Liverpool respire encore

Vainqueur de Manchester United 2-0, les Reds peuvent pousser un ouf de soulagement. Leur série noire est terminée et le titre ne s’est pas encore envolé. Plus volontaires que les Mancuniens, les Scousers ont retrouvé certaines vertus dont ils semblaient dépourvus ces derniers temps. Et Anfield est redevenu Anfield !

Un dimanche d’octobre d’apparence comme un autre dans les pubs jouxtant Anfield. On disserte sur le match, les pintes s’enchainent, les chants se font entendre. Pourtant l’ambiance n’est pas vraiment à la fête. Le club se trouve dans une impasse tant administrativement que sportivement. Mais sur ce second point, le match de l’après-midi peut sonner comme celui-du renouveau. En effet les Reds affrontent l’ennemi mancunien.On pouvait se demander dans quel état d’esprit Torres and co aborderaient ce choc. Seraient-ils habités par le souvenir de Tommy Smith, joueur de Liverpool dans les années 60 et dont l’agressivité hante toujours les nuits de Bobby Charlton et sa bande de l’époque ou verrait-on un groupe, par ailleurs privé de Gerrard, miné par quatre défaites consécutives et dont Benitez n’arrive apparemment plus rien à tirer ?
Côté mancunien, on était prêt à couler définitivement ces «scouse bastards», d’autant plus qu’il fallait laver l’affront de la défaite 4-1 subie face aux Reds en mars dernier à Old Trafford.
Après 10 minutes, le décor était planté : Anfield, aussi impressionnant mardi contre Lyon que Hans-Rudolph dans le dossier libyen, vibrait comme jamais cette saison, prouvant qu’il est encore l’un des stades les plus mythiques d’Europe lors des grandes occasions. L’intensité était déjà très élevée et l’apprêté des duels laissait présager d’un combat de tous les instants pour remporter ce que les fans des Reds présentaient déjà comme la possible dernière bataille de Benitez, plus que jamais sur un siège éjectable avant le coup d’envoi.
Avant cela, Rooney avait trouvé l’ouverture du but de Reina (2e) mais l’ancien joueur d’Everton était signalé hors-jeu. La première mi-temps valait plus par son rythme engagé et son bon niveau technique, fait assez rare dans les derbys Liverpool-Manchester United pour être souligné, que par ses occasions franches. Les deux plus franches échurent aux Reds mais Van der Sar réalisa une double parade exceptionnelle devant Aurelio et Kuyt (16e) et le tir croisé du Hollandais passa de peu à côté quelques minutes plus tard. Manchester, dont la meilleure chance de but fut une reprise de la tête de Rooney à la suite d’un magnifique travaille de Valencia devant Insua, paraissait pourtant maîtrisé son sujet, notamment entre la 20e  et la 35e minute lorsque les hommes de Ferguson confisquèrent durablement le ballon à Liverpool. D’aucuns pensaient alors que les Red Devils exécuteraient froidement leur victime en fin de match comme ils ont en l’habitude cette saison.

Mais la fin de la première mi-temps globalement à l’avantage des Reds était prémonitoire. Ceux-ci revenaient sur la pelouse comme des morts de faim. C’est que l’ami Rafa s’est probablement fendu d’un discours émouvant et mobilisateur à la mi-temps comme dans les meilleurs navets américains où l’équipe de basket, menée de 64 pts à la pause, se retrouve transformée par le speech du coach et arrache la victoire à la dernière seconde sur un tir à 3 points venu d’ailleurs. Sur la même longueur d’ondes que ses joueurs, Anfield chantait alors son soutien au mage espagnol et l’on sentait que MU était petit à petit en train de laisser le match lui échapper. Plus que par de franches occasions, les Reds étaient en train de manger United au niveau de l’envie et de la combativité. Ainsi le duo Mascherano/Lucas prenait largement le dessus sur son homologue mancunien composé de Scholes et Carrick, qui semblait étonnement être comme anesthésié par la pression rouge croissante. Celle-ci trouva son épilogue lorsque Benayoun, une nouvelle fois très remuant dans le jeu de Liverpool, distillat une ouverture lumineuse pour Torres qui après s’être amusé avec Ferdinand (qui peine à retrouver son niveau depuis sa blessure), fusilla magnifiquement Van der Sar (64e).  
Manchester devait absolument réagir et le fit plutôt bien. La rentrée de Michael Owen, effectuée sous un concert de sifflets que n’auraient pas renié les supporters turcs un certain soir d’automne 2005, apporta de la vitesse et de l’envie à l’offensive mancunienne. Après une demi-volée de Nani qui fut tout près de rétablir la parité (71e), l’Anglais était à l’origine de la plus belle occasion de Manchester. Sur un service de Giggs, dont on attendait plus après son début de saison ahurissant, Owen décala parfaitement Valencia mais la frappe de l’Equatorien s’écrasa sur la barre de Reina (82e). Les Red Devils ne s’en relèveront pas. Les 5 minutes de temps additionnel (tiens tiens, comme par hasard 5 minutes alors que MU est mené, diront les mauvaises langues) furent riches en événements. Vidic et Mascherano reçurent leur 2e avertissement et regagnèrent les vestiaires quelques minutes avant leurs petits copains. Le Serbe en est d’ailleurs à sa troisième expulsion consécutive contre les Reds. En voilà un qui a vite tout appris de la rivalité entres les clubs phares des deux cités ouvrières du nord de l’Angleterre. Enfin, sur un des nombreux contres offerts à Liverpool, Ngog se rappela que son métier était de marquer des buts et vint sceller définitivement le score. 2-0 (95e).
Liverpool respire donc encore, démontrant une fois de plus que le football est dépourvu de certitudes. Pour avoir refusé l’aspect ultime du combat en deuxième mi-temps, Manchester a tendu lui-même le bâton pour se faire battre. Plus que par une domination purement footballistique, Liverpool a battu MU sur le terrain de la hargne et avec l’énergie du désespoir. En cela, les Reds méritent leur victoire.
Cette défaite de Manchester United profite à Chelsea. Les Londoniens, brillants vainqueurs 5-0 de Blackburn, reprennent la tête du championnat avec 2 points d’avance sur MU et potentiellement Arsenal. Les Gunners (tout comme Manchester City contre Fulham) ont perdu 2 points en fin de match à West Ham (2-2) après avoir mené 2-0 jusqu’à 15 minutes de la fin. Les saisons se suivent et semblent se ressembler pour Arsenal. Du beau jeu, des buts, mais au final trop de points perdus par manque d’expérience.

Écrit par Pascal Cretegny

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7 Commentaires

  1. Défaite logique de ManUnited, y a eu peu d’occasions franches.
    Beaucoup de monde me disait que ce sera une victoire facile et bien ils ont eu tort et le scénario que je redoutais c’est produit…à mon grand regrès.
    Liverpool a mérité sa victoire.

    @Vico, je ne pense pas qu’il y aie pénalty sur Carrick mais par contre y avait un carton rouge clair sur Carragher quand Owen s’ouvre le chemin du but.

    Ahahaha Fergie qui sauve la tête de Benitez au final 😉

  2. On a vu grand Torres dimanche! Pour un retour de blessure, avec sur le dos des mecs comme Vidic et Ferdinand: gros gros match de sa part!

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