…und hab’n noch immer Durst

La dernière phrase du refrain du légendaire Viva Colonia a pris tout son sens vendredi lors du derby de la soif entre Cologne et Mönchengladbach. C’est en effet à la Gaffel Kölsch sans alcool qu’il a fallu endurer un match qui, à l’exception des douze dernières minutes, a été d’une rare médiocrité.

Je t’avais déjà fait l’historique du rheinische Derby entre Köln et Mönchengladbach lors du match aller, je ne vais pas te réexpliquer pourquoi le duel entre deux des monstres sacrés du foot allemand constitue le deuxième plus grand derby du pays derrière le Revierderby entre Dortmund et Schalke. Qui dit grande rivalité dit malheureusement risques de débordements et, comme au match aller, les autorités ont décidé d’interdire l’alcool dans le stade, même si l’inutilité totale de la mesure a déjà été maintes fois démontrée. Déjà que la Gaffel Kölsch ordinaire est plutôt du genre insipide, alors je te laisse imaginer la Gaffel Kölsch alkoholfrei. C’est bien la première fois qu’il a fallu qu’on passe à la Flotte après le match pour faire monter notre taux d’alcoolémie…

Le stade affiche bien évidemment complet, malgré des prix prohibitifs. Il nous en aurait coûté 30% moins cher pour une place équivalente à Manchester – Liverpool ce week-end-là ; d’ailleurs, on a hésité mais on s’est finalement dit qu’un duo pack Cologne-Dortmund présentait plus de garanties question ambiance. Et pour la qualité du jeu ? On ne s’arrête jamais à ce genre de détails, sinon on diminuerait drastiquement nos déplacements à l’étranger.

Première mi-temps affligeante

Cologne réussit un début de match encourageant avec un centre tir de Brecko détourné par le gardien du Borussia Bailly et une frappe de Maniche que Novakovic, seul à cinq mètres du but, ne peut dévier au bon endroit. Mais ce n’était qu’un feu de paille, la suite a confiné au néant absolu. Ce n’était guère mieux du côté de Mönchengladbach qui doit attendre une abominable passe en retrait ratée de Podolski pour obtenir sa seule occasion de la 1ère mi-temps, un tir trop écrasé d’Arango. Au vu de ce triste spectacle, on comprend mieux pourquoi les deux formations sont encore concernées par la lutte contre la relégation. Avant la pause, il aura manqué deux des trois éléments qui forment le b.a.ba d’un match de Bundesliga : bières avec alcool, but, ambiance. Heureusement qu’il est resté la troisième nommée, avec deux kops qui ont rivalisé d’encouragements pour tenter au moins de se départager dans les tribunes vu que leurs protégés respectifs n’avaient pas l’air trop motivés de le faire sur le terrain, ce qui a généré une ambiance assez sympa.

Premier éclair dans la grisaille

Dans un match aussi médiocre, il fallait soit un exploit personnel soit une erreur pour débloquer la situation. C’est une combinaison des deux qui permettra à Mönchengladbach d’ouvrir le score, soit un énième ballon perdu par les Geissböcke offrant un contre au jeune et talentueux Marco Reus qui ponctuera sa folle chevauchée d’un tir imparable au ras du poteau. Un bel exploit pour celui qui s’affirme comme le digne successeur de Marko Marin dans les rangs des Fohlen. Mais c’est aussi un but qui souligne la faillite du système ultra-défensif mis en place par le très controversé entraîneur de Cologne Zvonimir Soldo. A quoi cela sert-il de brider son offensive en alignant trois milieux défensifs si c’est pour être pareillement absent au filtrage à mi-terrain ?

Deuxième éclair dans la grisaille

On espérait que ce but allait lancer le match mais il n’en n’a rien été. Gladbach se contentait de gérer son acquis en balançant des ballons en touche, alors que Cologne n’a pas montré la moindre réaction. Incapables d’aligner deux passes de suite, les Geissböcke se sont rapidement attiré l’ire d’un public de plus en plus courroucé et prompt à demander le départ de l’entraîneur Soldo. Je dois avouer que, en tant que supporter du Lausanne Hockey Club, j’éprouve une certaine empathie pour les fans du 1. FC Köln : chaque début de saison ou début de match, ils sont pleins d’enthousiasme mais ils doivent trop souvent déchanter en découvrant qu’en fait ils ont hérité d’une équipe de chèvres (tu me diras, pas étonnant pour un club dont l’emblème est un bouc). Les Domstädter se montrent incapables de se procurer la moindre occasion de revenir, à part quelques corners tous très mal tirés par Zoran Tosic. S’il a été le seul Colonais à tenter des choses, le joueur serbe prêté par Manchester United ne paraît pas encore prêt à briguer une place de titulaire du côté d’Old Trafford. C’est tout de même lui qui va amener l’égalisation : après un corner guère mieux tiré que les précédents, le ballon va lui revenir, ce qui lui a permis, quelques passements de jambes plus tard, de trouver Maniche aux seize mètres. Le Portugais arme une frappe somptueuse pour l’égalisation, le deuxième éclair dans ce match bien terne. Et accessoirement, pour mon cinquième match du 1. FC Köln cette saison, le premier but que j’ai l’occasion de voir des Geissböcke, je n’y croyais plus.

Attention danger

Cette égalisation va enfin lancer la rencontre (mieux vaut tard que jamais) et déboucher sur douze dernières minutes complètement débridées. Les deux formations auront leur balle de match sur des tirs trop croisés de Novakovic d’un côté, de Colautti de l’autre. Mais on allait en rester là, assez logiquement, aucune des deux équipes ne méritait de repartir avec plus qu’un point. Cologne et Mönchengladbach demeurent donc sous la menace de la barre. A priori, tous deux disposent d’un peu de marge, Gladbach compte tout de même huit points d’avance sur la 16e place, Cologne cinq mais avec un calendrier favorable en fin de saison. Toutefois, au vu de ce qu’elles ont présenté vendredi soir, les deux formations feraient bien de se méfier, elles ne sont pas à l’abri d’une très mauvaise surprise.

1. FC Köln – Borussia Mönchengladbach 1-1 (0-0)

RheinEnergieStadion, 50’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : Dr. Brych.
Buts : 55e Reus (0-1), 79e Maniche (1-1).
Köln : Mondragon ; Brecko, Geromel, Mohamad, Womé (75e Ehret) ; Tosic, Maniche, Pezzoni (66e Freis), Petit, Podolski ; Novakovic.
Mönchengladbach : Bailly ; Levels, Brouwers, Dante, Daems ; Herrmann (72e Colautti), Marx, Bradley, Arango ; Friend (83e Bobadilla), Reus.
Cartons jaunes : 81e Bradley, 85e Geromel.
Notes : le coup d’envoi a été retardé de 15 minutes en raison de problèmes de trafic qui ont empêché de nombreux spectateurs de rejoindre le stade à temps. Cologne sans Schorch ni Chihi (blessés), Gladbach sans Dorda (blessé).

Écrit par Julien Mouquin

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