La vengeance orange est un plat qui se mange froid…

Un soir de juillet 1998, sur les bords de la Méditerranée, les Pays-bas s’inclinaient injustement en demi-finale de Coupe du Monde face à une équipe plus réaliste et plus lucide. Douze ans après, le retour de manivelle pique les gencives des Brésiliens, qui voient leur rêve de sixième couronne mondiale disparaître dans la brume des rivages de l’Océan Indien.

1. Le résumé.  On attendait un beau match, un grand match. On n’a pas été déçu. Bien sûr il y a eu du déchet, de part et d’autre. Bien sûr il y a eu des mauvais gestes. Bien sûr il y a eu des erreurs, et alors ?! L’aspect émotionnel aura largement pris le pas sur le reste pour ce premier quart de finale. Le début de rencontre est entièrement à l’avantage des Sud-Américains. Les Bataves sont dépassés, plient, mais ne rompent qu’une fois. A la pause, bien peu auraient osé parier un demi-centime sur un renversement de la tendance. Il faudra un goal, presque aussi chanceux qu’une victoire de Stan dans un tournoi ATP, pour relancer les affaires néerlandaises. Ou quand le football tient à peu, mais vraiment peu de choses…
2. L’homme du match.
On le qualifiera de demi-homme du match. Wesley Sneijder, transparent en première période, à l’image de son équipe du reste, aura véritablement su donner le tempo en seconde période. Buteur à deux reprises (une seule fois selon des sources officielles), dans tous les bons coups, omniprésent sur le terrain, il a réalisé une deuxième partie de match digne des plus grands. Notons également la bonne prestation de l’arbitre durant ce quart de finale assez engagé. Pas sûr que Massimo Busacca aurait fait mieux…

3. La buse du match.
Felipe Melo. Après 73 minutes de jeu, non content d’avoir marqué un goal contre son camp peu avant, il prétérite gravement les chances de son équipe de recoller au score en perdant complètement les pédales, pour reprendre les termes de nos deux (bons) commentateurs de la TSR. Tel un Zinedine Zidane des grands jours, il nettoie proprement ses crampons sur les abdominaux en béton d’Arjen Robben, qui ne se fait pas prier pour en rajouter un peu…
4. Le tournant du match.
La raté de Juan à la 25ème minute. En vrai défenseur central, en total déséquilibre, tel un Stéphane Grichting esseulé dans la surface de réparation, il allume le toit du stade Port Elizabeth sur un centre venu de la droite. Au moment où le Brésil dominait outrageusement les débats, comme aurait dit l’autre, à 2-0, le match aurait été plié…
5. Le geste technique du match.
La parade de Stekelenburg sur une frappe enroulée de Kaka après une demi-heure de jeu. Le genre d’arrêt photo où tu te dis que le plongeon est aussi beau qu’inutile, parce que le cuir filait beau droit à côté. Et tu regardes le ralenti. Et tu constates que la frappe était parfaite, qu’elle prenait le chemin de la lucarne, et qu’elle était suffisamment sèche pour battre le portier. Ce qui rend son intervention quasiment parfaite. Bon, oui, d’accord, il aurait pu bloquer… Dans un registre beaucoup plus comique, le téléspectateur avisé aura remarqué le remballage furtif de carton rouge de M. Nishimura à la 76ème minute. De quoi détendre considérablement l’atmosphère dans ces dernières minutes assez tendues.
6. Le geste pourri du match.
Le corner de Robben à la 35ème minute. Après avoir posé le ballon dans le quart de cercle, il frôle le cuir d’un petit pointu et part en trottinant, d’un air de dire «euh, non, finalement c’est pas moi qui vais tirer le corner». Un sommet d’absurdité ! En admettant que cette miséreuse feinte fonctionne, à quoi sert-elle ? Même la Suisse, à l’époque de Roy Hodgson, quand elle jouait les corners à deux, était plus efficace. C’est dire ! Et là, pour le coup, aucun joueur néerlandais n’a suivi. Les Brésiliens rigolent, récupèrent tranquillement le ballon et ne se méfieront plus jamais des corners néerlandais. Mal leur en a pris…
 
7. L’analyse tactique.
Les grands spécialistes prévoyaient un duel épique entre la plus européenne des équipes sud-américaines et la plus sud-américaine des équipes européennes. On aura surtout constaté en début de rencontre que la défense néerlandaise, remaniée au tout dernier moment, aura été complètement dépassée par les assauts brésiliens. En témoigne le but de Robinho, où Arjen Robben se voit obligé de courir après à la place d’Heitinga. On a déjà vu mieux comme tactique… Et puis ce goal, cette égalisation qui tombe presque par hasard. Et la preuve, une fois de plus, que même à ce niveau, l’aspect moral et combatif peut se révéler être bien plus important que bien des considérations tactiques. Et comme le souligne très justement mon épouse, dont le sang est à moitié orange : «Les Pays-Bas en jouant bien font des résultats de merde, alors peut-être que cette année en jouant mal ils vont gagner.» Comment ne pas lui donner raison…

8. L’anecdote.
Avant cette rencontre, l’équipe des Pays-Bas alignait une série de 23 matches sans défaites. Seulement 10 pour le Brésil, mais leur dernière défaite datait des éliminatoires pour cette Coupe du Monde, alors qu’ils étaient déjà qualifiés. Forcément la fin d’une belle série…
9. La minute Pierre-Alain Dupuis.
83ème minute, Alexandre Comisetti : «La communication, c’est important à ce niveau-là». Et dans le couple aussi il paraît…
 10. La rétrospective du prochain match.
Fait cocasse, les deux équipes prendront le même avion en direction du Cap. La sélection brésilienne poursuivra son périple à bord d’un vol à destination de Rio. Retour au pays avec le sentiment d’avoir failli à leur mission. Ils pourront se rattraper en 2014, à domicile qui plus est. Les Néerlandais, eux, poursuivent l’aventure et resteront quelques jours sur place en attendant de se qualifier pour la finale face aux miraculés de l’Uruguay.

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9 Commentaires

  1. Dunga est plus zéro que je pensais et l’auteur de l’article aussi. Il a trouvé bon l’arbitre et en plus, il a trouvé bon le Brésil avec 2 joueurs de foot (Kaka et Robinho). Comme disait mon copain Johan, je n’aurait pas payé pour voir jouer Bastos,Juan,Melo,Lucio,la tondeuse à gazon Maicon,etc. Pauvre Brésil, ils ont finis le match en balancant des ballons dans les seize, comme à la grande époque des finales de cuoupe d’Angleterre. Lorsque tu finis le match avec Lucio et Alves à la baguette, mort de rire.

  2. Tout comme l’auteur de l’article, j’ai trouvé cet arbitre japonais excellent. Alors que l’arbitrage est cloué au pilori par beaucoup pendant cette Coupe du Monde, ça fait plaisir.

  3. Aucune homogénéité dans ces articles…l’autre jour vous nous dites que portugal- espagne était ennuyeux à mourir et extrêmement décevant…certes, j’acquiesce que les portugais n’ont rien fait pour jouer au foot! Et là vous venez avec un article bien écrit je vous l’accorde, mais tellement mou et vide de critiques pour deux équipes qui ont présenté un spectacle pitoyable…à faire pâlir un supporter de Fc sion..Comment tu peux dire que ce match n’a pas déçu…????incompréhensible, les seuls moments passionnants qui animèrent quelque peu les amateurs de foot furent les 12 fautes de Van Bommel, qui malgré son attitude détestable ne récolta même pas un pauvre carton jaune, scandaleux!!!!c’était vraiment indécent comme spectacle pour des joueurs de cette qualité…
    Les pays-bas se qualifient sans savoir comment, en frappant quatre fois aux buts, en comptant leurs buts qui ne sont même pas des actions construites…Si c’est ça le futur champion du monde et ben…vive la Grèce!
    En critiquant les pays-bas, je ne dis pas que le brésil a fait beaucoup mieux, mais ils ont au moins tirés 6 ou 7 fois au but avec danger!Et pourtant j’étais totalement neutre durant cette rencontre, mais quelle déception et quelle perte de temps!

    SVP, soyez objectifs

  4. Dark irish je te trouve un peu dur (même si je partage le fond de ton propos), mais je ne peux reprocher le manque de ligne de ce site, chaque rédacteur a la sienne. Disons que j’aurais sans doute davantage apprécié un article de Pascal Barras sur le match Espagne-Portugal, car pour ma part du moins, je trouve ce papier très bon. Meme si je n’ai pas vu tout le match…
    J’avoue avoir commis hier une hérésie indigne d’un supporter de ce sport depuis plus 20 ans, mais le temps de trouver les clés et d’aller voir la 2è moitié chez un ami, j’ai manqué les 20 premières minutes de la 2è mi-temps. Le tout en me demandant comment j’avais pu pronostiquer un 2-1 pour la Hollande et m’attendant à voir 3-0 pour le Brésil en arrivant à destination.
    Sur le match, tel que je l’ai vécu:
    1.Comme je l’ai lu sur un forum, si les joueurs brésiliens avaient la moitié de cervelle de celle des argentins, italiens ou allemands, il n’y aurait plus de place pour coudre d’étoiles sur le maillot auriverde. La première mi-temps brésilienne a tourné à la démonstration, et maintenant tout le monde va taper sur Dunga, mais je ne pense pas que l’idée d’organiser tactiquement une équipe fantasque soit si néfaste en soi. C’est sûr qu’après il faut un minimum de flexibilité et ne pas perdre l’identité du ‘jogo bonito’, mais en 2006 le cumul de starlettes n’avait pas non plus abouti (certes pour des raisons disciplinaires).
    L’arbitrage n’a pas été bon, en tout cas au niveau des cartons, comme dit c’est un scandale que Van Bommel ait fini le match sans carton (cela dit cela n’enlève pas non plus qu’il a fait un bon match et que dans son rôle de briscard péteur de jambes mais avec une bonne technique, il est vraiment très fort). Mais ça fait partie du jeu et les Brésiliens ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, ils ont lâché mentalement, à l’image de cet abruti de Melo dont j’avais lu un article hier matin même, où étaient surlignée son antipathie et manque d’implication cette année à la juve. cqfd

    Et ce n’est pas pour me déplaire que cette Hollande plus pragmatique avance dans le tournoi, même si la morale footballistique peut sembler plus triste.

  5. L’arbitre a finalement bien fait son boulot. Par contre, il aurait dû sortir son jaune à deux reprises au début du match, suite à des agressions sur Robben. Mais les Brésiliens ont débuté la rencontre avec 4 cartons et il n’a pas osé. Les Hollandais se sont donc rattrapés après.

    Quant aux crampons sur les abdominaux de Robben, c’était la cuisse gauche qui a pris un sale coup. Mais le résultat est le même et un rouge parfaitement justifié. Avec son auto-goal et son expulsion, Melo a intérêt à demander l’asile politique à l’Afrique du Sud s’il veut rester en vie.

    Et encore un grand merci à lui car j’ai misé avant le mondial sur les Pays-Bas en finale. Hop Robben, Sneijder et compagnie !!!

  6. L’arbitre aurait quand même dû sévir avec Van Bommel, ce dernier a fait au moins 7 ou 8 fautes, en plus il adopte toujours une attitude provocatrice et détestable.
    Je retiendrai de cette équipe d’Hollande 3 joueurs déterminants : Robben (quel artiste) + Sneider + le gardien.
    Bravo les oranges !

  7. Je suis content pour la Hollande qui mérite une fois d’aller au bout.

    Elle a eu un peu de chance, notamment en première mi-temps où les Brésiliens ont fait un festival. Il faut aussi reconnaître que les Pays-Bas n’évoluaient pas à leur meilleur niveau. La faute en partie à une charnière centrale remaniée à l’échauffement !

    Concernant l’arbitrage, je l’ai trouvé très correct mis à part les coups bas du vicelard et détestable Van Bommel non sanctionnés. J’espère qu’un jour ce salopiaud trouvera son maître. C’est sûr que si Ballack n’était pas blessé, il trouverait à qui parler lors d’une éventuelle finale contre la Mannschaft.

  8. Maintenant, c’est la voie royale vers la finale pour les Oranje. Avec une équipe d’Uruguay inférieure techniquement et amputée de son « ange-gardien » et attaquant Suarez, de son capitaine Lugano et vraisemblablement de Lodeiro, ça devrait le faire.

    En tout cas, c’est ce que j’espère.

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