Bundesliga 2009-2010 : bilan, partie III

La troisième partie du bilan de cette Bundesliga 2009-2010 aborde les fiascos monumentaux de Wolfsburg et Hambourg, la remontée fantastique de VfB Stuttgart et la résurrection du Borussia Dortmund.

VfL Wolfsburg (8e, 50 points)

Champion d’Allemagne en 2009, huitième et privé de toute compétition européenne douze mois plus tard en étant pourtant parvenu à conserver tous les héros du titre et même à renforcer l’effectif, la dégringolade de Wolfsburg est plus que spectaculaire. Et ce ne sont pas les éliminations prématurées en Ligue des Champions puis en Europa League qui vont enjoliver ce bilan bien terne. La première raison de cette chute est bien entendu le départ du magicien Felix Magath. Ni Armin Veh, viré fin janvier, ni son successeur Lorenz-Günther Köstner ne parviendront à tirer la quintessence de l’effectif des Wölfe comme l’avait si bien fait Magath. De très nombreux joueurs, de Barzagli à Grafite, sont restés bien en deçà de leurs performances de la saison précédente et le collectif du VfL n’a jamais retrouvé la même efficacité qu’en 2008-2009. Outre le changement d’entraîneur, une certaine lassitude avec un contingent sans doute pas assez renouvelé, le contrecoup d’un 2e tour 08-09 démentiel et un statut de champion sortant lourd à porter expliquent également cette descente aux enfers. Si après le titre l’an dernier, les dirigeants de Wolfsburg étaient parvenus à conserver tous les cadres de l’équipe, de nombreux départs sont à prévoir cet été. La fin d’un cycle du côté d’Autostadt.
Top-Spieler : Edin Dzeko
Edin Dzeko avait émis le désir de quitter Wolfsburg (pour l’AC Milan ou l’Angleterre) après une saison 2008-2009 stratosphérique, il était finalement resté à l’insu de son plein gré. Il a un peu traîné son spleen en début de saison, avant de recommencer à aligner les buts comme un métronome pour s’adjuger le titre de meilleur buteur de Bundesliga qui lui avait été soufflé par son coéquipier Grafite la saison passée. Avec notamment un total hallucinant de 15 buts en 17 matchs au 2e tour dans une équipe à la dérive, ça montre qu’il fait bien partie des meilleurs attaquants européens actuels. Le Bosniaque aura l’occasion de le prouver dès la saison prochaine mais pas à Wolfsburg : le Real Madrid, l’AC Milan, le Bayern Munich, Tottenham, Liverpool et les deux clubs de Manchester seraient sur les rangs, rien que ça !

Flop-Spieler : Karim Ziani
Quant un club passe de champion d’Allemagne à la 8e place en ayant conservé tous les héros du titre et en plus acquis quelques renforts, les renforts en question (Martins, Ziani et Kahlenberg) n’ont pas bonne mine. Karim Ziani a pourtant eu sa chance en début de saison mais il n’est pas parvenu à la saisir, se retrouvant rapidement relégué sur le banc. Et servant aussi un peu, à l’instar de Martins et Kahlenberg, de bouc émissaire pour les mauvais résultats du club. C’est sûr que pour un joueur un peu indolent qui restait sur un échec à Marseille, aller dans un championnat de calibre supérieur où la combativité est une vertu cardinale n’était pas la meilleure solution pour rebondir. A priori, son avenir n’est pas en Allemagne.
La révélation : Marvin Hitz
Troisième gardien du club, Marvin Hitz ne devait pas jouer mais la blessure du titulaire Benaglio et les absences du remplaçant Lenz lui ont donné sa chance. Le jeune gardien suisse (22 ans) s’en est plutôt bien tiré, avec un bilan (Bundesliga et Europa League), de 6 victoires 2 nuls, 1 défaite. Cinq buts encaissés contre Berlin et quelques hésitations contre Kazan ont toutefois montré qu’il n’était pas encore tout à fait mûr pour une place de titulaire en Bundesliga. Plutôt que de patienter derrière l’intouchable Benaglio, il serait peut-être inspiré d’aller dans un club un peu moins huppé pour avoir du temps de jeu. 

SV Hambourg (7e, 52 points)

Cette saison, le SV Hambourg avait sans doute la meilleure équipe de la ligue sur le papier après le Bayern Munich, le retrouver en 7e position et éjecté de toutes compétitions européennes a donc des allures de monumental fiasco. Pourtant, tout avait commencé comme dans un rêve pour les Rothosen : en début de saison, le HSV alignait les succès convaincants en dominant tous les ténors de la saison précédente, Wolfsburg, Bayern, Stuttgart, Berlin et Dortmund. Mais les blessures de Petric, Guerrero et Zé Roberto, qui avaient survolé le début de saison, ont sérieusement freiné l’envol du HSV, qui a terminé assez difficilement son 1er tour, tout en gardant le contact avec la tête du classement. On pensait qu’avec le retour des blessés et l’arrivée de Van Nistelrooy, Hambourg pourrait jouer le titre au 2e tour. C’est alors qu’entre en scène l’entraîneur Bruno Labbadia qui, comme avec ces deux clubs précédents, Fürth et Leverkusen, a vu son équipe s’effondrer au 2e tour.
Elia blessé,  Petric et Zé Roberto hors de forme, Guerrero en mode lanceur de gourde, dissensions entre entraîneur et équipe, rumeurs d’escapades nocturnes…, le deuxième tour des Rothosen n’a été qu’une longue descente aux enfers. Rapidement largué en championnat, le HSV a tout misé sur l’Europa League dont la finale se jouait à Hambourg mais, malgré le licenciement (beaucoup trop tardif) de Labbadia, a échoué en ½ finale à Fulham alors que la finale lui tendait les bras. De quoi consacrer l’échec total d’un club qui a tout raté cette saison alors qu’il semblait avoir tout pour réussir.
Top-Spieler : Ruud Van Nistelrooy
Rigueurs du système fiscal et modestie des droits TV obligent, les stars du foot mondial sont plutôt rares en Bundesliga. Alors quand l’un des tous meilleurs attaquants du monde de ces dix dernières années, fut-il un peu vieillissant, débarque en Allemagne, c’est l’événement. Ruud Van Nistelrooy n’a que partiellement justifié sa flatteuse réputation. Pourtant, tout avait bien commencé avec deux buts en 25 petites minutes de jeu à Stuttgart pour sa première vraie apparition en Bundesliga. La suite fut un peu plus laborieuse, il faut dire qu’entre son manque de compétition, les résultats pourris de ce 2e tour au HSV et un entraîneur qui l’a beaucoup ménagé, le contexte n’était pas des plus favorables. Ceci dit, avec 5 buts (dont une reprise de malade à Brême lors de l’ultime journée) en 429 minutes de jeu, sa moyenne reste défendable. Je prends le pari : la saison prochaine, avec un HSV plus fringant (quoique, Armin Veh, je ne suis pas convaincu…) et plus de compétition, il va claquer plus de 20 buts.

Flop-Spieler : David Rozehnal
Avec sa longue expérience acquise au PSG, à Newcastle et à la Lazio, David Rozehnal devait stabiliser la défense du HSV, il en a été bien loin. Jamais il n’a paru trouver une quelconque complémentarité avec l’inamovible patron de la défense hambourgeoise, Joris Mathijsen. Et on savait que la mobilité n’était pas le point fort du Tchèque mais il n’a jamais compensé par son sens du placement ou son intransigeance dans le jeu aérien. Bref, une erreur de casting.
La révélation : Eljero Elia
Arrivé  en début de saison de Twente, Eljero Elia a sans doute été le joueur le plus créatif et le plus spectaculaire de Bundesliga au 1er tour. Ses dribbles et ses courses ont fait le délice du Volksparkstadion ; tout au plus pouvait-on lui reprocher un petit manque d’efficacité devant le but. A l’image de son équipe, son 2e tour sera beaucoup moins convaincant, entre blessures et nonchalance. S’il en a profité pour recharger ses batteries, il pourrait être l’une des révélations du prochain mondial avec son équipe de Hollande, dont il constitue incontestablement, à 23 ans, l’une des étoiles montantes.

VfB Stuttgart (6e, 55 points, Europa League)

Quel est l’entraîneur qui a réussi la meilleure moyenne de points par match en Bundesliga cette saison ? Louis Van Gaal, Felix Magath ? Non, Christian Gross ! Lorsque l’entraîneur suisse a repris le VfB Stuttgart au soir de la 15e journée, le club figurait à la 16e place, en position de barragiste, avec douze longueurs de retard sur l’Europe. Dix-neuf journées plus tard, Stuttgart était sixième et qualifié pour l’Europa League grâce à une moyenne de 2.26 points/match depuis l’arrivée de Christian Gross. Le Bayern Munich a été champion avec 2.05 points/match… L’an passé, l’entraîneur Markus Babbel avait réussi une remontée similaire mais cette saison l’ancien joueur du Bayern, trop souvent absent des entraînements en raison de cours d’entraîneur à Cologne, n’a jamais réussi à lancer le VfB et à digérer le départ de Mario Gomez, d’où son licenciement.

Malgré  l’immense déception constituée par les renforts vedettes de l’entre-saison, Hleb et Pogrebnyak, Christian Gross est parvenu, avec le même jeu simple et efficace qu’à Bâle, à redonner une âme à ce VfB Stuttgart en perdition. Partir d’aussi loin et finir européen constitue incontestablement l’un des exploits de l’année en Allemagne. Cerise sur le gâteau, les Souabes sont parvenus à arracher une qualification qui semblait bien compromise pour les huitièmes de finale de la C1, où ils ont sérieusement fait vaciller Barcelone durant la 1ère mi-temps du match aller. 
Top-Spieler : Jeronimo Cacau
Cacau a longtemps traîné son spleen sur le banc, barré par le duo Marica-Pogrebnyak, voir même par le jeune Schieber, avec une seule idée en tête : quitter Stuttgart. Mais l’une ou l’autre blessure lui redonneront sa chance qu’il saisira avec un retentissant quadruplé à Cologne ! Depuis lors, l’attaquant s’est affirmé comme le leader de l’attaque souabe, alignant régulièrement les buts. Du coup, il a prolongé son contrat jusqu’en 2013. Brésilien ayant acquis la nationalité allemande, il s’apprête à disputer la Coupe du monde avec la Nationalmannschaft où il peut sérieusement envisager une place de titulaire. Pas mal pour un joueur qui était encore au fond du trou il y a quatre mois.
Flop-Spieler : Aljaksandr Hleb
Après une saison 2008-2009 ratée à Barcelone, Aljaksandr Hleb a estimé  que revenir dans le club qui l’avait révélé était préférable pour relancer sa carrière que d’intégrer la pochette surprise en échange d’Ibrahimovic. Le calcul s’est avéré erroné car le Biélorusse a été transparent tout au long de la saison. Sans idée, sans vitesse, maladroit devant le but, Hleb n’a sans doute dû qu’à statut et son salaire de conserver une place de titulaire durant presque toute la saison. Il y a bien eu un léger mieux après l’arrivée de Christian Gross mais c’est resté largement insuffisant pour un joueur de ce standing. Indubitablement, l’un des gros flops de la saison en Bundesliga.
La révélation : Timo Gebhart
C’est une tradition, chaque saison ou presque le VfB intègre quelques jeunes et n’hésite pas à leur donner du temps de jeu. Timo Gebhart avait déjà fait quelques apparitions fugaces en Bundesliga et s’était souvent illustré dans les diverses équipes nationales juniors, cette saison il a gagné ses galons de titulaire. Ce qui n’est pas un mince exploit car le contingent souabe était plutôt fourni dans l’entrejeu mais le jeune milieu de terrain allemand a su pousser des joueurs plus chevronnés comme Hilbert ou Khedira sur le banc, voir même vers la porte de sortie, à l’instar d’Hitzlsperger, Elson, Simak ou Bastürk.

Borussia Dortmund (5e, 57 points, Europa League)

L’année du centenaire aura marqué la renaissance du Borussia Dortmund, qui termine dans les cinq premiers du classement pour la première fois depuis la saison 2002-2003. Au final, il peut y avoir quelques regrets d’avoir manqué la Ligue des Champions, eu égard à la cascade de blessure qui a accablé le club durant toute la saison, à quelques points bêtement perdus contre des adversaires abordables et à certaines erreurs d’arbitrage lors des chocs contre le Bayern et Schalke. Néanmoins, force est de constater qu’en alignant régulièrement six titulaires de moins de 23 ans, l’équipe manquait d’expérience et que son fond de jeu n’était pas transcendant, le BVB s’étant souvent montré emprunté lorsqu’il devait prendre le match à son compte contre un adversaire modeste. C’est surtout à l’enthousiasme et à l’émotion que Dortmund est allé chercher sa qualification européenne.
C’était d’ailleurs mal parti et le spectre d’une nouvelle saison dans le ventre mou du classement planait encore sur le Westfalenstadion en octobre. Mais le passage de 4-4-2 au 4-2-3-1, dicté par une longue série de blessures, a permis de donner une nouvelle dynamique et a révélé une génération extrêmement prometteuse, celle des Schmelzer (22 ans), Subotic, Hummels, Sahin, Bender et autres Grosskreutz (tous 21 ans), dans le sillage d’un entraîneur charismatique, Jürgen Klopp. L’enthousiasme des meilleurs fans du monde a fait le reste dans une incroyable communion entre supporters et joueurs pour un club qui se redécouvre un avenir après des années perdues à éponger les dettes du passé.
Top-Spieler : Lucas Barrios
Le départ d’Alex Frei avait suscité les pires craintes du côté du meilleur stade du monde mais les dirigeants dortmundois ont su utiliser intelligemment l’indemnité de transfert versée par le FC Bâle. Malgré un titre officieux de meilleur buteur mondial 2008, Lucas Barrios n’avait pas attiré l’attention des clubs les plus fortunés du continent en raison d’un profil et d’un parcours atypiques. Après quelques temps d’adaptation, il s’avèrera que le BVB a touché le gros lot avec la Pantera : son sens du but hors du commun, son âme de guerrier et son amour du maillot déclamé sur tous les tons en ont rapidement fait l’idole de la Südtribüne. Avec 19 buts sans tirer ni penalty ni coup-franc et pour une découverte du foot européen, Lucas Barrios, Argentin d’origine mais qui jouera la Coupe du Monde avec le Paraguay (la nationalité de sa mère), est unanimement considéré comme le meilleur attaquant à porter le maillot du BVB depuis un certain Stéphane Chapuisat. Puisse t’il connaître les mêmes succès à Dortmund…

Flop-Spieler : Felipe Santana
Présenté comme un crack à son arrivée en 2008, Felipe Santana n’a jamais confirmé sa flatteuse réputation. L’affirmation du duo Hummels – Subotic l’a relégué sur le banc des remplaçants et lorsque l’une ou l’autre absence lui ont permis de jouer, cela a généralement coïncidé avec les naufrages subis par la défense dortmundoise cette saison. S’il a tout de même réussi quelques performances honorables, il est trop inconstant et trop laxiste au marquage pour prétendre à une place de titulaire dans un club qui vise le haut du tableau. Du coup, on va prier pour que le Real, Manchester et autres Arsenal n’aient pas la funeste idée de payer les vingt et quelques millions d’euros exigés par le BVB pour le transfert de Neven Subotic.
La révélation : Sven Bender
Il y a eu beaucoup de révélations dans ce BVB 2009-2010 mais celle de Sven Bender est la plus inattendue. Lorsqu’il avait débarqué l’été dernier en provenance de Munich 1860, le frère jumeau de Lars (Leverkusen) semblait voué au banc de touche, tant le contingent du BVB semblait fourni en milieux axiaux. Mais les blessures de Tinga, Kehl et Hajnal, ainsi que le passage du 4-4-2 au 4-2-3-1 lui ont offert une place de titulaire qu’il ne quittera plus, sauf lorsqu’il se blessera à son tour. Sobre et efficace défensivement, doté d’une remarquable première passe et d’une bonne frappe, capable de porter le surnombre en attaque, Lars Bender s’est affirmé comme un rouage essentiel du dispositif dortmundois. L’une des promesses qui laissent croire à des lendemains qui chantent au Westfalenstadion.

Écrit par Julien Mouquin

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