La Pontaise, forteresse imprenable

Après une première mi-temps affligeante, le Lausanne-Sport a eu une timide réaction d’orgueil après la pause. C’était insuffisant pour éviter une nouvelle déconvenue à la Pontaise. Où le LS n’a plus gagné depuis le 6 décembre 2008.

On pensait que le Lausanne-Sport avait touché le fond il y a deux semaines contre Servette mais les Lausannois ont réussi à creuser encore plus profond lors de la première mi-temps contre Concordia Bâle. Aucune passe qui n’arrivait à destination, des contrôles qui partaient à cinq mètres du joueur, aucun mouvement sans ballon, jamais de solution pour le porteur du cuir, pas d’envie, pas de duels gagnés, il n’y a rien à retenir de positif des quarante-cinq premières minutes du LS. Le «jeu» lausannois s’est limité à de longues balles pour rendre le ballon à l’adversaire ou l’envoyer en touche. On espérait pourtant qu’après le bon match nul contre Lugano et la victoire à Nyon, les Lausannois parviendraient enfin à allier la victoire et la manière devant leur public, c’est tout le contraire qui s’est produit.

0-3 logique

Pourtant, Concordia Bâle n’avait rien d’un foudre de guerre. Contrairement à certaines équipes vues à la Pontaise ce 2e tour, c’était même un adversaire plutôt sympathique qui ne multipliait pas les actes d’antijeu et n’avait pas érigé de bunker devant son but. Situés dans la même zone que le LS au classement, soit en n’ayant plus rien à perdre ni à gagner, les Bâlois s’étaient déplacés en terre vaudoise, non pour y jouer leur survie, mais simplement avec l’envie de se faire plaisir et de jouer au foot. Ce qui faisait manifestement défaut au LS. Un lob plein de sang-froid de ce vieux renard de Rainer Bieli (en position toutefois très suspecte), une frappe pleine lucarne du Nord-Coréen Kuk Jin Kim, nullement inquiété par un joueur adverse, et une triangulation Bieli-Kim-Schürpf au milieu d’une défense amorphe avaient logiquement donné trois longueurs d’avance aux Bâlois à la pause. Le tout sans la moindre velléité de révolte lausannoise, si l’on excepte un tir de Boughanem sur le poteau (45e).

Timide réaction

Le LS ne pouvait décemment pas fournir une deuxième période d’aussi piètre facture, sous peine de définitivement faire fuir les 500 derniers fidèles de la Pontaise. Réaction il y a donc eu grâce à deux réussites en moins de dix minutes  d’Alexandre Pasche, l’un des rares Lausannois qui a donné l’impression d’être vraiment concerné : la première, magnifique, après une belle ouverture de Boughanem, la seconde, opportuniste, après un premier essai contré de Drago. Il restait alors une demi-heure à jouer mais jamais le LS n’a donné l’impression de pouvoir égaliser. Même s’il y a eu davantage d’envie en deuxième mi-temps, il est difficile de revenir totalement dans un match entamé avec aussi peu de détermination. Il a fallu attendre la 91e pour voir une dernière occasion vaudoise avec une tête de Malacarne bloquée par le portier Grasseler. Que le LS ait été obligé de faire monter l’arrière central Malacarne en position de centre-avant pour dévier de longs ballons montre bien l’incapacité vaudoise à s’approcher du but adverse sur une action de jeu. C’est donc en toute logique que Concordia a pu préserver son succès, puisque l’on était plus proche du 2-4 que du 3-3 (avec notamment une tête de Bieli sur la latte).

Et maintenant ?

On peine à comprendre ces performances en dent de scie du LS. On ne sait pas trop de quoi sera faite la saison prochaine : avec quels dirigeants ? quel entraîneur ? quels joueurs ? quelles ambitions ? Mais il me semble qu’il aurait été dans l’intérêt de tous de bien finir cette saison pour montrer qu’il y avait une base sur laquelle construire le futur plutôt que de devoir une nouvelle fois repartir de zéro. Il faut croire que tous n’ont pas la même opinion. Il reste encore deux matchs à domicile aux Lausannois (Chaux-de-Fonds et Yverdon) pour tenter d’obtenir enfin une victoire en 2009 à la Pontaise, qui semble être devenue une forteresse imprenable pour… le LS. Mais auparavant, il y aura le déplacement de St. Gall samedi prochain. Plus de 10’000 spectateurs, une ambiance festive et bruyante, une affiche qui donne encore, onze ans après, des frissons à tout supporter lausannois qui se respecte, on espère que cela suffira à motiver les troupes. Parce que si c’est pour entamer le match de la même manière que contre Concordia, autant ne pas y aller, une défaite par forfait serait plus avantageuse pour le goal-average.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – Concordia Bâle 2-3 (0-3)

Pontaise, 1050 spectateurs (?).
Arbitres : M. Laperrière, assisté de MM. Salerno et Romano.
Buts : 12e Bieli (0-1), 27e Kim (0-2), 37e Schürpf (0-3), 53e Pasche (1-3), 62e Pasche (2-3).
Lausanne : Debonnaire ; Barroso, Malacarne, Diogo, Sonnerat ; Pimenta (57e Drago), Marazzi, Bilibani (46e Basha), Pasche ; Boughanem (78e Mobulu), Hélin.
Concordia : Grasseler ; Maric, Baumann, Schweizer, Demiri ; Pak (61e Mathys), Thüring, Ferreira (65e Ritter), Schürpf ; Kim (84e Gündüz), Bieli.
Cartons jaunes : 61e Pasche, 71e Baumann.
Notes : Lausanne sans Rey, Mauro, Favre, Buntschu ni Balthazar (blessés) ; Concordia sans Muff (suspendu), Gavric, Morello ni Da Costa (blessés).

Écrit par Julien Mouquin