Ajoie bientôt qualifié en demi…

Deux nouvelles importantes ont illuminé le ciel jurassien ce vendredi. La première est qu’après cinq longues années de négociations, la célèbre Damassine a obtenu son Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Pour la seconde, on peut parier sans grand risque de prendre une rouste que le HC Ajoie continuera son aventure en play-off du côté de la Litternahalle.

Un colosse aux pieds d’argile

Si l’on en croît les discussions de café du commerce de la capitale vaudoise (enfin, ce que l’on en m’a transmis, à Zurich le centre d’intérêt tournant plutôt autour du montant du remboursement de l’UBS dans les lounges feutrés de la Bahnhofstrasse), les boys de John van Boxmeer ont plus la tête à savoir s’il est plus adéquat de fêter la promotion en LNA avec du Nocino léventin ou dans les boîtes de nuit seelandaises que d’étudier le jeu du HC Ajoie. Les mêmes papys de bar préfèrent se rassurer en se remémorant la série contre Thurgovie, «qu’une défaite, ça risque de les réveiller ces gaillards» ou pire, que Sa Sainteté Chris McSorley Ier suivant son précepte maître «LHC doit être en Ligue A, blablabla alléluia» va prêter ses meilleurs joueurs actuellement au repos «pour qu’ils gardent la forme» (et accessoirement soient interdits de jouer le titre avec le club genevois).

En réalité, Lausanne a perdu plus qu’un match dans ce troisième volet de ces quarts de play-off. L’hyperfavori au titre de ligue B et son armada estampillée 70% LNA (spéciale dédicace à Caliméro) a complètement sombré face à la monoligne d’Ajoie (3 des 4 buts à l’actif de cette formidable ligne Desmarais-Roy-Barras). Sans jus, sans envie et sans gloire, le LHC n’est pas un adversaire à la mesure des ambitions ajoulotes. Et van Boxmeer est un aveugle, un piètre stratège ou un coach à l’esprit sportif irréprochable. Un ami, qui s’est fendu de mesurer le temps de glace du premier bloc ajoulot avec sa montre à quartz, le confirme parfaitement : 27 minutes de glace lors du match 1, et 26 hier soir. 50% donc. Dès lors, on se demande si se la jouer «à la genevoise» et casser cette première ligne en lançant quelque Grieder à l’attaque ne serait pas adéquat. Las, Desmarais et ses potes ne sont pas du genre à répondre à la provocation, conscients de leur valeur.

Statistique «à la louche»…

Autrement dit, 55 minutes dominées par Ajoie, 5 minutes par Lausanne. Simon Rytz, le sympathique gardien biennois du HC Ajoie, a passé une soirée plus que tranquille. Elle a commencé par un premier tiers à sens unique entièrement à l’avantage des siens et qui se solde par un mérité 0-1 pour les visiteurs : Roy – le hockeyeur québécois, pas l’autre – sur passe de l’excellent défenseur Hauert (deux points ce soir). Un premier vingt admirablement arbitré par l’un des rares bons arbitres de la ligue, le Canadien Stéphane Rochette, que les Lausannois ne pourront pas accuser de partialité dans leur naufrage.
Un second tiers à l’image du premier. A sens unique pour Ajoie ponctué d’un seul but (par l’intenable James Desmarais) qui aurait sans problème pu être accompagné de petits frères, personne n’aurait eu à redire tant les locaux semblaient balbutier leur hockey. Ce qui fait le plus peur, c’est que les joueurs vaudois semblaient détachés, pour ne pas dire non concernés, par ce qui se jouait sur leur glace. On notera néanmoins un tir contre le poteau jurassien d’Alain Miéville.

Au second thé, Lausanne n’a toujours rien montré. On se demande quelle aurait été la physionomie du match – ou de la série – si d’aventure Lausanne avait pu compter sur des étrangers. Que se serait-il passé si Alexandre Tremblay ne s’était pas blessé (et donc que les supporters vaudois n’avaient pas eu à subir ce clown chevelu de Banham) ? Quoi qu’il en soit, il a fallu attendre la 50e minute de jeu pour voir un sursaut de fierté lausannoise : Jérôme Bonnet, sur la gauche des buts défendus par Mona, s’en vient provoquer un pugilat avec Raffael Lüthi. Outre la débauche de testostérones, on a savouré l’attitude des coéquipiers des deux lutteurs, symptômatique de l’état d’esprit des deux protagonistes : des Ajoulots tapant sur la glace de leur bâton pour encourager Lüthi à «en mettre une» à Bonnet, et des Lausannois apathiques, le cul posé sur leur banc.
Cela dit, l’effet de la bagarre a tout de même fouetté Keller et les siens. Alain Miéville d’abord sur passe d’Igor Fedulov (meilleur joueur vendredi soir) et ce même Igor Fedulov ensuite sur passe de Schilt réduisant la marque à 2-3 pour les cinq minutes dominées par Lausanne durant l’entier du match. Mais lorsqu’il ne reste plus que 4 minutes de jeu et qu’on a sombré durant 50, difficile de se dire que la victoire reviendra aux locaux. Ce d’autant plus qu’une minute après le dernier but des Lions, Portmann transperça les buts de Mona sur une jolie combinaison avec Chiriaev, anéantissant tout espoir lausannois.
Ajoie a amplement mérité sa victoire. Ses spectateurs devraient pouvoir fêter une qualification en demi-finale mardi prochain avec des litres de Damassine AOC si Lausanne présente le même état d’esprit.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Ajoie 2-4 (0-1 0-1 2-2)

Malley, 5048 spectateurs.
Arbitres : MM. Rochette ; Mauron et Schmid.
Buts : 11e S.Roy (Hauert/5c4) 0-1, 29e Desmarais (Hauert) 0-2, 44e Barras (S.Roy, Desmarais/5c4) 0-3, 52e Miéville (Fedulov) 1-3, 57e Fedulov (Schilt, Leeger/5c4) 2-3, 58e Portmann (E.Chiriaev, Voisard) 2-4.
Pénalités : 8 x 2′ + 1 x 10′ (Bonnet) contre Lausanne ; 7 x 2′ + 1 x 10′ (R.Lüthi) contre Ajoie.
Tirs cadrés : 21-27 (3-9 6-12 12-6)
Engagements : 36-31
Lausanne : Mona; Zalapski, Stalder; Chavaillaz, Villa; O.Keller, Kamerzin; Leeger, Schilt; F.Randegger, J.Roy, Banham; Fedulov, Miéville, Gailland; St.Schnyder, Staudenmann, Hendry; Lussier, Augsburger, Bonnet.
Ajoie : Rytz; Hauert, Rauch; Voisard, Studer; D’Urso, Hostettler; Orlando, Fey; Barras, S.Roy, Desmarais; Beccarelli, E.Chiriaev, Portmann; Runhke, Posse, Bartlomé; R.Lüthi, Chételat, Pedretti.
Notes : Lausanne sans Tremblay (blessé), Chabloz, Cadonau, Abplanalp ni Frunz (surnuméraires) ; Ajoie sans Schlüchter, Tuffet ni Zangger (surnuméraires).

Écrit par Vincent Keller

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8 Commentaires

  1. Bon… 3-1… peut être que le destin de cette équipe c’est de rester en LNB? C’est toujours difficile de se battre contre son destin…

    T

  2. Ce qui est marrant c’est de prendre un peu de recul et de se rappeler tous les fans du LHC qui brâmaient déjà il y a quelques semaines que Lausanne était un club de ligue A et le blabla du meilleur public et autres rengaines réchauffées. A tout cela s’ajoutait la mauvaise foi et la haine envers les « grands » comme Bienne ou Fribourg. Rien n’est fait dans ces play-offs. Mais que dire d’une équipe qui rame pour se qualifier (ou perdre…) contre Ajoie? Cest ça le futur adversaire de Berne et Zurich? Probablement pas.

  3. Sans prêter plus d’attention que ça au fait que ça soit justement le LHC, mais il semble bien que la seule des équipes de pointe qui a choisi un autre adversaire que celui que le classement lui aurait attribué soit en passe de s’être fourvoyée.
    Système ridicule que ce choix des séries.

  4. Bla, bla, bla… Chaque année c’est la même chose, les équipes qui affrontent Lausanne ont l’atout du « coeur » face à la « machine sans âme » que nous sommes censés être.

  5. Ouais ouais…
    J’ai Bluewin TV et pour la première fois de ma vie, j’ai choufé un match de LNB.
    J’aurais peut-être dû choisir Viège ou les Souris Puissantes (ce nom me fait toujours marrer..). La finale Canada – USA allait commencer plus tard sur TSR2 alors j’ai cliqué vers 18h sur : « Rent Now » : AHC – LHC qui se jouait à la patinoire de Porc en Truie, et mal m’en a pris.
    C’était pathétique, triste et affligeant.
    Plus proche du niveau première ligue que LNA c’est certain. Je n’avais jamais vu jouer Lausanne. Au vu de leur performance, on peut déjà se dire
    que même si ils réussissent à se réveiller et gagner les 3 prochains matches, cette équipe n’a pas le gabarit pour monter plus haut dans la
    grande ligue.
    Ajoie non plus du reste. Je met ma bite sur le plot que la finale de LNB sera Les Lions Rouge de Visp (au fait, ils ont beaucoup de Lions en LNB..) v/s Les Souris au Viagra.
    Je vais me voir un des prochains matches de ces deux équipes lors de leurs demies, je pense que ce sera plus chaud et vivant que le triste spectacle de nos pauvres
    équipes Romandes. Lausanne m’a vraiment fait de la peine, moi qui suis Vaudois en plus..

  6. Si tu n’as jamais vu Lausanne jouer alors tu es moins déséspéré que ceux qui l’ont vu!

    C’est ici que le bât blesse. Cette équipe, cette mentalité, ce jeu n’ont rien à voir avec ce qui a été présenté ces 2 derniers mois. C’est horrible et ça donne l’impression que l’équipe se fout de notre gueule.

  7. @ Romain
    Salut !
    Ouais c’est domage car Lausanne
    peut faire très bien par moment, mais
    il semble qu’ils soient proies à leurs
    démons interieurs. C’est (c’était) un peu le même problème avec Genève-Servette
    qui peut filer une leçon de hockey aux tenors de la ligue et soudainement
    ne plus savoir jouer et perdre contre des équipes moins bonnes (Les Tigris de l’Emmenthal par exemple). Mais bon,
    les Aigles semblent dans une excellente passe et leurs effectifs sont
    tous en top forme. Ce serait bien de les voir gagner le titre une fois dans l’histoire du club. …Je sent que je vais me faire allumer par les anti-Gueules Elastiques… ;o)

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