Genève-Servette confirme, Lugano inquiète

Genève-Servette n’a pas eu à forcer son talent outre mesure pour prendre celle d’un Lugano à la dérive. Dis Kenta, c’est encore loin les play-offs ?

Certes, on se gardera de toute conclusion hâtive, car comme dirait un fameux philosophe à cithare, tout peut aller très vite en hockey. Mais à ce point du championnat, à l’approche de ce qui était jadis la fin du premier tour, cela valait bien la peine de faire un enfant dans le dos de John Slettvoll du côté du Tessin.Bien sûr, les blanc et noir comptent plusieurs blessés parmi leurs meilleurs joueurs. Mais l’effectif restant devrait tout de même s’avérer largement suffisant pour offrir une performance supérieure à celle vue hier soir. Et surtout, cela n’excuse en aucun cas la manière. À part les soutiers Kevin Romy et Tristan Vauclair, l’équipe de Kent Johansson fut totalement transparente, ne se faisant remarquer que par l’une ou l’autre inconséquence.

Face à ces fantômes, Genève-Servette se montra sérieux et profita rapidement de la situation. Après deux minutes à peine, Florian Conz exploitait un rebond juteux comme David Aebischer aime les offrir et lançait son équipe vers un succès qui ne sembla jamais faire de doute. D’autant que les Luganais se lançaient dans une impressionnante collection de pénalités, généralement stupides, qu’ils doublaient d’un box-play particulièrement indigent. Dans ces conditions, même le power-play genevois pouvait trouver la mire, ce qui fut fait par trois fois. Après un magnifique tir en lucarne de Thomas Deruns sur une lucide transversale de Jonathan Mercier (est-ce le même joueur que l’année dernière ?), on semblait même se diriger vers un score fleuve.
Mais Tobias Stephan a du cœur. Pour aider un peu les visiteurs, il s’équipait de la mitaine trouée de Reto Schürch et des jambières magiques de Nando Wieser. Revenus à deux longueurs en début de dernière période, alors que les Aigles géraient (un peu trop facilement) leur avantage, les Tessinois pouvaient encore espérer quelque chose au prix d’un coup de rein assez improbable il est vrai, mais enfin tout de même.
C’était sans compter sur Julien Vauclair, qui expédiait Daniel Rubin la tête la première dans la bande. Alors qu’il aurait eu tout intérêt à s’écraser un peu suite à ce geste gratuit et particulièrement dangereux, le Jurassien, gagnant le banc des pénalités sous la bronca de rigueur, ne trouva rien de plus intelligent que d’adresser quelques gestes de provocation à l’endroit du public. De quoi mesurer avec un peu plus de précision le quotient intellectuel du défenseur. Avec cinq minutes de supériorité à disposition, les Grenat saisissaient l’occasion de tuer définitivement la partie d’une habile déviation de Kris Beech, qui inscrivait donc sa première réussite genevoise face à son ancien entraîneur.

Nantis de trois points supplémentaires dans leur besace pour fêter leur retour à la maison, les Grenat ne cessent d’impressionner par leur sûreté, leur sang-froid et leur maîtrise en général. Et cela alors qu’ils évoluent avec un étranger et demi, et que l’apport offensif, en dehors de la deuxième ligne, est très irrégulier. D’un côté, on se dit que cette réussite pourra difficilement se prolonger dans ces conditions. Dans le même temps, on imagine mal Chris McSorley se contenter longtemps du rendement approximatif de certains de ses joueurs clés au cas où les résultats viendraient à se gâter. Le ciel est donc plutôt serein au bout du lac. Ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette ‑ Lugano 5-2 (2-0 2-1 1-1)

Les Vernets, 6’457 spectateurs.
Arbitres : S. Eichmann ; G. Mauron, L. Schmid.
Buts : 2’12 F. Conz (C. Rivera, J. Mercier) 1-0, 7’44 G. Bezina (J. Toms, T. Salmelainen / 5 contre 4 / E. Chiriaev) 2-0, 21’36 T. Deruns (J. Mercier, J. Gobbi / 5 contre 4 / K. Romy) 3-0, 24’34 K. Romy (T. Vauclair) 3-1, 25’50 J. Kolník (C. Rivera) 4-1, 45’52 K. Romy (T. Vauclair, J. Åkerman / 4 contre 5 / M. Nodari) 4-2, 52’35 K. Beech (G. Bezina, J. Toms / 5 contre 4 / J. Vauclair, purgée par M. Jörg) 5-2.

Genève-Servette : T. Stephan ; G. Bezina (+1), J. Mercier (0) ; M. Maurer (0), J. Gobbi (-1) ; R. Breitbach (‑), D. Vukovic (‑) ; D. Rubin (-1), K. Beech (-1), J. Toms (-1) ; T. Salmelainen (‑), P. Savary (-1), T. Deruns (-1) ; J. Kolník (+1), M. Trachsler (‑), J. Cadieux (‑) ; F. Randegger (+1), F. Conz (+2), C. Rivera (+2) ; S. Hürlimann (-1). Absents : M. Höhener (suspendu), G. Mona, R. Suri, P. Pivron, F. Tamo (surnuméraires).

Lugano : D. Aebischer ; J. Vauclair (-2), A. Chiesa (-2) ; M. Nodari (+1), J. Åkerman (+2) ; S. Hirschi (‑), T. Helbling (+1) ; L. Profico (‑) ; H. Domenichelli (-1), R. Robitaille (-1), R. Lemm (-1) ; T. Vauclair (+2), K. Romy (+2), J. Hamilton (‑) ; M. Jörg (‑), R. Schlagenhauf (‑), A. Näser (‑) ; D. Kostovic (-1), E. Chiriaev (0), T. Goi (-1). Absents :P. Nummelin (main), R. Sannitz (épaule), B. Murray (adducteurs), F. Conne (main).

Pénalités : 6 x 2′ +10′ (D. Rubin / charge contre la tête) contre Genève-Servette, 12 x 2′ + 1 x 5′ +2 x 10′ (J. Hamilton, R. Robitaille / comportement anti-sportif) + 2 x méconduite de match (R. Robitaille /protestations ?, J. Vauclair, charge par derrière).

Notes : 44’28 Reprise de K. Beech sur le poteau. 54’32 Temps mort pour Genève-Servette.

Écrit par Yves Grasset