Liga : je doute, tu doutes, il doute…

Les deux ténors mènent toujours le bal, sans toutefois répondre totalement aux attentes (peut-être démesurées) de leurs fans respectifs. L’Atlético Madrid continue de décevoir malgré l’arrivée d’un nouveau coach. Des bancs de touche de plus en plus instables pour un certain nombre de ses collègues.

Des doutes…

…quant au Barça et son collectif un tant soit peu court peut-être. Il ne fait nul doute dans mon esprit que les Catalans sont les candidats favoris au titre avec un onze très proche de celui capable de gagner tous les titres en jeu la saison dernière. Pourtant, le doute subsiste en mon esprit et s’il fallait le nommer, je dirais «Zlatan vs. L’esprit Eto’o» (après Gozilla vs King-Kong…). A ma gauche le génial suédois, magicien hors-pair et qui a déjà montré quelques-unes de se nombreuses habilités, ce qui allié aux Xavi, Iniesta et autre Messi transforme le club du Bâlois Gamper en une machine de guerre indestructible. A ma droite, l’insatiable Eto’o, joueur clé la saison passée; car le Barça doit, outre à son talent et sa technique collective, à son excellent pressing d’avoir étouffé tant de proies l’année dernière, et en ce sens j’imagine que le départ du Camerounais ne passe pas inaperçu. Pour ce qui est de ce week-end, Barcelone tenait ses trois points au Reyno de Navarra de l’Osasuna de Pampelune, mais un auto-goal de Piqué (ce qui ne ternit en rien son excellent niveau de forme) dans les arrêts de jeu. Toutefois, comme disait le mentor Pep avec philosophie il y a quelques semaines, «les gens s’attendent peut-être à voir le Barça gagner tous les matchs de la saison…»

L’Atlético Madrid : à dire vrai, les doutes que cette saison sera difficile à sauver tant le début en est catastrophique se font de plus en plus rares ! En fait le seul doute susceptible d’être nourri actuellement est de savoir si les serviteurs du «Pupas» (souffre-douleur, surnom qui doit sa paternité au légendaire président Vicente Calderón en personne) se sont lancés le défi de rééditer «l’exploit» de leurs ainés il y a dix ans : prétendre gagner un titre pour finir la saison parmi les relégués. Agüero doit tout de même se demander s’il a fait le bon choix en restant sur les rives du Manzanares et on ne peut que le comprendre, tant le bilan est maigre : un misérable point en Champions League (face au tout puissant Hapoel de Nicosie, excusez du peu), sept points en championnat qui lui valent la 18è place de relégable, et déjà un changement d’entraîneur, Abel Resino ayant cédé ses fonctions au chômeur Quique Sánchez Flores (ex Valence et Benfica) ; preuve en est s’il le fallait qu’aucun humain ne daigne être sans emploi en ce bas monde, car il faut admettre un certain courage pour plonger ses mains dans un tel cambouis. Pour le moment l’éviction d’Abel n’a pas vraiment porté ses fruits, l’Atlético ayant cédé un match nul à domicile la semaine passée face à Majorque (qui égalise en étant réduits à neuf !), et la visite à la cathédrale de San Mamés ce week-end s’est soldée par un défaite face aux non moins «athlétiques» de Bilbao. Bref, si Quique rêvait d’un emploi à plein temps, il peut être convaincu d’avoir fait le choix idéal, heures supplémentaires inclues.

Ceux de Villareal se dissipent peu à peu, après un départ de saison assez inexplicable pour une équipe au contingent rôdé et solide, et dont le jeu en phase de préparation ne passait pas inaperçu aux yeux des esthètes. Et pourtant, la saison a commencé de façon très hésitante, pour rester polis. Orphelins de Pellegrini, parti sur le banc madrilène après quatre saisons glorieuses, le yellow submarine, comme on aime à le surnommer, ne s’est peut-être pas fait aux méthodes de l’arrivant Ernesto Valverde dont le siège commençait à sérieusement tanguer. Mais heureusement pour lui, pas le temps d’attraper le mal de mer, le sous-marin a fini par émerger (deux victoires consécutives, dont un 5-0 face à Tenerife ce week-end) et la bourrasque initiale ne devrait être qu’un lointain souvenir dans quelques semaines.
Le Real Madrid : last but not least. Les Guignols de l’Info faisaient dire à Zidane il y a peu : «je n’aime pas beaucoup le terme de football-business, je préfère parler de business tout court». N’empêche que le vrai Zizou se devra d’expliquer au gourou Florentino que si certes la frontière entre l’un et l’autre se fait toujours plus trouble, le football est un sport devenu business et non l’inverse. En exemple, un seul nom, Higuaín : critiqué dès son arrivée sous le chandail blanc pour ses occasions manquées, el Pipita a su faire taire peu à peu ses détracteurs, pour connaître en ce moment un authentique plaidoyer. Le dribble puissant, la foulée vive et élégante, l’individu au service du collectif et un sang-froid qui le rendent décisif, ce sont là quelques qualités que l’Argentin a travaillé au fil des saisons. Pour le récompenser d’une telle maturation, le président Pérez n’a trouvé mieux que de faire venir des concurrents à coups de chéquier. Le brave Pipita a donc payé son manque de glamour en passant par le banc de touche, mais, ironie du s(p)ort, il a sauvé le destin de l’homme qui le condamnait à un tel gâchis, Pellegrini. Samedi, petite prestation (encore !) d’un Real initialement sifflé par le Bernabeú (tout à fait compréhensible suite au 4-0 infligé en Coupe par Alcorcón, modeste club de 2è division B, soit la 1ère ligue suisse), un doublé du pompier Higuaín permet de s’imposer 2-0 contre Getafe et éteint momentanément l’incendie à la Maison Blanche.

Des sièges éjectables

Entraîneur, quel beau métier! Pourtant, dans l’exigeant championnat espagnol, le poste est pour le moins risqué et peut se résumer pour certains à l’effort vain de faire le Moonwalk dans le couloir de la mort tandis que votre président vous tend la clope du condamné, sourire aux lèvres. Pour l’anecdote, en 2001-2002, l’alors entraîneur de Valence, un certain Rafa Benítez, affrontait un ultimatum face à l’Espanyol de Barcelone. Mené 2-0 à la mi-temps, l’actuel coach des Reds (alors considéré comme un ingénu) avait une fesse et demie à l’extérieur du banc. Trouva-t-il les mêmes mots que lors de la finale d’Istanbul ? Le fait est que Valence finit par remonter au score, s’imposa 3-2, et fêta quelques mois plus tard le titre de champion d’Espagne. Le destin peut être bien capricieux…
Muñiz : Málaga est bon dernier, et accumule quatre défaites consécutives (la dernière à domicile face à Valence). Il reste toujours à Muñiz le crédit d’avoir promu le club il y a deux saisons, mais la situation risque de se faire très pesante et l’urgence d’engranger des points se fait sentir.
Mandía : Racing Santander est en crise. Certes il n’est pas facile d’oublier un attaquant de la taille de Zigic, mais l’équipe de Santander ne semble pas jouer au même sport que ses adversaires, et l’égalisation la semaine passée sur le fil du rasoir face à Osasuna n’a pas empêché le camouflet, les locaux ayant les oreilles qui sifflaient à la fin de ladite rencontre, au propre comme au figuré. La défaite hier à Majorque (1-0) risque même de provoquer un changement drastique dans les prochaines heures, et les débuts de Mandía dans la division d’honneur risquent fort d’être sans lendemain. Là encore, au sens propre…
Pellegrini : nous ne saurions laisser le Real Madrid tranquille de si tôt… Le Chilien n’a pas vraiment trouvé une formule séduisante, et le jeu des Madrilènes est davantage le lot de ses individualités. Bref, Pellegrini est contesté, très contesté, voire contesté comme jamais : pour preuve, hier le président Pérez affirmait dans les médias que Pellegrini finirait la saison. Problème de traduction, me direz-vous ? En quelque sorte oui, un dirigeant espagnol rassurant son entraîneur en public est généralement un dirigeant qui songe déjà à son remplaçant. Et Sir Florentino a largement démontré ses compétences en la matière…

Sur la bonne pente

Valladolid : il suffisait de prédire bien des déboires aux Castillans dans mon article précédent pour que l’équipe montre un embonpoint certain depuis. Deux noms propres expliquent, entre autres cette progression. D’une part Diego Costa, attaquant prêté par l’Atlético Madrid, «l’Higuaín du pauvre», un attaquant au puissant démarrage et ayant une très belle technique balle au pied, un nom que l’on risque d’entendre au niveau européen sous peu. D’autre part, Medunjanin, auteur du but égalisateur hier sur la nouvelle et fringante pelouse de l’Espanyol de Barcelone. Le Batave, d’origine bosniaque, a opté pour défendre les intérêts de sa Bosnie natale au niveau international, et Blazevic semble prêt à le convoquer pour le barrage face au Portugal. Ce n’est pourtant pas un joueur très régulier, ou du moins on ne le voit pas (assez !) régulièrement. Difficile de décrire le bonhomme sur un terrain, on ne saurait résumer son poste qu’à une vague notion de milieu créatif/offensif, et de fait, la seule définition qui me vienne à l’esprit est celle du génie. Ses chiffres lors des deux derniers matchs en championnat de son équipe parlent d’eux-mêmes, une quinzaine de minutes de jeu à peine pour trois tirs au but, dont deux magnifiques buts et un coup franc sur la latte, excusez du peu. Les Lusitaniens sont prévenus.
Majorque : imbattables sur leur terrain, les hommes de Manzano (un psychologue de formation qui n’a jamais joué au niveau professionnel) battent un faible Racing, 1-0, salaire minimum. Avec quinze points en cinq matchs à domicile, les insulaires semblent avoir trouvé le rythme de croisière pour vivre une saison tranquille, voire plus. Dans la rubrique «individualités», le retour de Borja Valero après une saison en Angleterre semble avoir fait le plus grand bien sur l’île.
Sporting : j’admets à regret ne parler qu’en fonction des résultats, n’ayant pas vu encore jouer les Asturians (erreur à vite compenser). Après une décennie bien délicate dans la division d’argent, il ne fait nul doute que le très fidèle et connaisseur public du Molinón doit savourer le moment présent et apprécier de sembler en mesure de remplir les objectifs de maintien avec une certaine aisance au rythme actuel. Le projet actuel s’inscrit dans une saine continuité, et Preciado est, avec les entraîneurs des clubs cités ci-dessus, le seul coach à attaquer sa quatrième saison sur un même banc de touche. Le contingent ne souffre pas de brusques sursauts et est ré-harmonisé intelligemment chaque été avec quelques retouches. La saison est encore longue, évidemment, mais semble s’orienter vers une jolie aventure du côté du Molinón, et hier encore le Sporting réussissait ce que l’on peut considérer comme un exploit en obtenant un point (1-1) à Riazor face au Deportivo alors qu’ils étaient menés, un stade où le 1-0 local peut être considéré comme une sentence de mort.

Écrit par Gonzalo Perez

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6 Commentaires

  1. Beau papier, très fouillé. Je pense quand même que Pellegrini va terminer la saison, sauf grosse catastrophe genre une élimination en huitième en CL ou une défaite à domicile contre Xerez.

    Sinon comme déjà dit, le Barça sera champion avec au minimum 5 points d’avance sur le Real.

  2. Près de 10’000 supporters asturiens ont fait le déplacement à Riazor!!!!! Plus connue sous le nom de Mareona, cette vague de supporters a su attirer la sympathie de tous les aficionados espagnols de par ses encouragements incessants et son comportement exemplaire (pas de hooliganisme bâlois ou je sais pas trop quoi).

    C’est avec cette essence que carbure notre équipe, qui compte parmi ces joueurs des « anonymes » tel Grégory, Canella ou Barral. En effet, sortant petit à petit d’un crise politico-économique qui a failli faire disparaître le club, les recruteurs ne disposent d’aucun budget (0,0 Euros environ…) pour s’attacher les services de joueurs reconnus. C’est pour cette raison qu’aucune indémnité de transfert n’a été versée depuis 5 ans!!! A ce titre, Juan Pablo a versé 250’000 Euros de sa poche a son ancien club pour rejoindre le Sporting… incroyable non!?!

    Bien que les budgets et les étoiles du Real Madrid ou du Barça permettent à leurs supporters d’apprécier leur équipe, aucun chèque ne pourra remplacer le sentiment d’être Sportinguista et d’en être aussi fier!

    Ps: Il y a une année, notre club était la risée de CR et de nombreux médias sportifs. C’est aujourd’hui un club exemplaire aux finances saines (petit à petit), aux joueurs combatifs et aux supporters fidèles quelque soit la situation du club.

    Puxa Asturias, Puxa Sporting!!!

  3. En tant que socio du Barça et amoureux du beau foot, je ne peux que souhaiter une nouvelle victoire des blaugrana cette année (ne serait-ce que pour décrédibiliser encore plus la politique du chéquier des merengues). Pour ce qui est de la comparaison Ibra-Eto’o, heureusement que l’auteur n’est pas tombé dans l’analyse binaire assennée en début de saison par le surfeur basque qui sévit à Téléfoot : Eto’o = super collectif, bosseur, super sympa (et accessoirement défrayé par Tf1 pour ses interviews). Ibra=égoïste, caractériel et pas buteur. La réalité est plus subtile et sans enlever les mérites et l’efficacité de Samuel, celui-ci a aussi eu son lot de matchs fantômatiques l’année dernière, sans parler de ses sautes d’humeur détestables. Quant à Ibra, je ne le portais pas particulièrement dans mon coeur mais force est de constater qu’il s’est très bien fondu dans le système du Barça, avec humilité, et qu’il fait preuve d’un altruisme inattendu et d’une efficacité meilleure qu’Eto’o à ses débuts.
    Pour moi, le grand danger du Barça cette année, c’est le manque de profondeur de son banc. Le onze de base est presque inarrêtable, mais en cas de blessures ou lors de la CAN, des contre-performances sont à craindre.

  4. Personnellement, je vois rien qui inspire le doute dans le jeu du Barça. Mis à part le malheureux autogoal de Piqué et le monumental couac en CL contre Kazan, les résultats sont largement à la hauteur des attentes. Le collectif va monter en puissance pour atteindre son sommet de forme au moment crucial de la saison. Messi va redevenir un joueur magique et Ibra s’intégrera définitivement.
    Légère inquiétude quand même quant à la profondeur de l’effectif. Et la CAN ne va pas vraiment arranger les affaires. L’absence durant plusieurs semaines entre autres de Keita (2ème meilleur buteur du club en Liga!) pourrait être préjudiciable. Mais un club du calibre du FCB devrait pouvoir y faire face sans broncher.

  5. @ Robin,

    Je viens de rentrer de A Coruña où les supporters du Sporting de Gijon ont épater tous les habitants. Aucun incident à signaler… malgrés le 9000 supporters. Quelle ambiance!

    Bravo à vous et bonne chance

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