NHL : place à l’Est !

Après avoir fait étalage de toute notre science infuse dans les pronostics de la Conférence Ouest, voici le classement inversé tant attendu de l’autre côté des Appalaches, ou presque. Dans cette deuxième partie, tu as aussi l’occasion, ami lecteur, de donner tes prévisions mûrement réfléchies pour l’Est !

15. New York Islanders

Voilà, c’est fait. John Tavares est arrivé en ville et le nombre d’abonnements a pris l’ascenseur. Il n’empêche que si l’on élimine Streit du contingent et que l’on estime que DiPietro est une farce, on va en demander beaucoup à ces jeunes. Fort heureusement, le repêchage de l’année prochaine s’annonce des plus fructueux, notamment l’ailier russe dans les trois premières positions. Et de toute manière l’équipe risque bien de vouloir déménager ou disparaître tant il n’a rien été fait pour prendre au sérieux les demandes de Charles Wang, propriétaire de la franchise. L’ultimatum qu’il posait aux autorités locales pour débloquer son projet de nouveau complexe immobilier abritant notamment une patinoire est désormais passé.

14. Florida Panthers

David Booth l’a promis aux nombreux lecteurs estivaux de planetehockey.com. S’il n’arrive pas à se maintenir en NHL, il viendra louer le Seigneur et peut-être un peu jouer au hockey de ce côté-ci du Lac de Joux. Mais vu le contingent actuel de la franchise et le départ de Bouwmeester, il y a peu à parier que le Tout Puissant ne lui trouve pas une bonne place d’apôtre auprès de l’ancien mentor des Rangers de Kitchener (OHL) et excellent technicien, Peter de Boer. Le prochain changement d’adresse risque d’ailleurs de concerner la franchise elle-même. Puisque le public de la Floride n’est étonnamment pas le plus fervent de ce show «vaguement inspiré d’un mauvais film de Walt Disney avec des canards» qu’on peut parfois, nous, appeler hockey sur glace. D’ailleurs… Comment des panthères pourraient-elles survivre dans de rudes conditions du Grand Nord ? Oui, c’est vraiment dans ce sens qu’il fallait poser la question. En tout les cas, la santé de cette équipe est un exemple de plus dans la faillite de la vision à la Bettman.

13. Toronto Maple Leafs

Brian Burke, le chantre de la robustesse a déposé ses valises dans la métropole ontarienne. Après avoir tout fait dans l’intention de repêcher John Tavares en juin, Burke a pu trouver ce qu’il préfère sur le marché des joueurs autonomes. De gros défenseurs robustes qui frappent et, accessoirement, peu aptes offensivement. Komisarek et Beauchemin portent désormais le prestigieux mais peu titré uniforme à la feuille d’Érable. Grabovski tiendra le rôle de premier centre, en attendant que mieux se profile. La franchise fut la première de l’histoire à repêcher un joueur musulman en la personne de Nazem Kadri. Une assurance de compter sur un joueur qui refusera tous les coups qu’on offre habituellement aux joueurs des Leafs en ville ? Gustavsson le gardien tant convoité pourra être vraiment fier d’avoir échoué aussi loin des côtes. Finalement, on ne peut être qu’admiratif devant l’engouement que suscite la formation canadienne au vu de la bouillie qu’elle présente sur la glace depuis un bon moment.

12. Atlanta Thrashers

Sorte d’Alcatraz pour les joueurs repêchés ou échangés, il existe différentes manières de se sortir du coup du sort qu’est cette mauvaise version du jeu «Qui veut gagner des millions ?» En cas de situation confuse, il n’a pas été rare que les joueurs demandent l’avis du public. Mais celui-ci, essentiellement composés de nostalgiques de la guerre froide venus voir un Russe «s’en prendre plein la gueule» ou de cadres soucieux de vivre des aventures extraconjugales en toute discrétion, n’est pas d’un grand secours. On se souvient que Márian Hossa avait eu recours au 50-50 il y a deux saisons en disant qu’il resterait peut-être ou peut-être pas avant d’être échangé pour quelques mois aux Pingouins. Enfin, la méthode la plus simple pour se sortir de ce bourbier est certainement l’appel à un ami, qu’il faut encore tuer dans un accident de voiture pour être certain d’être muté dans un quartier de haute sécurité. Bref, si à l’époque les Flames avaient quitté la Géorgie pour Calgary, c’est qu’il y avait bien une raison.

11. Buffalo Sabres

Depuis qu’on les voyait comme l’équipe exemplaire qui allait préfigurer ce qu’allait devenir le hockey post-lock out, bien du chemin – et des ouvertures de marché des joueurs autonomes – a été parcouru. Chaque année, Buffalo se fait piller des éléments de son cadre et s’est même vu obligé de donner un contrat démesuré à l’autrichien Vanek pour répondre à une offre des Oilers. Mais comme chaque année, les Sabres comptent sur un excellent entraîneur en la personne de Lindy Ruff qui semble donner de nouvelles ressources à cette équipe, alors que ses éléments partis ne confirment que rarement les résultats qu’ils avaient obtenus dans la franchise de l’État de New York. L’année passée, on a même décidé de ne pas garder Spacek pour faire de la place aux 6’8 de Tyler Myers. Pourquoi aussi bas alors ? Parce que choisir dans les premiers au repêchage serait bienvenu pour eux.

10. Ottawa Senators

Après la décision de garder Redden plutôt que Chara, il y avait eu le feuilleton Emery, puis le bouc émissaire Gerber. Maintenant que tout reposait sur un gardien à la santé très fragile, on était bon pour passer au moins l’été tranquille du côté d’Ottawa, après la signature du «magicien qui disparaît trois fois sur quatre» Kovalev. Mais voici que Dany Heatley, insatisfait de son utilisation (pourquoi pas lui et le marié oui ?) fit la demande très sérieuse d’être échangé. Et puisque son contrat le permet : pas n’importe où et dans le temps qu’il faudra. C’est donc du côté des Sharks que l’homme à la pupille en berne est allé contrôler les goûts en matière de gent féminine de Joe Thornton. Pour ce qui a été reçu en échange, la question sera de savoir si c’était dans Saw I, II ou III qu’ils étaient figurants.

9. Tampa Bay Lightning

On était si près d’un dénouement convenable et de la disparition de l’équipe et ne voilà pas qu’ils repêchent le joueur le plus impressionnant d’un repêchage depuis Sidney Crosby. Victor Hedman est de ces forces de la nature qui pourront – tout en jouant en défense – imaginer s’approcher de la centaine de points en saison. Et puisqu’il suffisait de lire les journaux pour réaliser ce choix de première ronde, le mérite est vraiment faible. Ohlund a fait valoir son autonomie de Vancouver pour faciliter l’intégration au jeu et vie nord-américains. Lecavalier, Tanguay et St-Louis devraient donner du bon temps à ces retraités québécois nostalgiques du temps – glorieux – où on les laissait tricher au repêchage. D’un côté ou de l’autre de la barre, ce sera peut-être à la seconde année de Stamkos de répondre…

8. New Jersey Devils

Il y a un préjugé infect circulant au sujet des Devils. Selon bon nombre d’amateurs américains, leur trappe ferait d’eux la deuxième équipe la plus emmerdante à voir jouer après une sinistre formation du côté des Bahamas (ou bien les Îles Normandes, c’est plus bien sûr) entraînée par un dénommé Krüger. En fait, c’était faux jusqu’à cette saison. Jacques Lemaire, alias «le Raymond Barre du sifflet» est de retour au bercail pour que vous n’ayez aucune chance d’oublier que c’est bien au milieu de la nuit que vous regardez ce match. Mais les mentalités changent. Et cette année, même Brodeur a l’air de s’emmerder à jouer le système.

7. Montréal Canadiens

Grand ménage cette année. Koivu et Kovalev entre autres, n’y seront plus. À la place, on voit arriver Cammalleri, Gomez et Gionta, les nouveaux hommes forts et travaillants du Canadien. Mais puisque le fan de hockey montréalais n’est pas idiot et sait bien que son sport favori ne se joue pas au fond d’une mine et si possible pas à quatre pattes, il s’insurge : «Aussi small t…, ça pourrait-t-y-donc pas être d’nos tits culs ? Pantoute !» En fait, le problème de performance du Canadien tient plus au fait que Montréal n’a plus fait graduer de défenseur offensif depuis… Mark Streit. Et que si l’on a récemment donné sa chance à Weber pour pallier l’absence de Markov qui fera très mal, on lui a plus attaché un boulet à la cheville en la personne de Hal Gill. Le cirque médiatique semble avoir une telle emprise sur la ville que les performances des joueurs se font toujours en manque d’oxygène. Mais pour toute espèce de foutoir lié de près ou de loin à la francophonie, il y a de l’espoir : Sarkozy serait libre pour coacher dès la fin de son mandat. Succéder à Jacques Martin est quelque chose qu’il fait d’habitude volontiers.

6. New York Rangers

John Tortorella est le genre de type qu’on rêve de se faire comme ami. Avec son style cabot, il aurait très bien pu attraper la pelade. Malheureusement pour les fessiers et mollets de ces joueurs, c’est de rage qu’il est atteint. Et puisqu’un seul agité du bocal ne fait pas un asile, les Rangers ont repris Sean Avery après ses frasques télévisées de Dallas. Andres Ambühl qui comptait sur le changement d’entraîneur pour se faire une place aurait meilleur temps de changer de nom s’il espère être rappelé rapidement du club ferme. Appelez l’Ambühl, Hans ! Qu’ils pourraient marteler, une fois les jeunes pousses de la défense prises à défaut.

5. Carolina Hurricanes

Crier au scandale du fait que l’équipe de Rayleigh figure dans la division la plus faible – et de loin – de la Ligue Nationale serait un peur réducteur. Surtout qu’entre-temps, les Caps ne sont plus grotesques. Détentrice du trophée en 2006, la Caroline a peut-être perdu des éléments cadres de cette époque, mais elle n’en demeure pas moins une organisation comportant des hommes de grand talent, notamment son DG Jim Rutherford. Et même si Erik Staal se doit désormais de jouer comme un vétéran et de prendre la place que Brind’Amour occupait depuis son passage à Kloten, on ne peut surtout pas exclure que Cam Ward se mette dans sa bulle et que plus personne ne l’en ressorte. La perte d’Anton Babchuk risque en revanche de faire mal au niveau de la production offensive chez les défenseurs, mais qu’importe ! La carrière de Sergei Samsonov semble – contre toute attente – relancée…

4. Philadelphia Flyers

L’arrivée de Chris Pronger et de Ray Emery devraient à elles seules s’assurer de diminuer les adversaires grâce au sens du coup bas du premier et à la passion que le second voue à la boxe. Toujours mal pris avec le plafond salarial et des joueurs comme Brière ou Gagné qui tiennent rarement une saison à plein régime, les Flyers devraient pouvoir compter sur l’éclosion de van Riemsdyk, un attaquant de puissance choisi juste derrière Kane et qui fait des jaloux à travers toute la ligue. Jeff Carter et Mike Richards devraient être les piliers d’une équipe qui cherche visiblement à retrouver le style salaud qui a fait la légende des «Broad Street Bullies».

3. Boston Bruins

Leader de la Conférence Est l’an passé, Boston revient cette année avec un effectif légèrement retravaillé. Julien a continué de reprendre ce que Montréal ne savait pas exploiter et s’est octroyé les services de la peste Bégin, en espérant que ce dernier ne fasse pas péter les plombs de Chara dans le vestiaire comme il savait si bien le faire lorsqu’il l’affrontait. Kessel, blessé et indisponible jusqu’à Noël a quitté le Massachussets pour rejoindre Toronto. Sa production de 36 buts manquera-t-elle ? Question ouverte. Par contre, son éthique de travail va très probablement manquer au coach.

2. Washington Capitals

Si à Pittsburgh on est nantis par les joueurs repêchés par l’organisation, que dire de Washington ? Alexander Ovechkin, Alexander Semin, Nicklas Backström et Mike Green. Et dire qu’il y a des organisations qui seraient capables de vendre leur âme pour un seul de ces joueurs. Pour le reste, Kozlov et Fedorov ont quitté les bords du Potomac. Mais Knuble semble être le troisième centre qui a manqué à l’organisation durant les derniers play-off. Quant au duo de gardien, si Théodore n’est pas à la hauteur, Varlamov qui n’est pas encore appelé premier gardien par le coach pourrait ravir le poste sans qu’il y ait à parler d’injustice.

1. Pittsburgh Penguins

A Pittsburgh, on ne peut pas vraiment parler de chance. On a réussi à finir à de si nombreuses reprises à la dernière place qu’on a aussi obtenu deux des trois meilleurs joueurs de la ligue. Le problème actuel de la franchise est de trouver des joueurs pas trop chers et avec un peu de sens du but pour les mettre aux ailes de Malkin et Crosby. On a d’ailleurs bien progressé dans le choix des ailiers puisqu’il y a trois ans de cela, on mettait des joueurs à cette place des joueurs qui pourraient être considérés comme des étrangers B en LNA. En défense, on compte sur un Gonchar impérial et on a pas l’air mécontent du développement de Letang et Goligorski. Au but, c’est depuis le printemps passé officiel : Marc-André Fleury peut livrer la marchandise.

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche et Mathieu Nicolet