2ème place de son groupe face à l’Inter qui semble prenable. De plus, le retour de l’enfant prodige, Shevchenko, pourrait leur permettre de recréer un exploit qu’ils attendent depuis 1998 où ils avaient atteints les demi-finales de la compétition. Autre nouveau de l’Est, le Rubin Kazan, champion de Russie en 2008. Ils n’ont qu’un point en deux matchs, mais ils ont montré un potentiel très intéressant, notamment lors de la rencontre contre l’Inter. Il sera difficile d’aller gagner à Kazan, une ville du Tatarstan (quoi ? tu n’y as jamais été ?) qui se situe à 750 kilomètres à l’est de Moscou, dont le nom signifie chaudron et les températures glaciales dès le mois de novembre risquent de refroidir plus d’un footballeur occidental.

Les working poor

Ces équipes, qui ont touché 10 millions de francs – voire plus selon les droits télé et éventuels points engrangés – grâce à leur participation, font plus folklore qu’autre chose dans le gotha du football européen. Ils n’ont récolté que tout au plus un point lors de ces deux premières journées. Commençons par l’APOEL Nicosie qui a réussi l’exploit d’être la deuxième équipe chypriote consécutive qualifiée pour la prestigieuse CL. Tout comme son prédécesseur Famagousta, elle arrive à tenir tête aux plus grands en prenant un point à Madrid contre l’Atletico et faisant douter Chelski à domicile. Il est clair qu’avec encore Porto dans le groupe, ils vont jouer le rôle d’arbitre, mais on est certain qu’ils vont bien le tenir.
Unirea Urziceni (quoi tu ne sais pas non plus où ça se trouve ? Mais si dans le Judet de Ialomita, c’est une ville aussi grande que Bellinzone et qui possède un stade aussi grand que celui de Bellinzone. Inculte !) a aussi réussi à prendre un point lors de ses début en faisant match nul à domicile contre Stuttgart. Difficile de prédire l’avenir du champion roumain entrainé par Dan Petrescu, dans la compétition, mais la troisième place des Rangers semble jouable.

Maccabi Haïfa semble condamner à jouer contre la dernière place. Défait à deux reprises déjà, il paraît peu probable que l’équipe puisse dominer la Juventus lors des deux prochaines rencontres, quoique, si Trézéguet joue… Les Asiatiques n’ont pas eu vraiment de chance en tombant dans un groupe très relevé et joueront pour l’un ou l’autre exploit. Enfin mon petit dernier, mon préféré, Debrecen. Le champion hongrois compte d’ailleurs dans ses rangs un Suisse : Mirsad Mijadinoski. Bon d’accord il est binational macédonien. Les supporters sédunois se rappellent de ce grand joueur (en taille) qui avait plus de facilité à faire une passe dans les gradins qu’à un coéquipier. Revenons sur l’équipe qui avait facilement sorti le CSKA Sofia lors des qualifications, puis très bien défendu à Anfield Road. Malheureusement ils ont sombré en 25 minutes face à Lyon. L’équipe semble faible, comme Haïfa ils miseront sur un quelconque exploit.

Les champions secondaires limités

Ils sont champions de Grèce, de Belgique, des Pays-Bas, de Suisse, de Turquie et d’Ecosse, de bons championnats, mais malheureusement ces équipes restent limitées sur le plan continental malgré toute leur bonne volonté face aux équipes anglaises, espagnoles voire allemandes et italiennes. Olympiakos, Liège, AZ Alkmaar, Zurich, Besiktas et les Glasgow Rangers sont toutes capables d’un exploit, de battre une fois ou l’autre un gros, comme l’a si bien réalisé le FCZ contre Milan, voire de passer la phase de groupe, mais ne pourront régater avec les gros du continent. Le cumul de leurs différents budgets n’atteint qu’à peine le budget de Manchester ou de l’Inter. Cependant la Ligue des Champions est une excellente vitrine pour les joueurs de ces équipes qui essaieront de se surpasser afin de se faire repérer.
Mais comme tout le monde le sait, l’argent ne fait pas le bonheur… même s’il y contribue un peu.

Écrit par Johan Tachet

Commentaires Facebook

1 Commentaire

  1. Beau résumé même si c’est encore beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions ! En tout cas sympa ces « p’tits nouveaux » sur cartonrouge !

    Je vois une surprise cette année, du genre une finale avec un club que personne attend. Lequel ? Haha…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.