Ich bin ein Berliner !

CartonRouge.ch a assisté pour vous à un match de 2. Bundesliga : une expérience inoubliable, dans une ville unique au monde. Récit !

Avant le match

Lorsque vous vous rendez dans une des villes les plus déjantées de la planète pour aller voir un modeste Hertha Berlin – Energie Cottbus, qui a lieu de surcroît un lundi soir, vous n’avez pas le choix : il faut vous y rendre au moins trois jours à l’avance. Non pas pour être assuré d’avoir des places – on n’est pas à Dortmund – mais bien pour profiter des charmes d’une cité qu’on ne présente plus. Berlin ! Sa magie, son histoire, sa vie nocturne… On a beau l’avoir vue maintes fois, l’impact reste à chaque fois le même, comme une réussite de Messi. Si j’avais découvert cette ville plus tôt, peut-être même que j’aurais appris l’allemand de manière un peu plus appliquée, il y a quelques années !

Après une visite obligatoire au Berghain pour bien commencer le séjour, le constat est toutefois affligeant : ce qu’il manque dans cette ville, c’est une vraie équipe de foot. Le Hertha BSC, club phare de la capitale, présente en effet un palmarès bien pauvre (deux titres nationaux seulement) et jouit d’une popularité toute relative dans le reste du pays ; pire, il s’est fait reléguer de l’élite la saison passée et végète actuellement en 2. Bundesliga. Le long des rues berlinoises, pas d’écharpes ni de drapeaux bleus et blancs (mais quelques-uns rouges et blancs, à la gloire du FC Union Berlin, également en 2. Bundesliga), pas de ferveur footballistique apparente. Un comble pour un pays où ce sport est roi.
C’est donc sceptique telle une fosse que je me rends finalement à l’Olympiastadion, antre du Hertha, accompagné de deux courageux comparses. Car du courage, il en faut en ce lundi soir : une température avoisinant les -10°, un vent glacial tournoyant inlassablement à l’intérieur de l’enceinte, et une affiche qui, disons-le clairement, m’en touche une sans faire bouger l’autre. Il s’agit pourtant d’un derby (il paraît), que Cottbus n’a d’ailleurs plus perdu depuis 2003. Reste à aller voir ça de plus près…

Le match

Pour quelqu’un comme moi dont l’éducation et la culture footballistiques reposent presque uniquement sur la Liga espagnole, il s’agit non seulement d’un baptême du feu, mais également d’un choc des cultures : en matière de foot, en effet, l’Allemagne est à l’Espagne ce que la bière est à la sangria, ce que les saucisses sont aux pipas, ce que l’animal est à l’homme. Et pourtant, malgré des préjugés peu élogieux à l’égard de ceux-qui-parlent-la-même-langue-que-ceux-d’outre-Sarine, je dois reconnaître que l’atmosphère qui règne aux abords du stade juste avant la rencontre est mémorable : une odeur de bière qui semble presque émaner du bitume, des colosses à moitié nus hurlant à la gloire du Hertha (ou à la mort de Cottbus, c’est selon), et surtout du bleu et du blanc un peu partout. Berlin aurait donc une équipe, au sens populaire du terme ?

En entrant dans le stade, ma surprise se confirme : on est certes un lundi soir, en 2. Bundesliga et dans un froid sibérien, et pourtant ils ne sont pas moins de… 40’000 spectateurs à s’être retrouvés pour assister à ce prétendu choc ! Même les supporters de Cottbus sont franchement nombreux (voir la photo ci-dessus). Je vous laisse imaginer, dans un contexte similaire, combien de personnes aurait réuni n’importe quel club de Suisse, voire même d’Espagne… Au niveau de l’ambiance, là aussi, la différence avec des Ibères qui vont au match comme au théâtre est cinglante : ça chante, ça sautille, ça bouge, c’est énorme (voir la vidéo en fin d’article) ! Un de mes deux accompagnants, habitué des lieux, me lance des regards amusés : «eh ouais mec, bienvenue en Allemagne !» Non, franchement, ce n’est pas la Bombonera mais ça reste impressionnant. Je vous ai d’ailleurs retenu un air que j’ai trouvé particulièrement harmonieux : «Hier kommt Hertha, scheisst euch in die Hosen, wir stehen ganz oben, und wir steigen wieder auf» (ce qui signifie à peu près : «Voici le Hertha, déféquez dans vos pantalons, nous restons au sommet, et nous jouons la promotion») !
Si l’environnement est bluffant, le match en lui-même atteint une nullité inégalée et inégalable. Le Hertha est pourtant leader du championnat, et Cottbus dans la première moitié du classement, mais à ce niveau on comprend mieux pourquoi les clubs allemands ne gagnent plus grand-chose depuis quelques années. Quelle catastrophe ! Une sorte de kick and rush incessant, agrémenté d’imprécisions et de mésententes qui ont au moins le mérite d’être souvent drôles. Lorsqu’une des deux équipes tente naïvement de poser le jeu, le public la rappelle sévèrement à l’ordre par une bronca impatiente. Ici, la passe à dix, non merci ! Après chaque but berlinois, toutefois, une petite musique schlager est là pour nous remonter gentiment le moral et nous rappeler les fondements du football allemand : le résultat et l’ambiance d’abord, le style ensuite.

Après le match

A la sortie des gradins, surprise : aucune boisson alcoolisée n’est vendue dans l’enceinte du stade. Ça alors ! Et ils carburent à quoi, ces tarés dénudés qui gueulent depuis deux heures dans une langue barbare ? Il faut croire que la passion existe aussi dans ce coin du pays. Qu’à cela ne tienne, on se réchauffe avec un Stadion Punch (alkoholfrei) et une légendaire currywurst, que je ne suis toujours pas certain d’avoir digérée à ce jour.
Le retour en métro se passe dans le calme. Au fil des arrêts, les couleurs du Hertha sont de moins en moins présentes, pour finir par complètement s’évaporer dans l’immensité de la ville. Retour sur terre. Si j’ai découvert que le football existait bel et bien à Berlin, il reste tout de même du travail – et une promotion – pour qu’il s’implante dans les mœurs de manière plus ancrée. Je me promets par contre de retourner voir un match en Allemagne, le plus vite possible d’ailleurs, car l’expérience m’a énormément plu. Je la recommande d’ailleurs à quiconque !
Le score… ? Ah oui ! Il y a eu 2-2. Le Hertha est toujours leader, et semble bien parti pour retrouver l’élite la saison prochaine. On ne demande que ça.

Hertha BSC Berlin – FC Energie Cottbus 2-2 (2-2)

Olympiastadion, 40’134 spectateurs.
Buts : 16e Lasogga (1-0), 26e Adlung (1-1), 35e Hünemeier (1-2), 40e Hubnik (2-2).

Écrit par Raphi Stollé

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7 Commentaires

  1. Ich würde noch mehr sagen: « Du bist ein Herthaner! » 😉
    Ce d’autant plus que, malgré un manque de motivation avoué pour apprendre la langue de Goethe, les paroles des Harlekins n’ont plus de secret pour toi.
    En tout cas, ça donne envie d’y goûter (non, pas la Currywurst) et de revoir au plus vite le Hertha à sa place: en 1. Bundesliga.

    HA HO HE HERTHA BSC!!!

    Et parce qu’on ne s’en lasse pas: http://www.youtube.com/watch?v=IU4oZWtd3sU

  2. Un article qui encense l’ambiance des stades allemands et égratigne les mausolées espagnols…
    Julien Mouquin, sors de ce corps!

  3. euh non, j’aurai quand même hurlé au scandale à cause de l’absence d’alcool pour le Berlin-Brandenburg-Derby et profité de l’occasion pour insister lourdement sur le fait que Berlin, à l’instar de Munich, n’est pas une ville de foot et en plus Hoffenheim c’est nul 😉

  4. Jolie la photo du Berghain (ou Panorama, jamais vraiment compris le nom du truc). La seule boite du monde qui te refoule quand t’es trop propre…

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