Simon Ammann… euh Monsieur Simon Ammann

Première médaille des JO et première médaille suisse. Sur le K90, 8 ans après Salt Lake City, c’est à nouveau l’or pour le St-Gallois. Et il n’a laissé aucune chance à personne.

Vendredi pourtant, lors du saut de qualif on mesurait le niveau de la concurrence. Malysz, Morgenstern et Schlierenzauer montraient les crocs. Ce dernier se posait même à 107 mètres, bien devant un Simi qui hochait la tête de dépit, pendant que Schlieri avait tout loisir de rire de son propre style. Mais le jour de la compétition est une autre affaire.

Et c’est là que Ammann impressionne. Il est loin le maladroit adolescent de Salt Lake. Celui qu’on avait surnommé Harry Potter, le petit maladroit tout mal fichu derrière ses lunettes et dissimulé derrière son ignoble combinaison de l’équipe de Suisse, donnait l’impression du type qui ne sait pas trop ce qu’il a fait avec sa baguette magique. Celui qui était un peu désolé d’être là, mais qui semblait aussi dire «mais vous comprendrez un jour». Et ça fait longtemps qu’on a compris désormais.

Huit ans plus tard, seuls ceux qui ont quitté le saut à skis à Salt Lake continuent de l’affubler de ce ridicule surnom. Simon est devenu Simi. Et Simi est devenu Monsieur Ammann. Un trouble fête au sourire gêné, comme un petit gravier qui vient enrayer les parfaites mécaniques de la Wunderteam, qui vient gâcher la carrière des énormes Malysz et Ahonen qui n’auront jamais d’or olympique. A maudire la jeunesse impétueuse que nous inflige ce sport, on en oublie que les vieux routiniers ont l’expérience pour eux dans ces grands évènements.

Deux sauts parfaits dont un record du tremplin. Ammann qui, contrairement à ses concurrents, ne s’est jamais économisé durant cette fin de saison en Coupe du Monde nous prouve qu’il a bien fait. Explosif et appliqué, le Suisse limite la casse sur ses points faibles, vitesse et télémark, pour faire parler ses capacités de voleur, même sur une petite colline. Le doigt levé, le visage serein, cet homme qui glisse dans l’aire d’arrivée n’est rien d’autre qu’un des plus grands champions de l’histoire du sport d’hiver helvétique.

Tel un Rodgeur, si parfait et simple à la fois, abordable et pro, Ammann peut dépasser le légendaire et très rock’n’roll Matti Nykänen s’il remporte le K120 la semaine prochaine. Seul le Finlandais a en effet réussi à décrocher 3 médailles d’or (4 si on compte le saut par équipe) aux JO. Avec le bagage d’expérience dont il a fait preuve hier, on est bien curieux de savoir qui pourrait venir jouer… les trouble-fêtes. Le seul petit bémol sera la prévisible mais regrettable déconvenue de Andy «Full Gas» Kuettel. Le sympathique Schwytzois réalise une saison catastrophique et aura sans doute à coeur de terminer ce pensum, pour pouvoir se consacrer à sa famille et son nouveau fils, avant d’aborder une saison prochaine pleine de nouvelles résolutions.

Écrit par Roby Steedman

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5 Commentaires

  1. « Ammann qui, contrairement à ses concurrents, ne s’est jamais économisé durant cette fin de saison en Coupe du Monde »
    Si il a fait intelligement l’impasse sur Willingen me semble-t-il.

  2. Idem pour notre camarade… alors que dans le monde politique on assiste à des mots et toujours des mots (voir l’allocution mortelle de notre présidente il y a quelques semaines), ça m’a fait très plaisir de voir Simon se lâcher et secouer un peu notre Doris nationale!!!

    Très sympa cette victoire et cette réaction spontanée était excellente!

    T

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