Période XXII : 3 – 9 juin

On parle avant tout équipes nationales cette semaine dans le Crampon Rouge. Entre éliminatoires de la Coupe du Monde, Euro M-21 et obscurs matchs amicaux, voici les joueurs qui ont fait l’actualité cette semaine, avec en exergue la renaissance de nos cousins belges et autrichiens.

Les tops

1. Kevin de Bruyne (Belgique) +25 points
S’il est acquis qu’il ne restera pas au Werder Brême, Kevin de Bruyne est l’objet de bien des convoitises. Initialement, Chelsea, auquel il appartient, souhaitait lui trouver un nouveau club en prêt, par exemple Leverkusen dans le cadre de la transaction Andre Schürrle. Puis Dortmund lui a proposé un contrat de cinq ans et la succession de Götze, avant que Chelsea ne se ravise avec l’arrivée de Mourinho et lui offre une place dans son effectif. Ces spéculations ne touchent guère le jeune Belge, qui a été le meilleur homme du récent Belgique-Serbie, inscrivant notamment le premier but, tirant le corner du 2-0 et offrant un caviar à Bentecke qui l’a galvaudé. Couplée à la défaite de la Croatie contre l’Ecosse, cette victoire rapproche un peu plus les Diables Rouges d’une première qualification pour un grand tournoi depuis le Mondial 2002.
2. Georginio Wijnaldum (Pays-Bas M-21) +20 points
La Hollande est le rayon de soleil d’un Euro M-21 disputé en Asie et un peu terne jusque-là. Vainqueurs 3-2 de l’Allemagne puis 5-1 de la Russie, les Bataves ont assuré leur qualification dans le groupe de la mort avant même leur dernier match contre le favori espagnol et ses treize joueurs made in Champions League. Véritable inspirateur du jeu néerlandais au rayonnement impressionnant, Georginio Wijnaldum a montré la voie à suivre en doublant la mise contre l’Allemagne et en ouvrant le score contre la Russie, à chaque fois d’une frappe à vingt mètres. Encore impliqué sur deux autres réussites contre les Russes, le milieu de terrain d’Eindhoven emmène une escouade offensive assez intéressante avec Ola John, Luuk de Jong ou encore la révélation Leroy Fer. Si elle parvient à faire preuve d’un peu plus de rigueur en défense, cette Hollande-là peut aller chercher le titre.
3.  David Alaba (Autriche) +15 points
Si l’on parle beaucoup du renouveau de la Belgique, l’Autriche est également en pleine renaissance. Vendredi, portés par un formidable engouement populaire, nos voisins ont livré un match épatant contre la Suède d’Ibrahimovic, avec beaucoup d’allant, de dynamisme et une belle qualité de jeu (si, si…). Seul bémol, après avoir rapidement pris deux longueurs d’avance, l’Autriche n’a pas su concrétiser ses nombreuses occasions de 3-0 et n’a pas été loin de concéder l’égalisation sur la fin après la réduction du score d’Elmander (2-1). Les principaux artisans de ce renouveau sympathique du Wunderteam sont un entraîneur suisse, Marcel Koller, et un gamin de 20 ans d’origine nigériano-philippine, David Alaba. Repositionné en milieu défensif en équipe nationale, le latéral du Bayern Munich s’impose déjà comme le patron, à la fois récupérateur et instigateur de presque toutes les actions autrichiennes. Et n’hésite pas à prendre ses responsabilités, en allant marquer le pénalty du 1-0. Si l’Autriche n’ira pas chercher la première place de l’Allemagne, elle peut rêver d’un barrage qui serait déjà un beau succès dans un groupe relevé comprenant trois participants au dernier Euro (Allemagne, Eire et Suède).

Les gardiens

1. David Ospina (Colombie) +12 points
La Colombie a fait un pas de plus vers son premier Mondial depuis 1998 en ramenant le point du 0-0 de son déplacement en Argentine. Les Cafeteros peuvent remercier leur gardien David Ospina, auteur de plusieurs parades déterminantes, notamment deux interventions stupéfiantes devant Higuain en début de match. Le portier de l’OGC Nice finira tout de même par être battu à deux reprises par Agüero mais à chaque fois l’arbitre y a vu un hors-jeu, dont un de position de l’inutile Messi. Il devait être écrit quelque part que David Ospina resterait invaincu au Monumental.
2. Gianluigi Buffon (Italie) +8 points
Malgré toutes les théories que l’on peut lire sur la mue de l’équipe d’Italie, le catenaccio fait toujours partie des gènes du foot transalpin. Vendredi à Prague, la Squadra Azzura n’a strictement rien tenté et s’est contentée d’obtenir le pauvre 0-0 qu’elle était venue chercher. Grâce à un but annulé et un pénalty oublié pour les Tchèques, grâce à l’aide du poteau sur un tir de Jiracek et grâce à plusieurs parades décisives de l’inusable Gianluigi Buffon, notamment deux sorties très déterminées devant Jiracek et Kozak. Le gardien de la Juve a remporté son duel à distance avec l’autre monument situé dans le but d’en face, Petr Cech. Forcément, puisque le gardien tchèque a été réduit au chômage technique par l’inanité offensive transalpine.

3.  Thibaut Courtois  (Belgique) +4 points
Si la Belgique a nettement dominé la Serbie, elle a tout de même connu quelques petites alertes sur lesquelles elle a pu, une fois de plus, compter sur son gardien Thibaut Courtois auteur notamment d’un double arrêt réflexe déterminant. Le jeune portier belge sera prêté une saison supplémentaire à l’Atletico Madrid avant, probablement, d’assumer la succession de Petr Cech à Chelsea qui a incontestablement eu le nez creux en 2011 en faisant signer un contrat à cet immense talent.

Les défenseurs

1. Wilde-Donald Guerrier (Haïti) +12 points
Ils s’appellent Charles Hérold Junior, Kervens Belfort fils, Junior Alexandre, Jean-Eudes Maurice ou Léonel Saint-Preux et jouent pour la plupart dans le modeste championnat haïtien, voire en divisions inférieures françaises. Et pourtant, ces illustres inconnus ont fait trembler la «grande» Espagne avec presque toutes ses stars, en préparation pour la Coupe des Confédérations, ne s’inclinant que 2-1. Le héros du match a incontestablement été Wilde-Donald Guerrier, joueur du célébrissime America des Cayes, club résident du non moins célèbre Parc de Foot Land des Gabions des Cayes. Le défenseur haïtien s’est offert un but de prestige en perforant l’axe central de la défense espagnole qui alignait tout de même Piqué, Albiol et Javi Martinez avant d’éliminer facilement le gardien Reina et de marquer dans le but vide. Superbe.
2. Tom Høgli (Norvège) +8 points
Lors du dernier Suisse-Norvège à Berne, la Nati avait souffert le martyre sur chaque balle arrêtée face aux grands gabarits scandinaves, Hangeland en tête. L’Albanie n’a pas connu plus de réussite en encaissant l’égalisation sur corner à la 89e face à cette même Norvège. Sauf que l’auteur du coup de tête égalisateur, Tom Høgli, ne mesure qu’un mètre septante-cinq, ce qui a sans doute conduit la défense albanaise à s’en désintéresser. Déjà auteur d’un sauvetage sur la ligne quelques minutes auparavant, le défenseur de Bruges a rendu un fier service à l’équipe de Suisse.
3. Artem Fedetskiy (Ukraine) +4 points
Les deux premières places du groupe H semblaient promises à l’Angleterre et au Monténégro. Mais en s’imposant 4-0 sur le terrain de la formation balkanique, l’Ukraine a tout relancé. Auteur du troisième but ukrainien sur un centre-tir subtil, Artem Fedetskiy est un génie s’il avait vraiment voulu réaliser ce geste. Vu le coup d’œil lancé juste avant par le latéral du Dnipro Dnipropetrovsk, j’aurai tendance à répondre par l’affirmative.

Les milieux

1. Martin Harnik (Autriche) +12 points
Martin Harnik a livré une saison mitigée avec Stuttgart et c’est presque trop tard qu’il arrive enfin en forme. Déjà auteur d’un doublé – inutile – en finale de la DFB-Pokal contre le Bayern, l’ailier Autrichien a brillé de mille feux contre la Suède, obtenant le pénalty du 1-0, déposant la balle du 2-0 sur la tête de Janko et virevoltant autour de la défense scandinave durant 90 minutes. Pas sûr que son vis-à-vis Lustig ait trouvé ça très drôle.
2. Oscar (Brésil) +8 points
A douze mois de sa Coupe du Monde, le Brésil est encore plein de doutes sur son secteur offensif. Les Neymar, Fred, Hulk, Bernard, Hernanes, Lucas et compagnie ont encore tout à prouver au plus haut niveau international et les récents matchs amicaux face à l’Angleterre et à la France n’ont pas complètement rassuré. Contre les Tricolores, le plus convaincant fut sans conteste Oscar et ce n’est pas un hasard si le joueur de Chelsea a inscrit l’ouverture du score qui a calmé un public qui commençait à gronder. Le dépositaire du jeu brésilien en 2014, ce pourrait bien être lui.
3.  Senad Lulic (Bosnie-Herzégovine) +4 points
Senad Lulic n’avait pas spécialement marqué les esprits en Suisse, que ce soit à Bellinzone, GC ou YB et pourtant il est en train d’éclater sur le plan international. Déjà héros de la finale de la Coupe d’Italie entre la Lazio et la Roma, le Bosniaque a également brillé avec son équipe nationale puisque c’est lui qui a débloqué la situation en Lettonie en ouvrant la marque puis en déposant le ballon du 0-2 sur la tête d’Ibisevic. Finalement victorieuse 5-0, la Bosnie peut sérieusement songer à la première qualification de son histoire. Et cette fois-ci sans passer par un barrage contre le Portugal.

Les attaquants

1. Lorenzo Insigne (Italie M-21) +12 points
L’Italie-Angleterre M-21 s’acheminait vers le même 0-0 qu’entre les équipes A à l’Euro 2012. Mais, à dix minutes du terme, Lorenzo Insigne a surgi pour déposer un coup franc par-dessus le mur et offrir une victoire méritée à des Italiens plus entreprenants. Et comme souvent plutôt vernis avec l’arbitre qui avait annulé un but parfaitement valable aux Anglais quelques minutes auparavant. Le jeune prodige de Naples a également été à l’origine de l’ouverture du score lors du carton contre Israël (4-0) avant de sortir sur blessure. Mais plus de peur que de mal, Lorenzo Insigne devrait être rétabli pour des demi-finales où l’Italie sera à prendre très au sérieux.
2. Luis Suarez (Uruguay) +8 points
Historiquement, Uruguay-France, c’est une affiche qui est vouée à se terminer sur un score nul et vierge et le dernier duel entre les deux formations semblait parti pour confirmer la statistique. Puis Luis Suarez est entré et le match a changé d’âme. Et logiquement le joueur de Liverpool a inscrit le seul but du match, un exploit rare dans un Uruguay-France. L’Uruguayen est peut-être caractériel mais son talent ne fait aucun doute. A lui de faire le bon choix pour la saison prochaine : déjà que l’Uruguay risque bien de manquer la Coupe du Monde, si en plus il doit se coltiner une saison supplémentaire avec des Scousers pas qualifiés en Coupe d’Europe et ne jouant pas pour le titre, ce serait un beau gâchis.

3. Robbie Keane (Irlande)  +4 points
En fêtant vendredi sa 126e sélection en équipe nationale, Robbie Keane a battu le record de son pays détenu jusque-là par Shay Given. Pour marquer le coup, l’attaquant des Los Angeles Galaxy y est allé de son triplé. D’accord ce n’était que les Iles Féroé en face et l’Eire n’a que peu de chance d’aller au Brésil mais cette longévité méritait bien un petit accessit.

Les flops

1. Mario Balotelli (Italie) –15 points
Décidemment, Mario Balotelli aura animé la rubrique faits divers jusqu’au terme de la saison. Complètement inexistant dans le jeu contre la Tchéquie, énervé par la tactique ultra-défensive de son équipe, Mario Balotelli a fini par passer sa rage par deux fautes de pure frustration en quatre minutes qui lui ont valu deux cartons jaunes et l’expulsion. La dernière image que laissera l’attaquant italien en cette saison 2012-2013, ce sera donc celle d’un joueur en train de tenter de fracasser les murs de la Generali Arena à coups de pieds et poings. On devrait peut-être songer à organiser un match de l’Italie à la Pontaise, histoire d’accélérer les travaux de démolition du stade.
2. Bernd Leno (Allemagne M-21) –10 points
Actuellement, le débat fait rage en Allemagne sur l’opportunité d’offrir une première chance  en équipe d’Allemagne à Roman Weidenfeller, auteur d’une saison grandiose. Les détracteurs de Weidi estiment que, du moment que Neuer est indiscutable en titulaire, autant prendre des numéros 2 et 3 d’avenir. Ses partisans estiment en revanche qu’il faut sélectionner le meilleur effectif possible et que Weidenfeller en fait partie. Mais en fait, actuellement, les principaux soutiens du portier de Dortmund sont ses jeunes concurrents : Zieler a réalisé une saison médiocre avec Hanovre, ter Stegen a commis une grosse boulette avec la Mannschaft aux Etats-Unis et Bernd Leno a été catastrophique avec les M-21. Contre la Hollande, le jeune gardien de Leverkusen a offert les deux premiers buts bataves en se trouant sur deux tirs anodins. Et, alors que ses coéquipiers étaient revenus à 2-2 et pressaient pour arracher la victoire, il a oublié de sortir sur un corner à la 90e, offrant la victoire aux Néerlandais. Le cauchemar de Leno s’est poursuivi contre l’Espagne avec un angle atrocement mal fermé sur le centre-tir de Morata qui a donné la victoire – par ailleurs amplement méritée – à la Rojita à 87e (1-0). Diminuée par les absences pour de plus ou moins bonnes raisons (Trapp, Draxler, Kirchhoff, Götze, Schürrle…), plombée par les choix discutables du sélectionner Rainer Adrion et donc trahie par son gardien, l’Allemagne est déjà éliminée après deux matchs. 
3. Jonas Olsson (Suède) –5 points
Si la Suède a été copieusement dominée par l’Autriche à Vienne, le match aurait pu prendre une autre tournure sans la maladresse de Jonas Olsson. Le défenseur de West Bromwich a raté l’ouverture du score en ne cadrant pas seul à quatre mètres du but vide, avant d’effectuer la roue libre qui a obligé son gardien Isaksson a commettre l’irréparable sur Harnik pour le pénalty du 1-0.

Écrit par Julien Mouquin