Petit bilan du week-end

Le début du Tour de France n’a pas été génial pour notre formation Plondan-El Cervélo. Nos rouleurs et nos sprinters n’ont pas réussi à s’immiscer parmi les meilleurs, alors que j’avais mis tous les moyens de leur côté. Rageant !

Samedi, à l’occasion du contre-la-montre inaugural, un défi de taille se dressait devant nous. Nos spécialistes Zidaunas Galakankas et Craig Van der Moore devaient essayer de rivaliser avec le maître absolu du chrono : Fabian Cancellara. Une gageure, mais j’avais quelques tours dans mon sac… Au départ, j’ai voulu faire comme tout le monde et mettre un moteur dans le vélo. Pas de bol, L’UCI a décidé d’opérer des contrôles en fin d’étape depuis cette année et cela a un peu ruiné mes plans. Ensuite, en concertation avec mon directeur sportif Bjarne Gianetti, j’ai exploré d’autres pistes. On est aux Pays-Bas, près de la mer… Je sentais que je tenais quelque chose là. Eureka ! Des fois je me dis que je suis génial.Alors que tout le monde opte pour des casques profilés, des maillots ultra-moulants allant jusqu’à compresser les testicules des athlètes, j’ai voulu jouer avec les conditions météo. En fait, je me suis inspiré de la dernière de la Coupe de l’America, lorsque la voile du bateau américain Oracle a ridiculisé les Suisses d’Alinghi qui avaient bêtement installé une voile sur leur coquille de noix. Une voile en voile… Et puis quoi encore ? Quel manque d’inventivité !

Comme Oracle

J’ai bricolé ça dans la nuit de vendredi à samedi, tout seul dans mon pullman. En plein effort, le coureur n’a qu’à écarter les bras pour déployer une mini-aile sous les bras et ainsi profiter de la portance du vent pour gagner de précieux kilomètres/heure. Malheureusement, j’aurais dû tester le truc en soufflerie un peu avant et l’expliquer un peu mieux à nos gars… Zidaunas a écarté les bras alors qu’il avait le vent de face et s’est retrouvé en marche arrière lors de la première bourrasque. Bon, là ça allait encore, il avait juste un peu l’air con quand il s’est envolé et s’est retrouvé le cul dans un coffee shop local. Avec tout ce qu’il a inhalé, m’étonnerait pas qu’il soit positif au cannabis lors du prochain contrôle anti-dopage !
Pour Craig par contre, c’est un peu moins drôle. Néerlando-Australien, il connaît les spécificités du vent et a déployé le système au bon moment. Pas de chance, cette fois c’est moi qui me suis planté dans mes calculs. Au moment où il a tenté de prendre son envol au classement, il a littéralement été soufflé vers la Mer du Nord. Malgré de grands moyens, les organisateurs ne l’ont pas retrouvé. Les gardes-côtes non plus. Heureusement, la puce sise sur son vélo émet toujours et un gardien de phare du Nord de l’Islande l’aurait repéré à une altitude d’environ 2000 mètres.

Comme Ben-Hur

Le lendemain, nous sommes donc repartis à huit, pendant que Craig était aperçu au large du Groenland. Je sentais que l’arrivée allait se jouer au sprint. Pas assez de vent, des équipes nerveuses et des favoris vigilants : c’était l’heure pour notre sprinter italien Mauro Mavazi de se mettre en évidence. Avec son poisson-pilote Andrew McAdam, champion d’Ecosse en titre, on avait rôdé ce scénario et muni ce dernier d’un petit artifice pour déjouer les tactiques adverses.
Vous avez vu Ben-Hur ? Et bien c’est un peu le même principe. J’ai monté des mini-perceuses sur les pignons de McAdam, afin de faire crever les autres coureurs qui s’approchent trop de lui. L’idée était louable, mais je pensais pas que ça mettrait un tel merdier dans les derniers hectomètres. D’abord, il a déchiré la roue de Cavendish qui est parti tout droit en emmenant Freire, avant de crever les gommes de Cancellara juste après la flamme rouge. Là ça commençait à trop se voir avec toutes ses chutes, alors on leur a dit dans l’oreillette de se planquer et de ne pas gagner. C’aurait été ballot de se voir retiré la victoire après passage au scanner.
Bilan très mitigé pour ces deux premières journées donc. Mais j’ai encore quelques idées en réserve et nos baroudeurs et autres montagnards auront quelques astuces pour distancer leurs concurrents dès les premières bosses, faites-moi confiance !

Écrit par Iñigo Sorensen Montoya

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