Italians do it better… Mais pas toujours

Le triomphe de l’Italie à la Coupe du Monde 2006 marquait la consécration d’une génération dorée. Quatre ans plus tard, à l’heure de défendre son titre, la Squadra affiche une mine plutôt triste et peine à faire rêver ses tifosi.

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ? Bien sûr, il y a la réponse banale «je suis Italien»… Bon, mais vu qu’il n’y a pas trop de quoi la ramener avec ça ces derniers temps (que ce soit au niveau football ou autre), je vais la jouer plus fin : parce que gamin, un soir d’été de 1990, je découvrais mon amour pour le foot après avoir vu et revu Roberto Baggio se fumer cinq joueurs tchécoslovaques avant d’aller crucifier le gardien adverse. Pour la première fois aussi, je regardais en entier un match avec mon père, dans les yeux duquel je ressentais une émotion proche de celle qu’il m’a souvent décrite quand il me parlait de «la magie de 1982». J’en vois déjà qui se moquent au fond de la salle, mais les filles aiment bien, alors désolé…
2) A quoi sert ce pays ?
A démontrer que tout est possible. Quand tu pars de Dante, Michelange, en passant par Léonard de Vinci, Umberto Eco ou Ettore Scola, et que tu aboutis à Silvio Berlusconi Président du Conseil ou Simone Pepe au Mondial, alors oui, tout est possible. Y compris gagner deux Coupes du Monde de suite…
3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
A l’ancienne, sans jamais forcer leur talent, mais sans jamais non plus rassurer. Il aura suffi à l’Italie de faire valoir sa supériorité en termes d’effectif pour venir à bout d’un groupe composé de l’Irlande (2 millions de moutons et 14 footballeurs), la Bulgarie, la Géorgie (là c’est vrai que c’était pas facile, fallait trouver un créneau dans l’agenda pour jouer le match entre deux coups d’état), le Monténégro (on sait très bien que ce nom de pays n’existe pas) et Chypre (…). Il faut relever que sur les quatre matches joués face à l’Irlande et la Bulgarie (respectivement 2e et 3e au classement final), les hommes de Lippi ne se sont imposés qu’une seule fois, laissant le soin à leurs adversaires de se bouffer des points parmi, et ouvrir ainsi les portes du Mondial à la Squadra.

4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Maradona aligne Milito milieu défensif pour palier à l’absence de Cambiasso. Les milieux de terrain espagnols, en pleine crise de puberté, attrapent la mononucléose. Capello avoue au Sun sa liaison avec la femme de John Terry. Dunga est remplacé par Carlos Mozer aux commandes de la Seleçao, lequel blesse Grafite d’un tacle appuyé à l’entraînement et ordonne à Ronaldinho de rentrer immédiatement de ses vacances à Phuket pour intégrer les 23. L’Italie passe le premier tour à la différence de buts, et met ainsi un coup de massue au moral de ses adversaires, qui comprennent que l’Italie ira en finale et abandonnent la compétition.
 
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Justement, on peut voir une série de raisons… Sur la base de ce qu’elle a montré durant son parcours, mais surtout durant la Coupe des Confédérations l’an dernier, l’Italie ne peut décemment pas prétendre au rang de favori à sa propre succession. A vouloir s’entêter avec des joueurs objectivement au bout du rouleau (Cannavaro, Zambrotta…), Lippi a non seulement ralenti voire empêché l’intégration de nouveaux joueurs à la sélection, mais a également compromis les chances de succès italien en Afrique du Sud. De plus, le vieux Marcello a tout au long des deux dernières années fait confiance à des Grosso ou Legrottaglie, là aussi des joueurs qui n’ont tout simplement plus le niveau, pour finir par ne pas les convoquer pour la Coupe du Monde ! Alors moi j’applaudis des deux mains, mais même Köbi Kuhn aurait compris qu’il fallait faire ce choix bien avant, et permettre ainsi aux nouveaux de prendre de la bouteille durant la phase de qualification. Bref, on a l’impression qu’une certaine confusion règne, en plus de choix plus que discutables. Certaines des exclusions étant exclusivement dues à des antipathies personnelles de Lippi (Cassano, Miccoli…), d’autres à l’éternel argument qui n’existe qu’en Italie : «il est trop jeune» (Balotelli). Enfin, de là à parler d’élimination au premier tour, il y a peut-être comme une légère exagération, mais si c’est pour passer à la raclette contre la Slovaquie pour aller s’en faire mettre quatre par les Pays-Bas en 8èmes, force est d’admettre que ça vaut la peine d’y réfléchir.
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Perso, j’ai toujours eu l’habitude de me raccrocher à un certain type de joueur avant le début d’une Coupe du Monde : Baggio, Giannini, Zola, Del Piero, Totti… Des mecs qui, d’une manière ou d’une autre, entretiennent cet espoir que la lumière peut arriver à n’importe quel moment. Pour le coup, si on veut vraiment parler de lumière, les Quagliarella ou autres Iaquinta ont plus la tête des dépanneurs du coin que des pourvoyeurs de rêve… Citons donc deux jeunes convoqués, qui semblent se démarquer (contrairement à Iaquinta sur un terrain) : le défenseur central Leonardo Bonucci et Claudio Marchisio.

7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
On ne se moque pas des personnes âgées, on leur laisse sa place dans le bus.
8) Une bonne raison de les supporter ?
Philippe von Burg qui commente une victoire de l’équipe d’Italie est un plaisir sadique dont on ne saurait se priver. De plus, Materazzi n’est pas convoqué.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Silvio Berlusconi en tribune d’honneur qui chante, le buste bombé et le menton en avant, l’hymne italien à tue-tête est sincèrement l’un des moments les plus indigestes qu’une télévision puisse offrir à ses téléspectateurs.
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Spaghetti all’amatriciana
Ingrédients (pour 2-3 personnes) :
– 300 g de spaghetti
– 250 g de lardons fumés ou de la poitrine de porc fumée coupée en cubes
– 4 tomates fraîches ou une boîte 4/4 de tomates pelées au jus
– 1 gros oignon
– 4 cuilléres à soupe d’huile d’olive
– 1 piment oiseau ou 1 cuillère à café de piment de cayenne
– 1 feuille de laurier
Éplucher, épépiner les tomates, en faire une concassée.
Dans une sauteuse faire revenir les lardons, l’oignon haché fin dans l’huile chaude, Quand les lardons sont dorés, rajouter les tomates, le piment et le laurier ; laisser mijoter le temps de la cuisson des pâtes.
Faire cuire les spaghetti «al dente» dans l’eau bouillante salée, égoutter et verser dans la sauteuse.
Bien mélanger et servir immédiatement. Selon le goût on peut rajouter du pecorino râpé.

Écrit par Maurizio Colella

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13 Commentaires

  1. t’as bien analyser tout ca :

    une sélection de merde sans artistes.

    Fuck Lippi, même si il nous a donné une CM, je comprend pas pourquois il est revenu…

    Cassano-Balotelli-Miccoli (lui devrait y être depuis longtemps)

    Et ce match à Genève : f a b u l e u x
    on a pas eut droit au traditionnel 0-0, faut apprécier…

  2. Enfin j’espère que ça ira mieux avec Prandelli…

    enfin quoique l’année prochaine Cassano ne sera pas sélectionné car devenu trop vieux et que Balotelli sera encore trop… heu… « jeune » au yeux des italiens pour les 10 années à venir (suffit d’aller une fois dans le bar de la juve pour constater à quel point y’a encore des progrès à faire au niveau ouverture d’esprit chez les italiens)

  3. Génial ! Vraiment génial !!! Je te félicite Maurizio Collela. Tu as fait preuve de 100% d’objectivité en décrivant la situation actuelle de ton équipe nationale.
    Cependant, je suis persuadé qu’elle passera facilement le 1er tour, ainsi que les huitièmes. En revanche, en quarts, les azzuri pourraient se retrouver face à l’Espagne…et là…

  4. Ah vouiiii superbe la recette !
    Attention, à Rome, ça ne se mange que le vendredi!

    Par contre pas bien compris le passage sur l’Irlande « 2 millions de moutons et 14 footballeurs » ??

    Ma… sinon bon article…je les vois arriver aisément en quart de finale.

  5. Excellent article comme toujours dans ces présentations d’équipe !
    Sinon, moi personnellement, je les vois bien éliminer le Danemark ou le Cameroun (faut pas rêver non plus) en huitième, et se prendre un bon rouleau contre les Pays-Bas en quart..
    Finale Argentina ( ou Angleterre..) – España !

  6. Donc si j’ai bien compris, la finalité c’est que Maurizio nous invite à manger ses Spaghetti all’amatriciana pour la finale?

  7. Rigolo, normal que ça plaise à tout le monde,
    il n’y a quasiment que des points négatifs,
    le même genre de propos ont été fait avant 2006, on connait la suite

  8. Parfait, une analyse très objective de l’Italie en foot et aussi un peu l’Italie à coté… ah ah…

    Je suis content de voir que des originaires Italiens peuvent aussi faire preuve d’une dérision bien pesée et très bonne à lire sur leur pays d’origine!

    Cooooooool…

  9. Hier au Stade de Genève, autour de moi, il y avait des italiens qui faisaient des bruits de singe quand N’Kufo ou Fernandez avait la balle…

    Un peu triste tout de même

  10. Moi j’étais dans un bar de vieux helvètes et j’ai entendu que des ritals, pium etc…

    Et m^me les traditionnels -> N’Kufo il est originaire de où ??? de la vallééééé machin truc Ahahahah…

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