Berliner Fussball

L’Allemagne ne se résume pas à la bière, aux saucisses ou à l’industrie lourde. Il s’agit aussi du pays dans lequel le football se pratique dans des enceintes archicombles. La Bundesliga est le championnat le plus populaire de la planète en terme de fréquentation des stades, avec une moyenne hallucinante de 42’521 spectateurs par match l’année passée.

Malheureusement, l’engouement pour le roi des sports à Berlin est incomparable avec la passion qu’il déclenche chaque week-end en Rhénanie ou en Westphalie. La capitale compte néanmoins deux clubs professionnels que tout amateur de football se doit de voir jouer une fois : Union Berlin et le Hertha Berlin.

Dimanche 21 mars : Union Berlin – Alemannia Aachen 0-0

 Le club de Berlin-Est ne peut pas se targuer d’un palmarès prestigieux, ayant toujours vécu dans  l’ombre de voisins plus imposants. Fondé en 1906 sous le nom de SC Olympia 06 Oberschönweide, il  prend son nom actuel en 1966 seulement. Union  Berlin, ou Eisern Union pour les intimes, s’est  contenté de jouer un rôle mineur au sein du championnat de RDA. Il ne pouvait en effet résister  à la concurrence de son grand rival, le Dynamo  Berlin, soutenu par le Ministère de l’Intérieur et la STASI. Après la chute du Mur, c’est au tour du Hertha Berlin de monopoliser l’attention portée sur le football dans la capitale. Toutefois, je vais aujourd’hui rendre visite à un club en pente ascendante : végétant encore en quatrième division il y a 4 ans, Union Berlin est monté en Zweite Bundesliga l’année passée.

Bucoliquement nommé An der alten Fösterei, le stade se trouve effectivement à la lisière d’une petite forêt dans le quartier de Köpenick. Pour répondre aux normes de sécurité en vigueur, cette enceinte a récemment été modernisée. Désargenté, le club a fait appel aux supporters, qui ont donc rénové de leurs propres mains gradins et tribunes !
Le match oppose deux équipes du milieu du classement, qui n’ont plus rien à espérer tout en possédant une marge de sécurité relativement confortable sur les premiers relégables. Union prendra le jeu à son compte tout au long de la partie, sans jamais parvenir à se montrer réellement dangereux. Les Berlinois auraient probablement pu jouer une éternité sans marquer, tant les centres ou les passes décisives semblent des gestes qui ont peu la cote à l’entraînement.
On a apprécié le fait d’assister à un match debout et proche du terrain. On a aimé l’ambiance festive qui régnait dans le stade, les chants «Eisern Union, ja wohl !» et les policiers qui s’intéressent plus à l’évolution du score qu’à fouiller des poches. On a applaudi la performance de la charnière centrale Stuff-Göhlert, très combattive, impériale dans les airs, et dont la qualité de la relance ferait passer les défenseurs de deuxième division écossaise pour de fins techniciens. D’ailleurs une des rares montées de Stuff résume à elle seule la partie : il s’arrache pour aller récupérer un ballon qui filait en sortie de but, puis, bien que libre de tout marquage, adresse un centre qui parvient presque à finir sa course à l’ouest de la ville.
A défaut de football champagne, les supporters se sont logiquement rabattus sur la bière en troisième mi-temps. L’occasion pour moi de découvrir les Kneippe de Berlin-Est.

Samedi 27 mars : Hertha Berlin – Borussia Dortmund 0-0

 Fondé en 1892, le Hertha a conquis deux titres de champion d’Allemagne en 1930 et 1931. Depuis  1997, le club n’a plus quitté la Bundesliga, plus haute division allemande. L’équipe évolue au sein  du fameux Olympiastadion, érigé à l’occasion des Jeux Olympiques de Berlin en 1936. D’une  capacité de 74′000 places, le stade constitue une curiosité en lui-même.
Après avoir lutté tout au long de la saison 2008-2009 pour le titre, le Hertha se trouve actuellement  dans une situation catastrophique. Bon dernier du classement, le club possède 7 points de retard sur le premier non-relégable. Et lors des sept matchs qu’il reste à disputer, l’équipe devra affronter chacun des quatre leaders. Mathématiquement parlant, les chances de maintien du Hertha ne sont donc plus que 6′383 fois supérieures à celles de l’Afrique du Sud de gagner «sa» Coupe du Monde. C’est dire si l’espoir est mince.
Première bonne surprise de la journée : le cadre grandiose proposé par l’Olympiastadion. Depuis mon siège situé dans l’Ostkurve, on a tout loisir d’admirer les longues courbes ovales du stade, tandis que des rayons de soleil se faufilent à travers l’ouverture aménagée à l’autre extrémité de l’enceinte. Le décor fait tellement penser à un amphithéâtre romain qu’on est presque étonné de ne pas apercevoir César ou Néron dans les loges VIP de la Haupttribüne.

Deuxième bonne surprise : le match. Le Hertha joue sa dernière carte et fait preuve d’un engagement sans faille, tout en développant un jeu très plaisant. Utilisation de toute la largeur du terrain, débordements à répétition, actions intelligemment construites, seul fait défaut le dernier geste. A noter la titularisation du jeune espoir suisse Fabian Lustenberger dans l’entrejeu. En face, un Dortmund apathique et sans idée peut s’estimer heureux de regagner les vestiaires sans être mené au score.
La deuxième mi-temps reprend sur les mêmes bases, avec des Berlinois qui multiplient les incursions dans le camp adverses. A une quinzaine de minutes de la fin du temps réglementaire, le BVB semble enfin vouloir sortir de sa léthargie et son formidable public commence à se faire entendre. C’est alors que survient le tournant du match : sur une longue ouverture de la défense berlinoise, Santana effectue une passe en retrait de la tête pour son gardien. Gekas, en position de hors-jeu au départ de l’action, intercepte du chef et ouvre le score pour le Hertha. L’arbitre annule ce but pourtant valable, déclenchant l’ire de l’Ostkurve.  L’équipe de la capitale poussera jusqu’au bout,  Dortmund manque le hold-up dans le temps  additionnel et la partie se termine sur un score qui  n’arrange aucune des deux formations. On ne s’est  pas ennuyé une seule seconde, mais on repart  forcément un peu déçu pour le Hertha, qui méritait mille fois de gagner.
En guise de conclusion, je n’ai toujours pas vu de but à Berlin, mais ce n’est que partie remise !

Écrit par Joachim Berney

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7 Commentaires

  1. Merci pour ce compte-rendu très sympa. Et pour voir des buts la prochaine fois, va à Hambourg… 😉 quoique ces temps…

  2. Deux 0-0 en un week-end, pas de bol Joachim ! Bon, entre l’Union et le Hertha, pas sûr que tu aies choisi la ville avec les meilleurs clubs de foot… Mais tu te rabattras sur les clubs électros, là Berlin est imbattable !! Parole de Valaisan 😉

  3. Si Gekas est hors-jeu au départ de l’action, comment l’arbitre fait-il pour annuler un but valable???? Pas compris là…

  4. @ petit v

    Un berlinois centre, Gekas est hors-jeu à ce moment-là, mais ne peut réceptionner le centre. Le défenseur central de Dortmund remet de la tête à son gardien, Gekas intercepte et marque.
    Il ne doit pas être considéré comme hors-jeu, car le coup de tête du défenseur ouvre une nouvelle scène de jeu…

    … du coup, ils sont pas très contents du côté de l’Olympiastadion… Bah tant pis… Fallait pas viré Lulu, moi j’dis…

    LG

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