Losing is their religion

Connor McDavid a brisé le plafond de verre des 100 points en 53 rencontres ou moins. Il est le premier à réaliser cet exploit depuis Mario Lemieux (en… 38 parties) et Jaromír Jágr (52 – non, pas son âge, le nombre de matches) lors de la saison 1995/1996. Vous pensez qu’on va vous parler de ça ? Vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au delta du Nil, chers lecteurs. A la rédac’ de Carton-Rouge, on ne mange pas de ce pain-là.

Comme tout le monde le sait, les Dallas Stars se sont fait éliminer de la course aux playoffs de NHL. Hein ? Mais si. Traduction proposée par votre site de news sportives favori de ce côté du Röstigraben: « Roman Josi est qualifié pour les séries, youhouuuuuuu ! » Vous voyez, vous êtes au courant. Mais parler de ça serait passer à côté de la véritable performance accomplie par les Texans cette saison: égaler le record de la franchise en termes de matches perdus au-delà du temps réglementaire (14) en une saison qui plus est plus courte de 26 rencontres, covid oblige.

Allez, comme on semble partis sur de bonnes bases, on vous offre un petit survol des records les plus pourris de l’histoire récente de la grande ligue. Récente, car le championnat nord-américain ne comporte au moins 70 rencontres par équipe que depuis 1949. On se cantonnera donc aux 72 dernières années, un âge déjà fort respectable. Vous nous connaissez maintenant: il n’y a évidemment aucun critère de sélection objectif, aucune exhaustivité et l’ordre de passage sera décidé au bon vieux doigt mouillé, comme de coutume.

Le plus grand nombre de défaites au-delà du temps réglementaire en une saison

Du coup on commence par celui-là. On est vraiment déçu pour les Stars que la saison ne nous ait offert que 56 matches et que leur « performance » ne leur octroie que la 22ème place de ce classement des plus prestigieux. Avec une moyenne d’une déconvenue en overtime (ou aux tirs au but) toutes les 4 rencontres (!), seul le diable pourrait nous dire combien de défaites supplémentaires au-delà de la limite des 60 minutes les hommes de Rick Bowness auraient encore réussi à empiler s’ils avaient eu droit aux 82 parties habituelles. Si on se fie aux mathématiques (et dieu sait si ça ne nous arrive pas souvent), les braves tâcherons de la Bible Belt auraient probablement atteint les 21 désillusions au bout de la nuit au terme d’une saison complète. Dans la réalité des faits, c’est les Philadelphia Flyers (2014/2015), les New Jersey Devils (2013/2014) et les Florida Panthers (2011/2012) qui mènent la danse avec 18 défaites en mort subite ou au cours d’une « fusillade ».

Le plus grand nombre de matches nuls en une saison

Le plus grand nombre de… quoi ??? Oui, le concept du match nul cher au fan européen de soccer existait aussi en hockey, et ce jusqu’en 2005 et l’introduction de la séance de tirs au but au terme des 5 minutes de prolongations (à 5 contre 5 dès 1983, à 4 contre 4 dès 1998 et enfin à 3 contre 3 dès 2015, histoire de tenter de limiter la durée de vie de ce fameux match nul).

Le genre de vision d’horreur qui aurait pu déstabiliser l’adversaire en 1969/1970 et ainsi éviter quelques partages d’enjeu.

Bref, ce record appartient à la mouture 1969/1970 des Philadelphia Flyers. La très jeune franchise de Pennsylvanie (troisième saison en NHL) en profitait également pour battre son record personnel du plus petit nombre de victoires en une saison (17, il tient toujours, même s’il est loin du record national dont on vous parlera plus tard) et ne pas se qualifier pour les playoffs pour la première fois de sa très brève histoire. Un joli millésime pour l’équipe dont la couleur du maillot a dû rendre des générations de fans aveugles depuis.

Le plus grand nombre de défaites en une saison

Vous commencez à comprendre que jadis, les expansion drafts n’étaient pas aussi clémentes que la dernière en date ne l’a été avec les Vegas Golden Knights. Il fallait quelques saisons pour devenir une équipe plus ou moins décente quand on débarquait en NHL (ou dans le cas d’Ottawa, dont on reparlera plus tard, cela n’arrivera peut-être jamais). Le record de défaites saisonnières est la propriété d’une de ces franchises néophytes. Les San Jose Sharks de 1992/1993 ont ainsi bouclé la deuxième saison de leur histoire avec un total de 71 revers en 84 parties. Comme on ne fait pas les choses à moitié dans la Silicon Valley, le record de défaites consécutives (17) est aussi passé en mains californiennes cette année-là. Il ne sera battu que 11 ans plus tard. 

La plus longue série de défaites

Sans transition, on passe donc aux Pittsburgh Penguins de 2003/2004 et leur série de 18 déconvenues de suite. Les Alcidés de Pennsylvanie doivent d’ailleurs être assez fiers de ce chiffre qui était en réalité la première pierre apportée à un édifice qui allait atteindre des sommets (quatre finales de Coupe Stanley pour trois titres entre 2008 et 2017). Ben oui, être suffisamment constant dans la nullité peut rapporter gros, quand on sait que Evgeni Malkin et Sidney Crosby ont été draftés respectivement au deuxième et premier rang en 2005 et en 2006.

C’est toujours avec une immense sympathie qu’on vous parle des Sabres.

C’est tout ce qu’on souhaite aux Buffalo Sabres, véritable risée de la ligue et co-détenteurs de ce triste record depuis cette année. On vous avoue que ça se présente moyennement bien pour une franchise qui est aussi co-détentrice du record du nombre de saisons consécutives sans qualification pour les playoffs (10, série en cours) malgré un des dix premiers choix de la draft chaque année depuis 2013 (dont Sam Reinhart (#2), Jack Eichel (#2) et Rasmus Dahlin (#1)).

Le plus grand nombre de buts encaissés en une saison

Tiens, encore des novices ! La première saison des Washington Capitals, en 1974/1975, a été le théâtre d’une véritable avalanche de buts encaissés: 446 en 80 matches, soit plus de 5 buts concédés par rencontre. Leur différentiel de -265 ajoute la touche finale à un véritable chef-d’œuvre du hockey contemporain. Et on ose à peine mentionner leurs 8 victoires, le plus petit nombre répertorié dans les annales de la NHL.

L’histoire ne dit pas si c’est cette saison épouvantable qui a inspiré ces paroles au groupe The Connells:

La pire saison à l’extérieur

On enchaîne avec un quatrième rookie, les Ottawa Senators. Lors de leur saison inaugurale en 1992/1993, celle de tous les records pour les San Jose Sharks, on vous le rappelle, les Ontariens ont tout de même réussi l’exploit de rendre une fiche de 1 victoire pour 41 défaites (dont 38 de suite, un autre record) à l’extérieur. Quand on sait que le record de défaites consécutives à domicile (11) leur a également appartenu entre cette année cauchemardesque et 2003/2004 (Pittsburgh, 14), on se rend compte à quel point ça devait rigoler dans les travées du Ottawa Civic Centre à l’époque. Et dire qu’il ne leur manquait qu’une petite défaite pour également empocher le record des Sharks au classement général de la spécialité. Pour la petite histoire, Rick Bowness, l’actuel entraîneur principal des Dallas Stars qu’on mentionnait plus haut, était débarqué en cours de saison 1995/1996 après 178 défaites en 235 matches. Sa santé mentale remercie probablement encore les dirigeants de l’époque d’avoir mis fin à son calvaire.

Le pire premier choix de draft

On vous gardait le meilleur pour la fin. C’est la drôle d’histoire de deux gars nés en République tchèque à 2 heures de voiture l’un de l’autre. Enfin surtout un. Le nom de Patrik Štefan ne vous dit peut-être rien et on ne vous en voudra pas. Les terribles images dont on s’apprête à vous parler risquent par contre de vous être plus familières que le patronyme de leur principale victime dont la carrière ne s’est d’ailleurs jamais remise. Et pourtant, le natif de Příbram avait fait des débuts plutôt remarqués en étant choisi en premier par les Atlanta Thrashers lors de la draft de 1999. C’était d’ailleurs également le tout premier choix de l’histoire de la franchise, ajoutée en tant que 28ème équipe pour la saison 1999/2000. 12 ans plus tard, les Thrashers mettaient la clé sous la porte et renaissaient au Manitoba, recréant les Winnipeg Jets. On vous jure que Štefan n’avait rien à voir avec ça (quoique, l’effet papillon…).

Après 6 honnêtes saisons en Géorgie, c’est à Dallas que l’ex-prodige tchèque s’est fait l’auteur du plus gros raté de l’histoire, n’ayons pas peur des mots. Nous sommes à Edmonton, le 4 janvier 2007, les Stars mènent 5-4 sur la glace des Oilers. Il reste 12 secondes à jouer et la cage de la franchise d’Alberta est vide. On vous laisse savourer la suite en vidéo. Attention à la dureté des images qui pourraient heurter certaines sensibilités.

On espère que vous avez apprécié la réaction du coach d’Edmonton en fin de vidéo, son visage nous dit vaguement quelque chose… Bref, rater une cage de hockey sur glace vide à cause d’une motte, c’est quand même un sacré exploit. Pour l’anecdote, les visiteurs finiront quand même par gagner 6-5 après prolongation. On vous passe les sombres théories du complot qui affirment que Patrick Kane (encore un premier choix de draft) et ses trois futures Coupes Stanley ont fini à Chicago et non à Edmonton à cause du point grappillé ce soir-là. Patrik Štefan, lui, ne jouera plus jamais en NHL après la saison 2006/2007 et finira même sa carrière en queue de poisson l’année suivante par 3 matches au… CP Berne. On en oublierait presque l’auteur de l’égalisation sur assist de Štefan dans tout ça. Aleš Hemský, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a même fini par porter les couleurs des Dallas Stars pendant 3 saisons 7 ans plus tard. Sans rancune ? 

Note: pour plus de records sans queue ni tête, et notamment celui du nombre de cicatrices sur la boîte crânienne d’un joueur, on vous invite à jeter un coup d’œil à cet article du Bleacher Report.

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.