Et Morata

Le 22 juin 2008, une Roja dont le jeu chatoyant émeut l’Europe entière met fin à 88 ans de disette en match officiel face aux clavophiles transalpins et enchaîne avec deux Euros et une Coupe du monde en 4 ans alors qu’elle n’avait plus passé les quarts depuis le paléoprotérozoïque (au moins). Un retentissant 4-0 en finale de l’Euro 2012 vient même parachever l’œuvre des Ibères. Près d’une décennie plus tard, tout s’est à nouveau inversé. L’Italie n’engage plus de serruriers, elle joue, elle (re)gagne, elle est même favorite du duel qui nous occupe. L’Espagne, elle, rivalise avec le Mats Wilander de la grande époque dans son travail de sape du moral des offensives adverses autant que de celui des spectateurs. C’est donc peu dire qu’on se réjouissait de voir qui allait imposer sa vérité.

Le match en deux mots

Alvaro Morata.

Le gars est haï par toute l’Espagne depuis un moment en général et depuis le début de l’Euro en particulier. Au Real on ne l’a pas trouvé si bon que ça donc on l’a vendu à la Juve, à l’Atlético on ne l’a pas trouvé terrible donc on l’a prêté à la Juve, et au Barça… ben on l’aime pas parce qu’il a joué pour les deux clubs madrilènes (mais on était prêt à le céder à la Juve le cas échéant).

Le fameux « Xhaka », danse destinée à impressionner l’adversaire.

Après avoir encaissé une véritable shitstorm sur les réseaux sociaux à cause d’un début de tournoi raté, notre ami Alvaro a serré les dents, marqué un but qui aurait pu tout changer et… raté le tir au but décisif. Turin risque de rester plus hospitalier que Madrid pendant un moment.

L’homme du match

Malgré son penalty manqué, on a quand même envie de dire Dani Olmo, au moins pour le nombre d’occurrences de son nom à l’antenne de la RTS, dont tous les consultants étaient littéralement obsédés par la résolution du « problème Olmo ». Olmo, créateur d’espaces. Olmo Faber, en d’autres termes.

Même s’il n’a pas l’œil de Pedri, sa passe pour Morata pour l’égalisation à la 80ème était un très grand cru.

La buse du match

Le supporter italien qui a clairement regardé le match dans sa voiture pour être sûr d’être le premier sur la route après la victoire. De mémoire de Lausannois, on n’avait encore jamais vu un enchaînement tir au but gagnant – Rue de Genève tous klaxons hurlants dans un laps de temps aussi court.  

Le tournant du match

Federico Chiesa défonce Laporte et ouvre le score (60ème).

En fait pas du tout, mais ça aurait été trop bête de clore cet article sans faire un seul jeu de mots douteux au sujet de ce battant dont on dit que la sortie du cadre français fait encore grincer des dents en Hexagone.

L’esthète du match

Johan Djourou et son habit de lumière.

On n’avait pas fait mieux depuis David Hasselhoff à Berlin en 1989. Un mur en était tombé à l’époque. 

Le geste pourri du match

A la 65ème minute, Mikel Oyarzabal rate le ballon de la tête tout seul aux 5 mètres. Même sur un assist de Koke, n’est pas Maradona qui veut.

Le chiffre à la con

Philippe Von Burg avait drôlement révisé pour meubler cette section très prisée. Comme on ne savait pas quoi choisir, on vous les met tous.

  • 17 joueurs espagnols sur 24 étaient sans expérience à ce niveau
  • les arrières centraux italiens totalisaient 70 ans et 219 sélections à eux deux (ça s’est vu sur le but de Morata…) 
  • du côté espagnol, c’était 47 ans et 18 sélections
  • 0,06% des garçons italiens se prénomment Gianluigi (ça risque de changer dans 9 mois à compter de cette nuit)

L’anecdote

Figurez-vous qu’après avoir passé le trio arbitral sous la Lupp, on a remarqué qu’il était fait de Brych et de Brosch.

La rubrique de Raph : et si ce match était un épisode de Friends ? 

« The One With The Blackout ».

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Panne d’électricité générale à New York. Chandler est bloqué dans le vestibule d’un bancomat avec un mannequin de Victoria’s Secret (oh non, le pauvre !) et Rachel fait la connaissance plutôt rapprochée de Paolo, le voisin italien qui ne parle pas un mot de la langue de Clint Dempsey et qui déplaît fortement à Ross, puisque ce dernier s’apprêtait à tenter sa chance (OK, de très loin et fortement excentré, mais quand même) avec Rachel.

Tous les ingrédients de notre match sont là: un black-out de Oyarzabal, des occasions manquées de part et d’autre et un Italien qui vient gâcher la fête (ou emporter la mise, c’est selon).

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Gros plan sur les accolades entre Italiens et Espagnols en fin de match.

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Pour l’anecdote, vous savez maintenant que le terme « friend zone », utilisé pour la première fois dans cet épisode, a été inventé le 3 novembre 1994. On compte sur vous pour briller en soirée à nos frais.

Et si le match avait eu lieu en 2020 ?

Les villes de Bruxelles, Bilbao (en lieu et place de Séville) et Dublin auraient fait partie de l’équation. Et ça n’aurait rien changé du tout.

« Les 4 demi-finalistes de l’Euro ont tous joué la première phase à la maison, sans voyages. Est-ce un hasard ? » JE NE CROIS PAS.

Bref, si on commence à se pencher sur toutes les incohérences politico-économico-climatico-sanitaires de cet Euro, on est encore là demain. Et comme on tape ce ramassis d’âneries à une main dont 4 doigts se sont déjà saisis de Dafalgan préventif pour cause de deuxième dose de Moderna, on n’a pas ce luxe.

Oui, comme les joueurs en conférence de presse, on a un pouvoir de vie ou de mort sur les actions en bourse des produits que l’on place dans nos articles consommés par des millions de lecteurs.

La minute Pierre-Alain Dupuis

Y a du matos.

Pablo Iglesias, que l’on écoute toujours religieusement, était vraiment touché par la grâce aux alentours de 23h le samedi 3 juillet dernier, alors que la messe était dite entre l’Angleterre et l’Ukraine. Juste après avoir qualifié l’équipe aux trois fauves chevelus de Formule 1 devant évoluer dans un chemin forestier, notre apôtre du beau jeu n’hésitait pas à ajouter que les Italiens étaient jadis « les rois du catenaccio, donc défensivement c’était mieux que chez Hornbach, tout était fermé, tout était vissé. » De là à partir en roue libre… 

Retour au 6 juillet. Stefan Renna a lui aussi mérité sa place dans cette rubrique lorsqu’il a déclaré avoir vécu la présence d’un escalator à Wembley comme une entrée dans le monde de Narnia. Chacun ses fantasmes.

Et soudain est survenue la 32ème minute, moment choisi par Von Burg pour déclarer innocemment « on ne peut pas dire que le ballon dort », peu après avoir mentionné la relation de Laporte avec son gardien. Avoue, Philippe, c’était un pari.

La rétrospective du prochain match

Non. Il n’y a plus de prochain match depuis le 2 juillet à 20h41.

Oui, la police d’écriture jaune sur fond jaune, c’est pas loin du génie.

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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1 Commentaire

  1. Selon certains, cette Espagne n’a pas fait de tiki taka. Voyons les stats: 833 passes pour 4 tirs cadrés, soit 208 passes pour 1 tir cadré. Les italiens: 77 passes pour 1 tir cadré. C’est pas du tiki taka, c’est pire!! Merci l’Italie de nous éviter une finale de passes.

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