À quelques jeux près, Roland Garros aurait pu tourner à la farce : Rafael Nadal battu au premier tour et Sharapova au deuxième. Mais les éléments se déchaînent chez les femmes, où plusieurs favorites ont disparu avant même le quatrième tour. Quant à Patty Schnyder, elle a sans surprise annoncé sa «retraite» professionnelle.
La première semaine se termine et les langues se délient. Quelques favoris sont passés à la trappe, sombrant dans les abîmes de la terre, battus par leurs vieux démons ou par l’absence d’une préparation idoine. On pense à Kim Clijsters, dont la prestation eut tout de la mauvaise plaisanterie ; un début de match solide, puis l’effondrement, inexplicable et inexorable. La conférence de presse n’était d’ailleurs que le reflet de ce match décousu et horrible. Le regard hagard, Kim apparaissait hébétée et décontenancée par sa propre prestation.On pense aussi à Thomas Berdych, étrillé par un préretraité français de 31 ans. On en viendrait presque à lui proposer à lui aussi une retraite anticipée, tant sa présence et sa personnalité abjecte nuisent au tennis. On peut tout aussi bien évoquer Samantha Stosur, finaliste de l’édition 2010, battue par Gisela Dulko. Mais on retiendra surtout le match le plus immonde de cette cuvée 2011, celui perdu par Wozniacki, «numéro 1 mondiale à la WTA», battue sur la marque de 6-1 6-3 par Daniela Hantuchova. Tenez-vous bien, Caroline Wozniacki touchera la coquette somme de 42’000 euros pour deux matchs gagnés et seulement six sets joués. De plus, elle est assurée de rester au sommet de la hiérarchie. Alors, à quand un «salaire au mérite» ? À titre de dédommagement, je suggérerais que toute joueuse marquant moins de huit jeux dans un match en deux sets reverse son prize-money à une œuvre de bienfaisance. Ainsi pourrait-on sauver des milliers d’enfants de par le monde !
Les favoris en porte-à-faux
Maria Sharapova, dont on annonce la victoire cette année, a bien failli sombrer dès le deuxième tour. La faute à une jeune Française audacieuse – qui ne le restera sans doute pas, comme toutes ces filles après leur puberté – qui s’était mis en tête de créer la sensation. Ce n’est que sur la fin du match que le bras de la malheureuse s’est quelque peu crispé et que Maria s’est envolé : 11 jeux marqués d’affilée !
Chez les hommes, c’est Rafael Nadal qui a inquiété son monde. Peu en jambes et distillant un tennis douteux lors des deux premiers tours, il a été à la limite des cinq sets contre John Isner, le géant américain. Contre son compatriote Andujar, ce fut là aussi très laborieux, puisqu’il lui a fallu plus de trois heures pour tuer un match qu’il aurait liquidé en moitié moins de temps normalement. Et pour la première fois à Roland Garros, Nadal se présentera en deuxième semaine en ayant déjà puisé dans ses réserves. Ceci peut-il changer la donne ?
Le duel suisse
Comme l’an dernier, il y a eu un derby helvétique à la Porte d’Auteuil. Et comme en 2010, c’est le Maître qui a pris le dessus sur l’élève. Trois sets bien maîtrisés par le Bâlois qui arrive en deuxième semaine en pleine forme, après quatre tours des plus tranquilles. De son côté, Stan peut tout de même garder le sourire en repensant à sa magnifique victoire de vendredi face à Tsonga. Battre un joueur français sur le Central de Roland Garros, qui plus est après avoir été mené deux sets à rien, est toujours jouissif.
Patty dit stop
Patty Schnyder, 32 ans, met un terme à sa longue carrière. Même si elle a longtemps joué les seconds couteaux, la Bâloise peut être fière d’une carrière riche de 11 titres WTA. Elle aura battu les meilleures joueuses du monde, mais elle aura également perdu des parties largement à sa portée. Et comme le soulignent certains observateurs, sans son lymphatisme emprunt de naïveté, elle aurait pu s’offrir une carrière à la hauteur de son talentueux bras gauche.
Écrit par Jérôme Nicole
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