Infarctus en Malley

Un Lausanne HC impérial qui montre qui est le patron sur la glace et un HC Ajoie laminé retrouvant ses vieux travers, voici le résumé sans prétention ni arrogance du septième et dernier match de la saison pour des Jurassiens limités. Le cœur a lâché, le patient HCA est cliniquement mort. Bip, bip, bip, biiiiiiiiip.

Ici c’est Lausanne !

Les Lausannois avaient pourtant tout fait pour donner une vraie chance au HC Ajoie de l’emporter cette saison : déclarations ridicules dans la presse, jeu inexistant à domicile, alignement complètement aléatoire de Van Boxmeer (et même durant cette partie, les blocs ont toujours été différents), même Tony Salmelainen est resté bien au chaud dans la ruine des Vernets. Malgré cela, les Jurassiens n’ont pas su saisir leur chance et rentrent brocouille à Pruntrutt. Ils sont en vacances, grand bien leur fasse.
Pour le public lausannois par contre, la soirée de vendredi a eu une saveur particulière. Malley avait fait le plein de ses intérimaires PO («héééé mais y sont 6 Ajoie !» en pénalité différée), les gradins garnis de plus de 8000 spectateurs, même le grand drapeau foule avec le tout vieux logo avait été sorti : une ambiance de feu pour les passionnés de hockey romands. Staudi et ses potes ne pouvaient se «prendre les pieds dans le tapis jurassien» une quatrième fois de suite à domicile. Et ils l’ont montré de brillante manière. 

Domination totale

Le premier tiers ne pouvait mieux commencer qu’avec une pénalité de Ruhnke ; Setzinger sur une passe du papy Fedulov se chargeait d’ouvrir la marque suite à un power-play incroyable. On sent que Boxy a travaillé cette phase de jeu à l’entraînement tant il n’avait plus rien à voir avec le ridicule vu durant les six dernières rencontres. Le seul couac de la soirée est arrivé à la 8e minute : alors que Stämpfli chauffait le banc d’infamie, le premier bloc lausannois se fit prendre en contre, le transparent Desmarais eu tout le loisir de contourner Leeger, puis de fusiller Mona à bout portant. Égalité. Et rageant. Ce couac fut rapidement oublié quatre minutes plus tard par une passe venue de nulle part du dieu Setzinger pour Tremblay à la limite du hors-jeu, ce qui redonnait l’avantage au futur champion. Puis Lausanne prenait le large à la 15e et à nouveau en power-play par Igor Fedulov bien placé sur la droite des buts de Rytz et dans un trou de souris. On notera quelques intrusions jurassiennes, mais un Mona impérial garda la maison lausannoise.
Durant le deuxième tiers – probablement le plus équilibré du match –, Paul Adey se dit qu’il devait mettre la deuxième vitesse s’il entendait prendre l’avantage. Ce fut fait par Barras sur une jolie triangulation avec Vauclair. Mais dans un match il y a très souvent un tournant. Ce fut à ce moment-là : moins de 34 secondes plus tard, Tremblay depuis l’arrière du but ajoulot, tira dans le dos de Ritz. Le puck rebondit sur sa jambière et finit au fond entre les guiboles ; une «rotoille» qui ramena Lausanne à nouveau à deux buts d’écart et le «momentum» repassa du côté vaudois. Ajoie ne s’en remettra jamais. Durant le troisième tiers, Conz (quel but !) puis Dommen («il est mauvais c’Dommen») firent prendre au résultat final une morphologie plus conforme à la domination totale des Lausannois. 

Les souris du petit bois

Certes, les Jurassiens n’ont pas démérité. Mais bon, la stratégie de jeu des Ajoulots (marquer un but en contre puis verrouiller le match) n’a rien à faire au-delà des quarts de finale. On attend largement plus d’un candidat au titre, d’autant plus quand on applique ce schéma de jeu lorsqu’on est mené au score. Bref, personne ne regrettera le HC Ajoie dans ces play-off, sauf peut-être son public qui a été bien présent vendredi ; il a même suivi la holà lancée par les fans lausannois en fin de match (malgré les sifflets de quelques idiots du vi(ll)rage ouest). On notera enfin l’excellent arbitrage de Monsieur Popovic qui ne s’est pas laissé abuser par les habituelles pitreries de Desmarais, Roy et Barras (morts sur la glace après une charge digne d’un moskito, puis fringant l’instant d’après en power-play).

Les hommes de Boxy se retrouveront donc au Kleinholz d’Olten, avec ses schnaps aux herbes, ses «Kaffee Fertig» et surtout son équipe difficile à manœuvrer. Durant la saison régulière, Lausanne ne s’est imposé qu’à une seule reprise sur les souris puissantes, pour quatre défaites… Qu’en sera-t-il pour ces demis ? Réponse dès dimanche. Nous y serons, et vous ?
Le mot de la fin revient à Sylvain Gilliéron, le sympathique chef des ultras de Lausanne : «tu vois Vince, certes on est parti à deux minutes de la fin dimanche, mais ce soir, on était là. Lausanne c’est un public de passionnés, tu ne peux pas l’expliquer». On ne peut pas lui donner tort et espérer que les 5000 intérimaires de vendredi n’oublieront pas le chemin de Malley durant cette série face aux Soleurois qui s’annonce à couteaux tirés.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Ajoie 6-2 (3-1 1-1 2-0)

Malley, 8491 spectateurs.
Arbitres : MM. Popovic ; Micheli et Tscherrig.
Buts : 5e Setzinger (Fedulov, Tremblay/5c4) 1-0, 8e Desmarais (S.Roy/4c5!) 1-1, 12e Tremblay (Setzinger, Stalder) 2-1, 15e Fedulov (Leeger/5c4) 3-1, 26e Barras (G.Vauclair, Tschuor) 3-2, 26e Tremblay (Setzinger) 4-2, 43e F.Conz (Alston, Reist) 5-2, 59e Dommen (Alston) 6-2.
Pénalités : 7 x 2′ contre Lausanne ; 9 x 2′ contre Ajoie.
Lausanne: Mona; O.Schäublin, O.Keller; J.Fischer, Stalder; Reist, Leeger; Chavaillaz, Kamerzin; St.Schnyder, Setzinger, Tremblay; Alston, F.Conz, Antonietti; Staudenmann, Hürlimann; Sigrist; Fedulov, Dommen, Frunz.
Ajoie: Rytz; Fey, Hauert; D’Urso, Hostettler; Orlando, Rauch; Gasser, Stämpfli; Barras, S.Roy, Desmarais; G.Vauclair, Tschuor, Tuffet; Pedretti, Ruhnke, Chabloz; Lüthi, Chételat, Posse.
Notes: Lausanne sans Augsburger (blessé), S.Fischer, Donati, Dostoinov (surnuméraires), ni Pecker (malade) ; Ajoie sans Bouchard, ni Boillat (surnuméraires). 15e, temps-mort pour Ajoie. 57e, Tremblay tire sur la transversale.

Écrit par Vincent Keller