Il va neiger

Vous vous demandiez la raison des intempéries de ce week-end ? Ne cherchez plus, c’est la faute de Genève-Servette.

En effet, la fin de semaine genevoise a été placée sous le signe des pincements, non pas au cœur, mais bien plutôt au bras, pour s’assurer qu’on n’était pas resté endormi après le match contre Fribourg. Ce ne sont évidemment pas les résultats qui furent de nature à créer pareille incrédulité. Car il est dans l’ordre des choses de flanquer une dérouillée à Bienne aux Vernets, particulièrement en fin de championnat. (Soit, en ce qui concerne les Seelandais, à partir du moment où le numéro de la journée comporte deux chiffres.) Quant à gagner haut la main à l’Ilfis, c’est rare, certes, mais l’anomalie réside plutôt dans cet état de fait.Non, si les supporters grenat avaient tendance à écarquiller les yeux, c’était plutôt par la manière dont ces succès furent acquis. Juges-en plutôt, cher lecteur. Florian Conz a marqué un but, et qui plus est dans une cage béante ! Morris Trachsler en a inscrit deux ! Paul Savary en a réalisé trois ! Mieux, Thomas Déruns nous est revenu d’entre les morts, en hommage à Michael Jackson ! De plus en plus irréaliste : le power-play qui trouve la faille, et plutôt deux fois qu’une ! Et Marek Malík qui inscrit un point ! Ce fut à un tel point que Marco Maurer joua même un instant ! Heureusement que Jan Cadieux n’a pas marqué sur l’un de ses 25 breakaways, sans quoi nous étions bons pour de la neige jusqu’en août. (Non, ami chaux-de-fonnier, ce n’est pas comme ça de toute façon. Pas partout.)

Ajoutons encore pour la bonne bouche que la défense des Aigles est dorénavant, et assez largement, la meilleure du pays. Ceci alors qu’elle est privée de son seul défenseur valable. Comme quoi, une fois encore, Chris McSorley a eu raison d’aller chercher un Tobias Stephan impérial. On notera au passage la somme de talents réunie devant le but genevois en début de saison, puisqu’on y comptait alors le futur meilleur gardien de LNA, le futur meilleur gardien de LNB, le futur meilleur gardien des Mondiaux junior ainsi que le futur meilleur ouvreur de portes.
Pour nous rassurer, la normalité se manifesta tout de même par instants. Ainsi, Juraj Kolník et Tony Salmelainen firent leur retour sur la feuille de match, contribuant à donner une illusion de profondeur à l’effectif grenat. Marco Maurer décida également de profiter pleinement des deux shifts accordés généreusement par son entraîneur en raison de l’ampleur de score. L’ex-Zougois, membre fondateur avec Flurin Randegger de l’Association des Blondinets Cireurs de Banc (ABCB) s’illustra en chargeant par derrière un malheureux Biennois qui se promenait par là. Résultat, douze minutes de pénalité pour un peu plus d’une minute de glace. Un ratio à rendre jaloux le désormais célèbre Darcy Verot.
Lorsque Pascal Caminada encaissa un but 22 secondes après son entrée en jeu, tout le monde fut définitivement soulagé : nous n’étions pas entrés dans la quatrième dimension.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Yves Grasset