The home of football

Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit un billet pour un match de Premier League… C’est ainsi que lorsque mon téléphone a sonné lundi 15 mars et qu’on me proposait deux tickets pour Arsenal – West Ham, mon sang n’a fait qu’un tour : enfin, j’allais être dépucelé au football anglais !

Et ce n’est autre que Johan Djourou, via le webmaster de son site internet, qui nous invitait ce week-end pour un derby de Londres. Au sein de la rédac de CartonRouge.ch, qui dit Arsenal dit forcément David Despont. L’homme a quelques matches de Premier League à son compteur, c’est un vrai passionné du foot anglais capable de sortir le onze type de Wigan et Burnley sans coup férir (je le sais, on a fait le jeu entre l’aéroport et l’hôtel) mais surtout un Gooner jusqu’au bout des ongles. Ça tombe bien, j’adore aussi Arsenal !

Samedi 20 mars 2010

On arrive comme prévu à 12h au centre de Londres, Earls Court district, le temps pour nous de poser les valises à l’hôtel et de prendre – déjà – la direction du quartier d’Arsenal. Une bonne demi-heure de métro plus tard, nous voici arrivés dans le fief, le village, la patrie des Gunners. Non loin de la sortie de métro se trouve le mythique Highbury. Le stade des «Invincibles» est désormais une zone d’habitation. Ne restent plus que les deux tribunes principales, classées monuments historiques, et la pelouse qui a été transformée en jardin. Les yeux de mon guide brillent : «Tu vois les fenêtres, là, c’était les vestiaires ! Après un titre, les joueurs balançaient leurs affaires aux supporters qui s’entassaient dans la rue.» On sent chez les Gooners une nostalgie bien présente quand ils évoquent Highbury. C’était non seulement le stade des plus beaux exploits, mais aussi une enceinte pleine de cachet nichée au coeur d’un quartier. Bref, le vrai stade anglais. «Tu verras, c’est totalement un autre monde l’Emirates», me prévient-il. 

 

A quelques encablures d’Highbury se trouve le pub The Gunners. Il faut montrer patte blanche pour y entrer, c’est-à-dire posséder une carte de membre d’Arsenal. Inutile de dire que David avait prévu le coup… Le pub est forcément une ode à la gloire des Gunners. Thierry Henry est omniprésent au même titre que les autres légendes du club : Charlie George, Liam Brady, Ian Wright, Dennis Bergkamp ou autre Tony Adams. Pas de trace de Djourou ni Senderos, en revanche… Un groupe de musique entonne des chants à la gloire des canonniers, entrecoupés par des chansons dédicacées à Ashley Cole et Emmanuel Adebayor, les ennemis jurés. La chanteuse est aussi sexy que nos pints sont pleines. Et ne manque pas d’allumer quelques Anglais qui n’avaient pas besoin de ça pour avoir le sang chaud !
Le pèlerinage continue au Rocket, l’un des autres pubs réservées aux Gooners, plus proche de l’Emirates. Autre ambiance dans ce pub qui fait – au bas mot – dix fois la taille du Great Espace ! Il est 15h et le bar est noir de monde… Sur le grand écran défile l’intégral du cultissime Liverpool – Arsenal, dernier match de la saison 1988-89. Ce jour-là, les Gunners doivent gagner par deux buts d’écart pour passer devant leur adversaire du jour et remporter le championnat. Ils marqueront le 2-0… à la 92e minute ! Ce match est considéré comme le final le plus inouï de l’Histoire du football anglais. Les supporters regardent la rencontre religieusement, les plus vieux la revivent. Devant nous, un père de famille explique chaque action, chaque anecdote de ce 26 mai à son gamin, avant d’exploser sur le but de Michael Thomas comme s’il y était ! La passion, ça doit être ça.
La prochaine étape, c’est évidemment le match. Autant dire qu’à côté du charmant et «very british» Highbury, l’Emirates passe pour un énorme vaisseau un peu froid. Mais n’est-ce pas l’apanage de ces enceintes flambant neuves ? A l’extérieur, des immenses affiches montrent les légendes du club bras-dessus bras-dessous, ça en jette ! «C’est tout nouveau ça, ils essaient de rendre le stade plus chaleureux, ils vont y arriver !», ajoute le Deps. La boutique du club ferait passer Manor pour le kiosque du quartier tandis que l’entrée au stade, 30 minutes à peine avant le coup d’envoi, se fait sans la moindre attente. Deuxième bonne surprise, on sert de la bière avec alcool à l’Emirates. Ça ne donnera quand même pas envie à Julien Mouquin d’y aller, mais ça reste un gros point positif à l’heure où la peur et la parano ont envahi le monde du football.

Arsenal – West Ham 2-0 (1-0)

Tel un puceau qui voit sa première paire de seins, je suis en transe à l’entrée des joueurs. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de tout le monde. Entre mon voisin norvégien qui me propose des Pringles, une bande de Français qui tapotent sur leur iPhone et deux touristes japonais qui se prennent en photo, on se croirait presque à la relève de la garde de Buckingham Palace. Bref, on n’est pas malheureux de retrouver deux vrais Gooners de 40 ans en-dessous de nous, qui n’auront cesse de se lever, chanter et avec qui on finira en mêlée géante sur le 2-0 !
C’est – paraît-il – le cas dans les autres grands stades du pays : eu égard à ce public d’événementiels dont je fais entièrement partie, l’ambiance a souvent de la peine à décoller. La 1ère mi-temps est ainsi plutôt tranquille, malgré l’ouverture du score de Denilson après 350 secondes. Une première période sans grand relief où les Gunners peinent à passer la deuxième et à planter le deuxième.
Le tournant du match a lieu à la 44e minute lorsque l’arbitre inflige une double sanction à Arsenal : pénalty et rouge pour Thomas Vermaelen. A partir de ce moment, la rencontre va basculer dans une autre dimension ! Celle qui nous fait définitivement aimer le foot. Almunia retient le péno de Diamanti et offre une deuxième explosion de joie aux 60’000 spectateurs.
A 10 contre 11, la seconde période est forcément tendue, crispante, angoissante. Le titre de champion est en jeu. Le spectre du chat noir plane au-dessus de ma tête. Les Hammers dominent stérilement, touchent du bois mais c’est finalement Cesc Fabregas, en bon capitaine, qui se charge de tuer le match sur pénalty. Suivront 10 minutes de chants ininterrompus qui auront raison des cordes vocales de certains (mais pas du Norvégien qui a quitté sa place à la 85e…). Même si l’ambiance dans les stades anglais n’est plus ce qu’elle était, force est de constater que le noyau dur de passionnés est toujours là, fidèle au poste et aux pints. Samedi, dans un Emirates euphorique, les vrais Gooners ont magnifiquement répondu présents.
Arsenal prend donc la tête du championnat au soir de cette victoire étriquée et les «we are top the league, we are top the league» résonneront tout au long de la soirée, marquée par The Gunners Pub, des accolades à n’en plus finir et une fin de soirée inoubliable à Leicester Square.

Dimanche 21 mars 2010

Le réveil est aussi pénible que la soirée fut intense. Non contents d’avoir vécu une journée 100% foot la veille, tes deux serviteurs n’hésitent pas à se taper un «alléchant» Fulham – Manchester City en ce premier jour du printemps. Le soleil est radieux et le t-shirt est de sortie pour le supporter britannique lambda. En Angleterre, enfiler une veste lorsqu’il fait plus de 10 degrés te fait passer pour une petite nature. Inutile de dire que l’événementiel que je suis, muni d’une veste d’hiver, passe plus que jamais pour un touriste de base, les yeux bridés et l’appareil photo n’aidant pas.

Planté entre des zones d’habitation et la Tamise, Craven Cottage est un vrai stade à l’anglaise. Ses tribunes vétustes avec ses poteaux, ses entrées hyper étroites et son panneau de bienvenue ajoutent encore au cachet de l’endroit. C’est ici, dans ce décor pittoresque, que la Juventus s’est fait sortir de la Coupe d’Europe il y a trois jours au terme d’un match complètement fou. «La plus grande soirée de l’Histoire du Fulham FC» selon le programme du match. Au lendemain de cette qualification historique, le journal The Sun ira même jusqu’à comparer Craven Cottage à un chaudron…
Aujourd’hui, ce n’est pas une équipe moyenne d’un championnat de seconde zone qui débarque, mais une phalange ambitieuse de Premier League : Manchester City, ses millions, ses stars et son Carlos Tevez. Les supporters des Citizens sont en nombre dans la tribune où nous nous trouvons, mais on sera particulièrement déçu par leur motivation tout au long de la partie. Des chants ici ou là au milieu de longs silences, leur prestation ferait passer les Vernets pour la Bombonera. Quant au soi-disant chaudron du Sun, il n’a pas confirmé sa flatteuse réputation. Le déplacement à Craven Cottage vaut assurément plus le coup pour son côté typique, sa vue sur la Tamise et ses tribunes d’un autre temps, mais pas pour son ambiance ! Craven Cottage, c’est une atmosphère unique, un mélange de tout ce qui fait le charme de la Perfide Albion. «Like a glass of warm milk at bedtime», comme l’écrit le Times dans son papier consacré aux 10 stades de foot à découvrir absolument. On ne peut que leur donner raison tant on a été séduit par le cachet de ce complexe si mignon, si cosy, si british.

Fulham – Manchester City 1-2 (0-2)

Entre des héros de Fulham émoussés et des Skyblues fidèles à leur réputation, à savoir frileux et opportunistes, la rencontre n’a pas offert de brillantes étincelles. Tout juste notera-t-on l’éclair de Carlos Tevez sur le deuxième but, un modèle d’abnégation et de réalisme à montrer dans tous les centres d’entraînement du monde (à commencer par celui du Lausanne-Sport). Plus entreprenants après le thé, les hommes de Roy Hodgson auraient pu passer l’épaule après la réduction du score, mais il leur a manqué ce petit brin de folie et de talent dans le dernier geste. En face, City en aurait planté deux ou trois en contre si De Jong et Wright-Philips n’avaient pas les pieds carrés…     
Le match se termine par un 1-2 que nous avions les deux prédit avant le coup d’envoi. Mais, pour des raisons qu’on ignore encore, on a préféré miser sur un premier but inscrit soit par Wright-Philips, Etuhu, Touré, Gera ou Hangeland… Manque de bol, le premier pion fut inscrit par Santa Cruz et certains de nos «favoris» n’ont même pas commencé le match… quel flair ! 
Les paris – j’allais oublier de t’en parler – sont une institution outre-Manche. Avant chaque rencontre, tu as la possibilité de faire toutes sortes de combinaisons. Du premier buteur du jour au score du match, tu as tout loisir de faire fructifier tes pounds (ou pas). Ainsi, celui qui misait dimanche sur une victoire 4-2 de Fulham avec une première réussite de Kolo Touré gagnait…900 fois son investissement ! Quant à celui qui a annoncé 2-1 pour les Citizens avec un premier but de Santa Cruz, il repartait avec un pécule multiplié par 33 ; c’est moins impressionnant que la combinaison Touré + 4-2 mais ça reste largement suffisant pour finir ivre, si tant est qu’on a au moins parié 5 livres.

Le billet du match (£ 50 pour être assis à l’avant-dernier rang derrière un poteau) ne sera donc pas remboursé. On retrouve les pubs du quartier de Fulham où Cottagers et Citizens descendent jug sur jug en toute décontraction. Drôle de Londres où, en quelques arrêts de métro, on passe des grandes artères touristiques à des quartiers où le foot est partout, où la passion du ballon rond dégouline des rues comme une pint de Stella dans un gosier. Et quand on pense qu’il y a encore West Ham, Tottenham, Chelsea, Crystal Palace, Millwall ou autre Charlton dans les alentours, on comprend vite pourquoi l’Angleterre est le berceau du football et Londres sa capitale. The home of football. Plus que jamais, vivement England 2018 !

A propos Marco Reymond 470 Articles
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4 Commentaires

  1. Après 2 concours, Carton rouge gagne déjà…. Y a anguille sous roche moi je dis!! Comment Djourou fait son choix???
    A part ça merci pour le compte-rendu, je me réjoui déjà d’y aller dans 2 semaines contre les Loups, descendres quelques pints au Gunners pub et pourquoi pas découvrir le Rocket!!!

  2. Craven Cottage est effectivement un stade tout a fait charmant dans un tres bon cadre et avecun public bcp moins pretentieux que dans les autres grands clubs londoniens.

    Par contre le « home of football » de la perfide Albion est le Nord-Ouest (region Manchester/Liverpool) pas Londres…Soyons serieux messieurs 😉

  3. « Viera OH OH, viera OH OH, give GIGGSY the ball and arsenal won F**K ALL, Viera OH OH. »

    ;-))

    Bravo pour l’article, super de revoir du foot anglais sur le site. Amitiés à toi et Deps.

    La lutte finale pour le titre va être magnifique!!

    Only One United

  4. P’tain j’en chaile tellement ça sent bon le foot, l’amitié et la noce. Vivement les détails de vive voix. Pour ma part, c’est West Ham dans deux semaines, ça va être chaud … ;o)

    Bonne les gars et continuez à nous faire vibrer avec vos CR !

    Driic

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