Entretien avec Nicolas Helin (ES Malley)

CartonRouge.ch, toujours à la pointe de l’actualité du football régional, a eu le privilège de rencontrer la nouvelle terreur des défenses de 1ère ligue, l’attaquant de l’ES Malley Nicolas Helin. Le buteur, désormais auteur de 16 réussites (sur les 24 de Malley depuis Noël et en 12 matchs !), fait parler de lui comme rarement autour des terrains romands. Qui est donc vraiment ce buteur en série ? Rencontre à Vidy autour d’un café avec Nicolas Helin, 24 ans, arrivé en janvier d’Yzeure (CFA) pour le plus grand bonheur de Didier Mann et de Gabet Chapuisat !

Reprenons depuis le début pour analyser un peu mieux le «phénomène». Premier match officiel sous ses nouvelles couleurs, le 23 février face à Serrières. Match serré, pas beaucoup d’occasions de parts et d’autres jusqu’à la 92ème et le premier but de Nicolas pour l’ES Malley. Malley-Serrières 1-0. Ensuite ? On prend son souffle et on établit la liste ! Dans l’ordre, un but à la maison contre Guin (3-0), un autre à Echallens (0-1), trois contre Sion (5-1), deux à La Tour (1-2), trois face à UGS (3-3), un dans le temps additionnel à Nyon (2-2), deux contre Naters (2-3) et deux à Bex (0-3). 16 buts en 11 matchs (3 matchs sans buts, à Baulmes, à Bulle et récemment contre Fribourg), le compte est bon, et surtout une remontée spectaculaire au classement pour Malley, passé d’une position délicate dans la lutte contre la relégation à la 7ème place actuelle. Qui est Nicolas Helin, que pense-t-il de la Suisse, quel est son style de jeu, quelles sont ses qualités ? Réponses ici !Nicolas, ton intégration a l’air de plutôt bien se passer !
Ça va plutôt bien, je te remercie ! Je me sens bien ici, que ce soit sur le terrain ou en-dehors. Moi qui ai vécu longtemps à Clermont-Ferrand, je me sens bien à Lausanne, une ville pas trop grande mais très agréable et très belle, un peu comme Clermont. Et avec le lac, c’est vraiment sympa ici.
Peux-tu nous parler un peu de ton parcours ?
Bien sûr ! Je viens de l’Essonne, un peu au sud de Paris, et à l’âge de 14 ans je suis parti en Auvergne à Clermont-Ferrand y intégrer le sport-études du Clermont Foot, en D2 à l’époque. Je suis resté jusqu’à 20 ans à Clermont, ne rentrant chez moi que pendant les vacances, avant de partir à Yzeure (CFA) pour 3 saisons, entrecoupées d’un petit passage à Saint-Georges. Et, depuis 3 mois, je suis un heureux pensionnaire de l’ES Malley !

Tu as donc failli passer professionnel…
Oui, il y a peu d’élus et je n’en faisais pas partie ! L’entraîneur de l’époque ne jurait que par les grands gabarits, voulait des attaquants physiquement imposants… Tu n’as qu’à me regarder pour voir que c’était mal barré (rires) ! Bref, je suis parti à Yzeure, un club où je me suis tout de suite senti vraiment bien.
Et te voilà en Suisse pour une première expérience à l’étranger ! Que savais-tu de notre pays et de notre championnat ? T’étais-tu renseigné avant de partir ?
Ce que j’en connaissais ? Rien ! Didier Mann et Gabet Chapuisat m’ont été présentés par mon agent et le feeling est tout de suite passé. Je n’ai pas eu besoin de réfléchir mille ans et je ne regrette en aucun cas mon choix. J’ai tout fait pour m’intégrer, j’ai travaillé dur d’entrée, dès le premier entraînement. Je savais bien sûr que le club était en difficulté en championnat et avait besoin d’un buteur. Je ne voulais pas décevoir, j’ai augmenté les séances en salle de fitness cet hiver afin d’être prêt et pour l’instant ça se passe bien (rires). Il faut dire que les gars m’ont très bien accueilli, on fait des soirées ensemble, ils me font découvrir la Suisse et les «coutumes». Au début j’étais largué quand ils parlaient de Constantin, Cornu, Margairaz ou de Challenge League, mais maintenant c’est bon, j’ai compris, je m’intègre (rires) !
 
Justement, je sais que tu te plais ici à Malley, mais je crois avoir entendu que pas mal de clubs de Challenge League et même de Super League étaient déjà venus aux renseignements, est-ce correct ?
Je sais que Didier Mann, le président, a déjà reçu des téléphones, ça c’est clair. Tu sais, c’est un peu différent en Suisse et en France. En CFA ou en National, les clubs te contactent directement, ils se moquent pas mal de ton club. Ici, c’est plus respectueux, les présidents se connaissent bien, c’est un monde plus petit, les gens sont plus proches. Du coup, c’est surtout M. Mann qui me parle des gens qui le contactent et qui me suivent. Moi je fais mon boulot, c’est-à-dire marquer des buts et je veux me laisser le temps de faire le bon choix. Tu sais, j’ai vu tellement de joueurs échouer à l’échelon supérieur que j’ai vraiment envie de prendre la bonne décision.
Tu penses toutefois rester en Suisse romande ?
J’espère ! Je sais que des pays du Golfe sont venus aux renseignements, et pourquoi pas tenter l’aventure là-bas un peu plus tard, mais là, je me sens vraiment bien en Suisse et pour l’instant je suis à l’ES Malley et je donne tout ce que j’ai. Tu sais comment est le monde du foot, pour l’instant tout va bien, donc on vient aux renseignements, mais l’important est de ne pas agir sur un coup de tête et de faire le bon choix. Je parle beaucoup de mon avenir avec mon père et mon oncle, entre autres, et je sais qu’ils sont de bon conseil. Ce qui est sûr, c’est que je veux aller le plus haut possible. Je me concentre à fond sur le foot, j’arrive dans mes meilleures années et j’ai vraiment envie de «tout casser» !
Petite parenthèse, il y a récemment eu des débats parmi nos lecteurs sur la force du championnat suisse par rapport aux ligues amateurs françaises. De ton expérience, comment juges-tu la 1ère ligue ?
Bon, je dirais que les meilleures équipes, comme Nyon, Baulmes ou UGS joueraient en milieu de tableau en CFA. Je comparerais le reste à de bonnes ou de moins bonnes CFA 2. Le jeu est vraiment différent en Suisse et en France, tu sais, et c’est difficile de comparer.
Quand même, on voit des joueurs venus de CFA comme Johnny Slykowicz ou François Marque jouer en Super League chez nous…
Oui, mais à l’inverse, tu en vois aussi quelques-uns échouer. Il n’y a pas de règles. Oui, la formation est meilleure en France et il y a surtout beaucoup plus de joueurs, mais après c’est une question de personnalité, de caractère, de capacité d’adaptation et de chance. Tu peux exploser dans une catégorie et être un fantôme dans une autre. Regarde Chelsea : Drogba a la confiance de l’entraîneur, il cartonne et sur le banc, tu as Chevtchenko qui marquait but sur but à l’AC Milan et qui a perdu toute confiance. C’est aussi une question d’opportunité et de chance, il faut en être conscient. Ta chance peut venir à toute heure, il faut être prêt pour la saisir.

Un vrai discours d’attaquant !
Oui ! Le talent est une chose, mais il faut être à la bonne place au bon moment. Mon modèle d’attaquant, c’est Pauleta. Regarde le match contre Carquefou, le PSG ne trouve pas la faille. Pauleta rentre sur le terrain et 5 minutes plus tard c’est au fond. Pauleta, c’est la classe. Jamais de retourné acrobatique, de frappes de 25 mètres dans la toile et jamais de mise en avant à la Djibril Cissé, mais la régularité, année après année. En tant qu’attaquant, je peux te dire que c’est ça le plus difficile, marquer, toujours marquer, garder la confiance. Pauleta, que l’équipe soit en haut ou en bas, il marque et ça c’est très fort. En plus, il est très humble, il ne manque jamais une occasion de remercier ses coéquipiers ou les supporters. La classe.
Si je dis que tes principales qualités sur un terrain sont la vitesse, la technique et le sens du but, tu es d’accord ?
Je n’aime pas trop parler de moi, mais disons que ce n’est pas trop loin de la vérité ! Je ne suis pas grand ou athlétique (1m70 pour 66 kg), donc je dois miser sur autre chose. A Yzeure, je jouais soit sur un côté, soit en pointe avec Thomas Deniaud ou Stéphane Dief, deux joueurs au profil bien plus athlétique que moi, cela me convenait plutôt bien.
Je vais te demander de mettre de côté ta modestie un instant, pardonne-moi d’avance. Ton plus beau but cette saison ?
Mmmmh, celui contre Nyon peut-être ! Il nous permet de ramener un point à la 92ème et c’est un joli petit lob. Le gardien Grégory Mathey m’a avoué qu’il s’attendait à tout sauf à ça ! Sinon, le premier contre UGS était pas mal (contrôle de la poitrine et frappe enchaînée dans la lucarne), un peu comme celui inscrit face à Guin.
Et sinon, y a-t-il un défenseur qui t’a particulièrement impressionné pour l’instant ?
Marcello Corcetto et Guillaume Katz, les deux défenseurs centraux de l’ES Malley, je n’aimerais vraiment pas jouer contre eux ! Les deux sont assez rudes et très susceptibles, ils n’aiment pas les petits ponts et ont tendance à se venger, ce qui ne les empêche pas de subir un autre petit pont un peu plus tard, hein Guillaume ? Je rigole… Sinon, pour parler encore un peu de mes coéquipiers, il y a vraiment de la qualité dans ce groupe, je leur demande souvent pourquoi ils étaient si mal classés à Noël, j’ai de la peine à comprendre. En tout cas, maintenant je crois qu’on a trouvé le bon dosage entre le beau jeu et l’efficacité et je me réjouis de la suite. En plus, les jeunes sont à l’écoute et ne demandent qu’à progresser. Regarde Dren Basha ou Dady Mayila, pour ne citer qu’eux, ils ont tout pour devenir de très bons joueurs de 1ère ligue, une bonne technique de base et une bonne mentalité.

Pour finir, franchement, toi qui le découvres depuis quelques semaines, il est invivable Gabet, non ?
Non ! C’est un passionné de football, un vrai personnage, il vit ses matchs et j’aime ça. Il a été international suisse, a entraîné en première division. La personne qu’il est et ce qu’il dit forcent le respect. Il dit ce qu’il pense, il ne se cache pas et il a peut-être une mauvaise réputation à cause de cela, mais je peux t’assurer que c’est une personne très agréable et qu’il ne faut pas s’arrêter aux apparences. Gabet est très proche de ses joueurs et en ce qui me concerne, il m’a très bien accueilli, m’a fait me sentir bien tout de suite et je lui en suis très reconnaissant.
Nicolas, merci pour cet entretien, je te souhaite tout le meilleur pour la suite et pourquoi pas terminer meilleur buteur de 1ère ligue avant de découvrir une catégorie supérieure, toi qui n’es qu’à 6 petits buts de Lucien Dénervaud (Bulle) ?
Merci à toi, je vais tout faire pour y parvenir mais ça va être dur !

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10 Commentaires

  1. Bravo Hélin pour la saison que tu es en train deffectuer! Je suis sûr que si tu aurais été là depuis le début du championnat, on aurait sûrement été mieu classé et tu aurais été largement 1er au classement des buteurs…

    Un de tes coèquipiers!!!

  2. Superbe interview, cest autre chose que la presse, bravo Cartonrouge! Jai vu Malley cette année, cest vrai que Hélin est impressionnant. Il a lair davoir la tete sur les epaules avec cette interview, je me rejouis de le voir jouer plus haut il a beaucoup de talent cest vrai.

  3. Je préfère ne pas répondre a ces provocations… haha Mais je dépose protêt pour le goal de Nyon, à la 94ème qui n’avait pas franchi la ligne de but avant que je marque… donc c’est bien 15 goal en 12 ce qui est nettement moins bien, voir mauvais !!! haha

    Mis a par ca merci quand même pour tt ces goals, ils ont été utiles…

  4. Si si , c bien hélin qui a marqué à Nyon désolé Mr Katz!!!! un but magnifique du gauche en lob sous la barre après une jolie percée dans la défense…..tu fais une saison excellente quand même Katz, tu as tenu la baraque avec corcetto!!!

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