Le garçon qui criait au Lion

Désormais, chaque mois, Carton-Rouge aura le plaisir de sortir ses griffes dans le nouvel hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publierons quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. La deuxième tournée est gratuite et s’indigne du calendrier inhumain du club dont les fréquentes montées et descentes entre les ligues auraient rendu les frères Otis verts de jalousie.

*DISCLAIMER: la deadline pour l’envoi de cette chronique étant le 7 avril dernier, elle ignore éperdument le début des séries finales et donc se fiche des deux premiers résultats des Rouge et Blanc à un point tel qu’elle en vient à s’en tamponner joyeusement le coquillard sur le mur d’en face*

Alors que les alertes à la bombe dans les écoles lémaniques sont passées fin mars à un rythme bijournalier somme toute fort méritoire, la tentation était grande de leur réserver le même sort qu’au loup de la fable d’Esope en leur accordant une attention similaire à celle que Pierre Ménès octroie à la dignité et à l’honnêteté intellectuelle. C’est-à-dire aucune. Après être passé trois fois par la case quarantaine, le Lausanne Hockey Club et sa cadence infernale d’une partie tous les 1.55 jours n’est pas loin de provoquer un sentiment similaire chez ses plus fervents supporters. Même si l’allure des Lions reste loin de celle des évacuations des établissements scolaires vaudois, combien de dizaines de fois peut-on décemment se farcir un sinistre Langnau-LHC en l’espace de deux semaines sans être victime de narcolepsie aiguë ?

Au-delà de la lassitude du téléspectateur avachi dans son canapé à défaut de pouvoir entonner des chants pour la plupart fort châtiés et empreints de sobriété dans sa patinoire favorite, il semble temps de s’inquiéter du refus pur et simple de la ligue à prendre en compte l’état de santé des principaux acteurs de cette saison surréaliste. Ou ce qui reste de l’équité sportive entre les différentes escouades plus ou moins touchées par le Covid. Voici le programme de l’un de ces stakhanovistes des surfaces glacées, Josh Jooris, entre le 18 mars et le 5 avril dernier : un retour de blessure suivi de voyages successifs dans 6 cantons et une république voisine, le tout aggrémenté de deux retours au bercail, un puck au visage et de multiples points de suture. Tout ça pour se qualifier directement pour les playoffs et profiter d’une semaine de repos pendant que les pensionnaires du purgatoire des places 7 à 10 s’écharpent pour les deux strapontins restants. Il sera alors temps de remettre les compteurs à zéro pour s’enfiler – cul sec – 21 duels potentiels en l’espace de deux mois en cas de titre national remporté de haute lutte.

Ah, on a failli oublier : pourquoi est-on aussi pressé que Joe Biden s’élançant ventre à terre et déambulateur au vent vers Air Force One d’en finir avec ces jeux du cirque que sont devenues nos joutes hockeyistiques locales ? Mais parce que dès le 21 mai, il faudra envoyer de force les quelques représentants de l’élite de ce sport qui tiennent encore debout représenter notre pays à Riga à l’occasion des championnats du monde de la spécialité. Oui, ce serait bête que le hiatus séparant deux saisons soit supérieur à deux mois, on risquerait encore de penser que le hockeyeur helvétique est oisif. Bref, comme les démineurs vaudois, à force d’entendre crier au Lion, on risque fort de se lasser.

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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