Voilà la montagne, la vraie !

Enfin nous y voilà ! Ce n’est certes qu’un avant-goût de ce que l’on va connaître dans les Pyrénées, mais les Alpes présentent tout de même un menu copieux. Distancés au général, mes coureurs devraient pouvoir en profiter pour obtenir des bons de sorties…

Je vous avais parlé l’autre jour de l’A.U.T. de notre sprinter Mauro Mavazi à la suite de sa piqûre de guêpe, non ? Et bien je m’en suis donné à coeur joie. Avec ce blanc-seing de l’Agence mondiale anti-dopage, j’ai testé un cocktail inédit sur notre sprinter italien. On ne sait jamais, s’il arrive à prendre douze minutes d’avance avant la dernière montée, peut-être qu’il aura une chance de s’imposer sur les hauteurs de Morzine-Avoriaz. En fait, j’ai juste abusé un tout petit peu.En plus, Mauro il connaît bien cette montée. Nous nous entraînons très souvent dans cette station alpine, où nous faisons des stages de pré-saison et où nous planquons notre capsule hyperbare qui nous permet de simuler une altitude de 8200 mètres. Ça c’est Bjarne Gianetti le directeur sportif qui voulait le faire, pourtant je lui ai expliqué qu’on ferait jamais l’Everest à vélo… M’enfin, il se croit perfectionniste. C’est également ici, dans un appartement acheté au nom d’un vieil Hollandais désormais décédé qui nous sert d’écran de fumée, que nous venons de temps en temps changer le sang de nos athlètes avant les grandes compétitions.

Futur directeur sportif

Bref, pour ce bon Mauro, j’y suis allé fort. Un peu de tout histoire d’être sûr que ça l’aide. De toute façon, il était déjà tellement chargé dès le départ que s’il se faisait choper c’était pas bien grave. Il a déjà été suspendu par le passé et s’il repasse par la case CONI (comité olympique national italien, des potes de Bjarne) et bien il fera comme les autres : il deviendra directeur-sportif. Bref, j’y suis allé au shaker, parce qu’on a pas de gros moyens. Un peu de CERA, un soupçon de testostérone, un brin de cocaïne, le tout mélangé avec du jus d’ananas parce que ça donne bon goût, un peu de vodka pour la forme, et va gamin !
Au km 0, le Mavazi il avait presque de la fumée qui lui sortait des oreilles. On lui a conseillé de mettre ses lunettes de soleil, parce qu’il avait la paupière luxuriante et ça aurait éveillé les soupçons… Quand il a attaqué dès que Christian Prudhomme il a baissé son drapeau, personne ne l’a vu partir. Même les Français habitué à l’exploit solitaire inutile, ils n’y ont vu que du feu. Après dix kilomètres, il avait déjà huit minutes d’avance sur le gros de la troupe et ça allait en augmentant. C’est là que j’ai commencé à me dire qu’il y était allé un peu fort.

Creys-Malville

Bien vite, il a fumé les motards de la gendarmerie qui ouvraient la route. Un spécialiste y est d’ailleurs allé le lendemain de sa prose dans le journal «Le Monde» (comme d’habitude) et il en est arrivée à cette conclusion : il paraît que Mauro développait une puissance de près de 600’000 watts lors du premier col de la journée. Ca vaut environ 1’500 Cancellara à son maximum quand il a largué Boonen au Tour des Flandres. Si on l’avait branché à une dynamo, il aurait pu éclairer la ville de Berne pendant deux jours, paraît-il. On l’a même comparé dans «L’Equipe» à la centrale nucléaire de Creys-Malville du temps de sa splendeur. Pire, dans «Le Temps», ils ont dit que si cette énergie avait été vendue en Yens sur le marché asiatique, ils auraient pu finir le Stade de la Praille. Mais là j’y crois un peu moins.
Arrivé à Morzine-Avoriaz avec une heure d’avance sur la caravane publicitaire, il a malheureusement été mis hors-course par les commissaires. Plutôt que de la faire passer au contrôle anti-dopage, sa course était tellement louche qu’ils l’ont simplement passé au scanner que l’UCI venait d’acheter pour détecter les moteurs dans les vélos. Faut bien qu’il serve ce truc et bien ils n’ont pas été déçus ! Le bilan a été sans appel : l’ustensile de la Fédération ayant brillé dans le noir pendant deux jours à la suite de ce contrôle… C’est dommage, c’était plutôt bien tenté. En plus, du coup, il avait repris le maillot jaune avec plus de vingt minutes d’avance sur Cadel Evans !

Le précédent Jalabert

Le lendemain, après cet immense fiasco, on s’est fait un peu plus discret dans le Col de la Madeleine. Ben ouais quoi, ils sont un peu tendus à ASO, les organisateurs de l’épreuve. Bon, c’est vrai qu’ils avaient interdit de départ plusieurs coureurs du côté de Strasbourg il y a quelques années, mais quand je vois que pour l’édition 2010, il y a Basso, Vinokourov et compagnie au départ, qu’ils nous embêtent pas pour un sprinter qui gagne en montagne ! Laurent Jalabert a bien été maillot à pois plusieurs fois et Jérôme Pineau porte cette tunique actuellement…
C’est ce que j’ai dit aux vilains médias français quand ils sont venus m’attendre devant l’hôtel de l’équipe au soir de la deuxième vraie étape des Alpes. Vous savez comment ils sont les journaux là-bas… Quand c’est un Français qui gagne, c’est le 14 juillet tous les jours, mais dès qu’un autre type l’emporte alors que leurs compatriotes ont passé la journée à l’avant à se relayer bêtement, ils deviennent nerveux. En plus je sais pas pourquoi ils nous cherchent, ils en ont gagné plein cette année et nous on leur a rien dit. Mais j’ai remarqué que dès que je prononce le nom «Jalabert», ils nous laissent tranquille !
La prochaine fois, je dirais à Bjarne de faire ça devant l’UCI quand ils voudront nous contrôler. Mais en encore plus pervers, je leur balancerai : «Armstrong». Et là, on devrait être tranquille pour un moment.

Écrit par Iñigo Sorensen Montoya

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1 Commentaire

  1. Enorme!!! Mauro Vanazzi, c’est la classe!
    Le meilleur papier jusque là, en attendant le casque à piques pour le sprinter de l’équipe pour faire meiux que Renshaw hier…
    Encore Bravo

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