Disons-le d’emblée: on ne va pas bouder son plaisir. Les Diables rouges sont les premiers européens (si on excepte la Russie en sa qualité d’organisatrice) à se qualifier pour la prochaine coupe du monde. Exsultate! Jubilate! La vérité mathématique parle en notre faveur. Même les Chleuhs ne pouvaient pas faire valoir les mêmes arguments. Après huit rencontres, les Belges totalisent sept victoires, un nul, trente-cinq buts pour et trois contre. C’est plus en lettres qu’en chiffres, mais c’est plus éloquent. Sur le papier, c’est absolument brillant. C’est incontestable.
Oui, mais. Mais. Ils ont dégagé qui, les Belges? La Bosnie, la Grèce, Chypre, l’Estonie et Gibraltar. Que des cadors, quoi. Reconnaissons-le honnêtement, les hommes de Martinez avaient hérité d’un tirage facile et personne sur Terre ne leur aurait pardonné de ne pas tirer leur épingle du jeu. Avec tout le respect dû à n’importe quel footballeur qui monte sur un terrain, si les Belges n’avaient pas copieusement dégommé les Estoniens et les amateurs de Gibraltar – il ne manquait qu’un garagiste-pompier-instituteur maternel-pharmacien de garde pour compléter l’effectif, et encore, il avait un repas de communion à préparer –, on n’y aurait rien compris.
Alors, c’est vrai, les Diables ont vraiment séduit contre la Bosnie. Mais quelles limites ont-ils montrées face à la Grèce, tant à Bruxelles qu’à Athènes ! En fait, les mêmes limites que celles affichées auparavant dès qu’ils affrontent une équipe capable de fermer le jeu (remember le quart de finale face à l’Argentine en 2014 ?). Et à ce compte-là, les deux matches contre la Grèce faisaient figure de vrai tests. Des bornés, ces Grecs! Que du jeu latéral, que de l’attentisme, que des passes en arrière. Et qu’a-t-on vu? Des Diables empruntés, peu inspirés, incapables de faire sauter le verrou autrement que sur une action individuelle ou sous l’impulsion d’un Eden Hazard pourtant diminué.
Malgré tout le talent des De Bruyne (passeur hors pair dès qu’il a 30 cm de liberté, mais qui a besoin qu’on lui crée des fameux 30 cm), Nainggolan (mon punk à chien favori, écarté du groupe par Martinez pour anticonformisme affiché), Witsel (dont j’aimerais qu’il lui pousse trois neurones – bordel ! Pourquoi un tacle assassin face à Gibraltar quand le score est de 5-0 à 5 minutes du repos?), Fellaini (le plus sous-estimé de tous, mais un pion majeur), Courtois (qui ne peut pas tout arrêter chaque fois) et j’en passe forcément, je ne vois pas les Diables franchir le cap des quarts de finale en Russie. Ils ne se croient pas plus beaux qu’ils ne sont, la question n’est pas là. Mais ils ont du mal à arracher un résultat quand ils tombent sur des mecs malins. C’est triste, mais c’est comme ça.
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